L’Aïd al-Adhaou l’Aïd el-Kebir, « la grande fête »,est la plus importante des fêtes musulmanes. Tout le monde aime se sentir beau ou belle, vieux, adultes tout comme enfants. C’est pourquoi, à l’approche de ces réjouissances, nombre de gens font plusieurs passages chez leur couturier. De longues files d’attente de clientes ou de clientes se forment chez certains tailleurs pour voir l’état d’avancement de leurs habits avant la fête.
Nous sommes dans l’atelier de couture de Ousmane Traoré à Hamdallaye. Ici règne un véritable désordre. Des pagnes et morceaux de tissus sont éparpillés. Le maître des lieux Ousmane peine à se concentrer sur son travail. Des clientes ont envahi son atelier. Certaines le supplient de prendre leurs tissus, pendant que d’autres se plaignent du retard accusé dans la confection de leurs habits. Salimata Waigalo, cliente d’Ousmane Traoré, se plaint de lui. Elle déplore qu’Ousmane n’honore pas ses engagements avec elle bien qu’elle soit une cliente fidèle. « Depuis le début du mois de juillet, j’ai apporté mes pagnes dans l’espoir de les avoir cousus avant la fête. Mais chaque fois qu’il me donne rendez vous, il ne le respecte pas. Il sait très bien coudre les habits, c’est pourquoi, je ne l’ai pas encore abandonné », explique-t-elle l’air déçu
« Etè Mogoyè » en français, (Tu n’es pas humain), dixit une jeune maman d’une trentaine d’année, Kadidia Fofana. Elle révèle qu’elle vient chaque année très tôt avec les tissus de ses enfants à coudre. « Cette année, je n’ai pas eu d’argent à temps pour acheter les tissus et les donner à coudre, raison pour laquelle le jeune Ousmane refuse de prendre mes habits à coudre », se plaint-elle. Elle pense que « ce n’est pas normal entre tailleur et clients, encore moins pour des habits des enfants qui verront leurs amis dans des vêtements tout neufs le jour de la fête ».
Pour se justifier, Ousmane explique qu’il commence à coudre depuis le matin de 8h jusqu’à 00h du soir. En ce moment précis, à l’approche de la fête, il passe des nuits à travailler. « Les gens attendent jusqu’à la veille de la fête pour apporter les habits. C’est ce qui fait fausser beaucoup de rendez-vous lors des fêtes. Sinon ce n’est pas mon souhait de donner des faux rendez-vous à mes clientes, à plus forte raison celles de longue date. Je couds les habits par ordre d’arrivée. Il ya une liste où j’enregistre la date de dépôt de chaque habit», a-t-il expliqué les traits tirés.
Si dans l’atelier du jeune Traoré, la tension est à son comble, il n’en est pas de même chez Mourtallah, couturier à Missira. Devant son atelier, des voitures et motos sont garées un peu partout. Une réceptionniste, à l’accueil, reçoit les différents clients qui viennent chercher leurs habits. Elle vérifie avec soin les reçus, à tour de rôle. Ici, tout se passe dans l’ordre. Aucun client ne se plaint, à plus forte raison proférer des injures aux couturiers. Assan Diabaté âgée de 45 ans nous explique : « Je suis cliente fidèle depuis que j’ai l’âge de 15 ans. Les habits cousus sont tout à fait hauteur de souhait, car ils travaillent bien et de la manière dont je leur demande. Ils respectent les rendez-vous. Je ne peux rien reprocher à cet atelier », a-t-elle dit avec un léger sourire.
Par ailleurs, le tailleur sénégalais explique que pour ne pas abuser de la confiance de ses clients et pour que chaque client retrouve ses vêtements, il a institué une période pour prendre les commandes et un moment de clôture afin d’éviter d’être trop chargé.
FC/MD
Source: AMAP