Entré en vigueur à partir de 2008, il harmonise le cursus universitaire autour de la licence, du master et du doctorat. Chaque niveau l’étudiant à une profession ou à la poursuite des études
Par définition, la reforme Licence-Master-Doctorat (LMD) est l’organisation de l’enseignement supérieur dans la préparation et la délivrance des diplômes. Elle harmonise le cursus universitaire autour de trois diplômes correspondant à trois niveaux de formation ou diplômes. Le 1er diplôme est la licence correspondant au niveau 1. Le 2ème est le Master ou niveau 2. Le 3ème et dernier diplôme est le Doctorat correspondant au niveau 3.
Chaque niveau de formation doit préparer l’étudiant à une profession ou lui permettre la poursuite des études vers un niveau supérieur. Outre l’organisation de l’enseignement supérieur, le LMD favorise aussi la mobilité des étudiants sur la base du système de crédit. Les activités de formation sont découpées en semestres (6 mois) et non plus en années. Ainsi un étudiant malien peut commencer sa licence à Bamako pour la terminer à Lagos. Un semestre est validé si l’apprenant totalise 30 crédits. Un crédit correspond à 20 heures de charge de travail de l’apprenant au Mali.
Les crédits obtenus sont capitalisables et transférables d’une formation à une autre et d’une université à une autre. Le LMD accroît la mobilité des étudiants et encourage leur autonomisation et professionnalisation. Celles-ci visent à faire acquérir des compétences par les apprenants et à faciliter l’insertion professionnelle des diplômés basée sur la reconnaissance mutuelle et de qualité. Le LMD fait apprécier surtout le travail personnel de l’étudiant (TPE). Les grands traits et les directives lui sont fournis par son professeur. Une certaine souplesse lui est permise dans la gestion de son cursus universitaire. L’étudiant exécute 52 heures de travail contre 48 avec l’enseignant. Avec la reforme LMD, l’étudiant devient donc l’acteur principal de sa propre formation en y participant activement. L’enseignant devient donc un facilitateur. La reforme LMD a été instituée dans notre pays en 2008 par un décret présidentiel. La Faculté des sciences et techniques (FST) a été la 1ère structure universitaire à l’appliquer lors de la rentrée universitaire 2007-2008.
Cette faculté a été suivie de l’Institut universitaire de gestion (IUG) en 2009. Les autres structures ont amorcé leur mutation dans la reforme LMD. Avec la reforme LMD, explique le vice-recteur de l’Université des sciences, des techniques et des technologies de Bamako (USTTB), le Pr Ouaténi Diallo, les cours magistraux, les travaux dirigés (TD), les travaux pratiques (TP) et les travaux de terrain, jusqu’aux évaluations et à la proclamation des résultats définitifs, se font par semestre (soit 14 à 16 semaines de travail effectif). Ainsi pour qu’un étudiant ou un nouveau bachelier obtienne son diplôme, il doit valider tous les semestres.
Il estime qu’il y avait une harmonisation des diplômes dans le système LMD qui respecte la spécificité de chaque pays, voire de chaque région. Cette harmonisation facilite la lisibilité des diplômes et doit mettre fin aux différentes interprétations souvent erronées des diplômes. La Licence se prépare en 6 semestres, le Master en 4 semestres et le Doctorat en 6 semestres, explique le vice-recteur de l’USTTB. Si elle est bien appliquée, la reforme LMD permet de faire un suivi rapproché et personnalisé des étudiants et facilite leur réussite, soutient le Pr Ouaténi Diallo qui ajoute que le LMD est un système flexible car il est basé sur la logique du parcours. Il permet à l’étudiant de choisir librement lui-même son propre parcours en fonction de son projet professionnel. La charge de travail à exécuter dans le semestre est de 600 heures. Le système LMD ne rime donc pas avec les grèves intempestives. Chaque heure de travail perdue est rattrapée quelle qu’en soit la raison ou la durée de l’heure. Le Pr Ouaténi Diallo a donc souhaité que les enseignants, les professionnels, les étudiants et les parents d’élèves soient impliqués dans les activités de formation au sein des universités.
Flexibilité. Selon le recteur de l’Université des lettres et des sciences Humaines de Bamako (ULSHB) le Pr Macki Samaké, la reforme LMD a été introduite dans le département linguistique et des sciences du langage de l’ULSHB depuis l’année universitaire 2011-2012. Outre les étudiants, le LMD est un changement total de comportement chez les enseignants. Un étudiant peut de la 1ère année (semestres 1 et 2) à la 2ème année (semestres 3 et 4) passer sans payer ses dettes. Il ne redouble pas car il a tout le temps pour valider ses matières, rassure le recteur de l’ULSHB pour qui la validation à vie des enseignements, la facilitation de la mobilité des enseignants, des étudiants, donne la possibilité à l’étudiant de poursuivre ses études dans n’importe quel pays, la répartition du temps d’études entre l’enseignant et son étudiant, la reconnaissance internationale du diplôme de l’étudiant sont les avantages du LMD.
Le Pr Macki Samaké rappelle qu’un atelier initié par le rectorat de l’ULSHB en partenariat avec la coopération française s’est tenu juillet dernier à l’intention des enseignants pour finaliser l’élaboration des offres de formation en mode LMD. Il cite comme difficultés le manque d’équipement des services de scolarité, des bibliothèques et de formation des secrétaires, des bibliothécaires, le problème d’attribution des bourses, le difficile choix pour les étudiants de leurs profils.
L’application du LMD n’est pas sans problème aussi dans la gestion des bourses des étudiants. « Depuis l’introduction du LMD en 2007 à l’enseignement supérieur, il n’y a pas eu officiellement de critères d’attribution des bourses. Dès lors, le Centre national des œuvres universitaires (CENOU) a entamé des réflexions sur à l’adaptation du LMD aux critères d’attribution des bourses estudiantines. Des séries de rencontres ont eu lieu avec les facultés pionnières, la FST et l’IUG. Le CENOU propose donc une relecture des textes portant règlementation des bourses pour se conformer au LMD », soulignent Mme Dembélé Sylvie Kéïta et Mohamed Attaher Hamza, respectivement chefs de service des allocations financières et de division vérification des états de paiement des allocations financières au CENOU. Ils ajoutent que l’organisation tardive, l’inadéquation des résultats des examens universitaires avec les exercices budgétaires, le chevauchement des années universitaires, sont des difficultés provoquées par le système LMD. D’après le critère adopté par le CENOU pour l’attribution des bourses, quand un étudiant passe de la 1ère à la 2ème année avec des crédits, s’il était demi boursier, il le restera. S’il avait la bourse entière, il perd la moitié. L’étudiant qui valide tous les semestres obtient la bourse entière.
Jérémie Dakouo, étudiant en 3ème année à la Faculté des sciences économiques et de gestion (FSEG), se réjouit de l’introduction du LMD dans notre système éducatif. Il souhaite que les autorités politiques et universitaires s’impliquent davantage pour la bonne marche de la reforme LMD dans nos universités. « Si un étudiant fait lui-même des recherches, ça lui permet d’avoir l’esprit d’analyse et critique. L’étudiant découvre et comprend beaucoup plus de choses que lorsque l’enseignant lui dicte textuellement le cours. Avec le LMD nos lacunes seront comblées. Mais pour le réussir, il faut que les bibliothèques, les structures universitaires soient bien fournies en documents et connectées à l’Internet », estime Kadidia Diepkilé, étudiante en 2ème année à la Faculté de médecine et odontostomatologie (FMOS).
S. Y WAGUE
Source : Essor