Le Mali venait de connaître son premier attentat terroriste de masse à Gao (attaque du camp du MOC), qui s’est soldé par un bilan effroyable (plus d’une centaine de tués et des dizaines de blessés), et l’espoir de voir l’armée malienne disposer d’un vecteur aérien se renforçait. On parlait de livraison imminente des deux premiers avions de combat Super Tucano.
Un espoir suscité par le site d’information brésilien(http://www.tmacuritiba.com.br), qui venait de dévoiler les premières images de ces hélicoptères volant au-dessus d’un aéroport. Sur ces images, on pouvait voir, déjà, des appareils aux couleurs de l’armée de l’air malienne (sable pour la coque et bleu pour le ventre). On pouvait aussi apercevoir les fanions et drapeaux aux couleurs nationales sur les fuselages.
Et comme d’usage en de pareilles circonstances (vols test de pré-livraison), ces appareils demeurent «nus», c’est-à-dire sans aucun des équipements externes normalement disponibles (pas de caméras d’observations, pas de canons, ni de bombes…).La question que l’on se posait était de savoir si nos autorités allaient faire le bon choix quant aux équipements de ces bijoux.
Il était important, selon un technicien militaire, de bien considérer le choix d’un équipement comme le viseur optronique (c’est-à-dire la caméra située sous les avions pour les observations diurnes et nocturnes ainsi que le guidage laser).
Notre interlocuteur pensait déjà que le Mali aurait dû, sérieusement, envisager de se diversifier (en choisissant, par exemple, d’équiper ces appareils avec des viseurs optroniques russes ou chinois, et ce, afin de pouvoir utiliser et des armements occidentaux et des armements russes ou chinois). Car, selon lui, c’était le gage d’une future réelle souveraineté dans ses opérations, notamment, pour un futur choix indépendant des cibles «à traiter».
Malheureusement, regrette-t-il, il n’en a rien été de tout cela. Les avions n’ont même pas été équipés. Et ce sont des avions nus, sans viseurs, ni aiguilleurs, encore moins de propulseurs, que le Mali a achetés.
Mohamed Ag Aliou
Nouvelle Libération