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Subvention des intrants agricoles : les producteurs pointent des couacs dans l’operation

Ils évoquent les difficultés d’accès aux équipements, l’insuffisance des intrants subventionnés, la non maîtrise du système des bons électroniques de distribution des engrais, la défaillance de certains fournisseurs…

Les intrants sont des produits nécessaires à un bon rendement des cultures. Pour aider les producteurs à améliorer leur rendement, le gouvernement a initié depuis la campagne agricole 2008-2009 la subvention des engrais organiques et chimiques, ainsi que les semences hybrides du maïs, du riz, du blé, du sorgho, du mil et du coton. A cela s’ajoute la subvention de 50% des équipements comme les tracteurs, les motoculteurs, les mini-rizeries, les batteuses, les décortiqueuses et les groupes motopompes. De nos jours, les producteurs sont confrontés à d’énormes difficultés en matière d’accès à ces intrants subventionnés.
Certaines organisations paysannes affirment être, entre autres, confrontées à la non maîtrise de l’outil e-voucher c’est-à-dire le système des bons électroniques de distribution des engrais. Il y a aussi le problème de la hausse du prix subventionné de certains équipements comme les motoculteurs, les charrues, les décortiqueuses, ainsi que la non livraison à temps des tracteurs à certains bénéficiaires même si ceux-ci sont en règle vis-à-vis des banques.
L’Union des sociétés coopératives de Baguinéda se plaint des difficultés d’accès aux équipements agricoles et de l’insuffisance des intrants subventionnés. Son secrétaire administratif, Seydou Coulibaly, affirme que l’organisation est confrontée au rejet de ses demandes de prêts par sa banque. Ce qui est dû aux précédents prêts impayés de l’organisation par manque de moyens.
En ce qui concerne le système de la subvention, certaines organisations des producteurs notent que malgré la stratégie de transparence déployée par le gouvernement, la distribution ne semble pas très transparente. A cela s’ajoute l’intégration du système e-voucher qui n’est pas maîtrisée par les producteurs. Ainsi, ces organisations invitent le gouvernement à augmenter le volume de la subvention des intrants et équipements pour la présente campagne, à subventionner la semence et l’engrais spécifique de la pomme de terre et à diligenter la livraison des équipements aux producteurs en règle vis-à-vis des banques.
« Il nous est difficile d’accéder aux semences subventionnées en quantité suffisante et aux tracteurs. Dans notre commune, il y a un seul producteur qui détient le tracteur subventionné, tous les autres sont utilisés en prêt », explique un membre de la coopérative grenier de Siby, Abdoulaye Koné.

PROBLÈME DE TRANSPARENCE- Le chargé de programme de la Coalition des alternatives africaines dette et développement (CAD-Mali), Nouhoum Konaté soutient que la politique de subvention de l’Etat est confrontée à de nombreux défis. S’exprimant sur les conditions d’accès des producteurs aux intrants, Nouhoum Konaté indique que la plupart des fournisseurs de la subvention ne sont pas à la hauteur. « Ils ne remplissent pas toutes les conditions de sélection, toute chose qui pose un problème d’accès des producteurs à ces intrants », affirme-t-il, avant d’ajouter que ce problème se pose avec acuité. Il assure également qu’il existe un problème de transparence dans l’attribution des marchés de la subvention. Les critères d’éligibilité des producteurs pour bénéficier de la subvention sont flous, selon M. Konaté.
Pour sa part, son collègue, Broulaye Bagayogo, affirme que l’accès aux intrants et aux équipements subventionnés constitue une préoccupation majeure du monde rural. Il estime que des concertations sont nécessaires pour résoudre les problèmes. En outre, M. Bagayogo révèle que les paysans recommandent de confier la distribution des intrants à des fournisseurs compétents. Il invite aussi le gouvernement à étendre la subvention à d’autres cultures.
Le directeur national de l’agriculture, Oumar Maïga rappelle que c’est pour faire face à la hausse généralisée des prix des céréales que le gouvernement a initié en 2008-2009, la subvention des intrants. Au cours de cette campagne, précise-t-il, l’Etat a pu subventionner 70 multiculteurs, cinq mini-rizeries, 36 groupes motopompes, 120 batteuses et 130 décortiqueuses pour une valeur de 1,284 milliard de Fcfa et 11,041 milliards de Fcfa pour les engrais.
« Pour la présente campagne 2019-2020, ce sont 20,6 milliards de Fcfa qui sont prévus pour les subventions », révèle le directeur national de l’agriculture, avant de détailler que 10 milliards de Fcfa seront attribués aux directions régionales de l’agriculture, aux offices et aux agences de développement, 10 milliards de Fcfa pour le système coton de la CMDT, 500 millions de Fcfa pour les opérations de pluie provoquées et 100 millions de Fcfa pour les semences de maïs hybrides.
Concernant les critères d’éligibilité des producteurs, le directeur national de l’agriculture rappelle que le producteur doit obligatoirement opter pour une des cultures concernées par la subvention. Le paysan doit aussi, ajoute notre interlocuteur, être recensé au niveau des agents techniques de l’agriculture et reconnu par la Chambre d’agriculture pour avoir accès aux intrants et aux équipements. « Le paysan reçoit sur son téléphone portable un message lui indiquant le fournisseur chez qui il doit enlever son quota. C’est vraiment un système transparent. Il permet d’éviter les attroupements, les vols et autres », souligne M. Maïga qui précise que c’est l’année dernière que le Mali a commencé à appliquer ce système dans les cercles de Bla, Niono, Yanfolila et Koutiala. Barouéli et San seront concernés aussi cette année. Par ailleurs, le directeur national de l’agriculture invite les producteurs à s’approprier le système électronique de distribution des engrais qui est une des conditionnalités de l’appui budgétaire de la Banque mondiale qui a initié l’opération.
Mariam F. DIABATÉ

Source: L’ Essor- Mali

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