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Stabilisation des Régions de Mopti et Ségou : Pr Dioncounda Traoré dévoile sa stratégie

L’ancien président de la République par intérim a d’abord parlé des causes profondes de la crise, avant de faire des propositions pour sa résolution

 

Le Haut représentant du président de la République pour les régions du Centre, Pr Dioncounda Traoré, a déjà écouté des intellectuels, des cadres, des religieux, des politiques, des citoyens lambda et des étrangers. Les personnes rencontrées sont au nombre de 500. L’ancien chef d’État a fait cette révélation hier au cours d’une conférence de presse tenue dans les locaux de sa structure. Il a ajouté que ces auditions ont été effectuées dans le cadre de sa mission consistant à trouver des solutions aux conflits inter et intra communautaires qui sévissent dans les régions du Centre.
Ces entretiens ont permis à l’ex-chef d’État de toucher du doigt les vraies causes de la crise dans cette partie de notre pays. Selon lui, la crise dans cette zone n’est pas due à des problèmes ethniques, mais plutôt au terrorisme qui a profité du retrait progressif de l’État voire de son absence totale dans certaines localités (forces militaires et sécuritaires, administration, justice et services sociaux de base). Pour le Pr Dioncounda Traoré, les populations, livrées à elles-mêmes, ont perdu toute confiance en l’État. « L’heure des règlements de vieux comptes et de vieilles rancunes accumulées, avait sonné, engendrant des violences intra et inter communautaires qui devaient rapidement conduire à la création des milices, de groupes d’autodéfense », a-t-il analysé.

TERRAIN FERTILE- Ces violences, poursuivra-t-il, ont contribué à créer un banditisme opportuniste et à renforcer le trafic et la criminalité transfrontalière préexistants. Cela a conduit rapidement, d’après Dioncounda Traoré, à des amalgames et à des stigmatisations qui ont fabriqué un terrain fertile pour tout ce qui se nourrit de ce genre de situations en l’occurrence les terroristes. «Ces terroristes, mis à mal en 2013 et dispersés dans la sous-région, ont, avec l’intelligence de situation et le pragmatisme qui les caractérisent, très vite compris tout le parti qu’ils pouvaient tirer de l’opportunité inespérée qui leur a été ainsi offerte», a développé l’ex-président de la République par intérim.
C’est pourquoi, a-t-il déduit, les terroristes sont venus au Centre pour «rendre la justice», aider certains habitants à récupérer leurs bétails volés tantôt par la terreur tantôt par l’endoctrinement religieux. Ce qui leur a permis, aux dires de Dioncounda Traoré, d’enrôler des éléments de toutes les ethnies de la zone, qu’ils utilisent pour des opérations ciblées. Lorsqu’ils attaquent un village dogon, a fait remarquer Dioncounda Traoré, ils utilisent les peuls et vice versa, pour laisser les uns penser que ce sont les autres les responsables. «Cela a conduit à penser hâtivement que nous vivions un problème ethnique dans cette partie de notre pays», a-t-il soutenu.
Le Haut représentant du président de la République pour les régions du Centre a promis que les actions que son équipe mènera dans le sens de l’atténuation des conflits entre les différentes communautés et à l’intérieur de celles-ci, feront tomber progressivement le masque. « Nous sommes pratiquement convaincus qu’au bout, nous arriverons à mettre fin à ces violences intra et inter communautaires parce que ces communautés auront compris qu’elles ont été manipulées par les terroristes », a-t-il indiqué. Avant d’inviter nos compatriotes à ne pas demander le départ des forces étrangères, estimant que cela ne profitera qu’aux forces obscurantistes.
En perspective, Dioncounda Traoré envisage d’offrir aux communautés concernées une alternative sécuritaire et socio-économique crédible qui amènera un regain progressif de la confiance envers l’État qui devra redorer son blason en remplissant pleinement ses missions régaliennes et en instaurant une bien meilleure gouvernance. Et tout cela sera soutenu, ajoutera-t-il, par une action militaire conséquente qui sera relayée à terme par une présence idoine des forces sécuritaires. Pour le Haut représentant du président de la République pour les régions du Centre, le combat contre le terrorisme devra être une lutte commune menée par une large coalition.

Bembablin DOUMBIA

Source : L’Essor

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