Présenter et partager avec les journalistes les résultats du sondage d’opinions réalisé pour la première fois dans les villes de Kidal et Ménaka auxquelles celle de Gao a été ajoutée pour les besoins de comparaison avec les éditions antérieures de Mali-Mètre. Tel était l’objectif de la Fondation Friedrich Ebert Stiftung (Fes) et de son bureau de Bamako en organisant une conférence de presse le 12 février dernier à la Maison de la presse. C’était en présence du Chargé des programmes Fes, Abdourhamane Dicko et d’Ibrahim Cissé, Socio-anthropologue et Consultant.
Dans son mot de bienvenue, le président de la Maison de la presse, Dramane Aliou Koné, s’est réjoui du choix de sa structure pour partager ces résultats d’enquête «Spécial Mali-Mètre» de la Fondation Friedrich Ebert Stiftung. Ce, avant de souhaiter que cette conférence de presse soit le début d’un fructueux partenariat.
Campant le décor, le Représentant-résident de la Fondation Friedrich Ebert Stiftung (Fes), Jan Henrik Fahlbusch, a indiqué que les enquêtes d’opinion représentent un important instrument dans une démocratie pour interroger et comprendre de manière adéquate les perceptions, besoins et attentes des citoyennes et des citoyens.
En raison des multiples défis auxquels le Mali fait face, suite à la récente crise politique et sécuritaire, poursuit Jan Henrik Fahlbusch, le Bureau de la Friedrich-Ebert-Stiftung à Bamako a initié «Mali-Mètre» en 2012 en tant qu’instrument d’analyse socio-politique. «Les résultats des enquêtes d’opinion devraient orienter les décideurs politiques et les acteurs de la société civile ainsi que ceux de la Communauté internationale afin de mieux intégrer les perceptions des Maliennes et des Maliens dans leurs activités respectives», a-t-il déclaré.
À noter cette enquête «Spécial Mali-Mètre», qui a concerné les populations de Gao, Kidal et Ménaka, s’est déroulée du 27 décembre 2014 au 5 janvier 2015. Le choix de ces régions est dû au fait qu’elles vivent de fortes turbulences dans le paysage politico-sécuritaire du pays, mais elles ont aussi leurs attentes et leurs perceptions sur les questions d’actualité les touchant encore plus directement sachant que ce sont des zones qui vivent la crise au quotidien.
Cette édition spéciale de «Mali Mètre» traite, en plus des sujets déjà évoqués dans les précédentes éditions, les négociations d’Alger, les capacités opérationnelles des Fama, des mouvements armés, de Barkhane, de la Minusma, de la sécurisation et de la stabilisation du Mali, du dialogue, de la réconciliation, du développement équilibré du pays ainsi que de l’organisation des élections communales et d’autres thématiques.
Ce sondage d’opinion a porté sur des échantillons de 200 personnes à Kidal, 180 à Ménaka et 380 à Gao.
Dans ce «Spécial Mali-Mètre», on se rend à l’évidence que la proportion des citoyens maliens qui crédibilisent les actions du président de la République, est de 69% à Ménaka, 62,6% à Gao et 41,2% à Kidal. Loin d’être une surprise, les populations de Kidal, à 47%, affichent leur méfiance. Quant au gouvernement et à son Premier ministre de l’époque, Moussa Mara, les résultats impressionnent avec 92,2% à Ménaka, 75,8% à Gao et Kidal ferme la marche avec seulement 26,9%.
S’agissant des priorités du gouvernement, selon les populations des trois zones, les attentes sont les mêmes : lutte contre la corruption, les injustices sociales et l’insécurité, les négociations avec les groupes armés…
Quant à ces négociations proprement dites, Kidal est favorable à 94,6%, Gao à 79,7% et Ménaka à 63,5%. La population de Ménaka est, à 36%, opposée aux négociations du gouvernement avec les groupes armés. Au sujet de la participation aux négociations des groupes armés autres que le Mnla, le Hcua, et le Maa signataires de l’accord de Ouaga, Kidal n’en est pas d’accord, tandis que Ménaka à 90% pense le contraire et sollicite à 58% la participation de la société civile et Gao à 43%. La grande majorité des populations de la ville de Kidal (81%) pense que les négociations déboucheront sur un accord de paix, contre 62% à Gao et 68% à Ménaka.
En ce qui concerne le dialogue et la réconciliation, ils sont fortement sollicités, mais le processus fait état de désaccord. Gao et Ménaka veulent l’implication des chefs religieux et du gouvernement, pendant que Kidal prévoit les groupes armés et les chefs coutumiers.
À titre de rappel, la 5ème édition de «Mali-Mètre» réalisée en août/septembre 2014 portait sur des questions de politique et de sécurité intérieures, l’appréciation du gouvernement et de l’Assemblée nationale ainsi que les forces militaires internationales. Les négociations de paix à Alger, les questions de réconciliation nationale et de bonne gouvernance y étaient également en bonne place.
La prochaine édition de Mali-Mètre de la Fondation Friedrich Ebert Stiftung est prévue pour mai prochain.
Bruno E. LOMA
Source: Le Reporter