Soumaila Cissé, chef de file de l’opposition, candidat, Tiébilé Dramé du PARENA (Parti Pour la Renaissance Nationale) directeur de campagne et le célèbre activiste Ras Bath, mobilisateur principal. Ce trio en moins de dix jours de l’ouverture de la campagne est en train de faire tache d’huile. Ralliements à gogo, tournées à l’intérieur et caravanes dans les centres-villes sont les actes majeurs en plus de l’occupation des medias et des réseaux sociaux que ce trio a réussi. Grâce à la réussite à mi-parcours de leur campagne, certains de leurs militants se croient déjà à Koulouba. Vont-ils maintenir le tempo jusqu’à la fin ?
Les Maliens sont appelés aux urnes le 29 juillet prochain pour l’élection du président de la République. Au total, 24 candidats sont sur la liste, parmi eux, on peut citer le président sortant Ibrahim Boubacar Keita, candidat à sa propre succession et le chef de file de l’opposition et candidat du parti l’URD Soumaila Cissé. Au-delà des sondages et des procès d’intention, de nombreux observateurs s’accordent à admettre que ce sont ces deux candidats comme en 2013 qui seront au 2ème tour. Même si force est de le reconnaître que d’autres troubles fête n’ont pas encore dit leur dernier mot, à savoir Aliou Boubacar Diallo, Cheick Modibo Diarra, Modibo Sidibé, Choguel Kokalla Maïga et même Ousseiny Amion Guindo et Oumar Mariko.
Pour donc prendre la température de la fièvre électorale, il sied de mettre dans la même balance la conduite de la campagne des deux favoris, à savoir celles d’IBK et de Soumaïla Cissé.
La flamme de Boua s’estompe !
A moins de dix jours de l’ouverture de la campagne, on a l’impression que la tendance s’est renversée du coté du chef de file de l’opposition. Sinon force est d’admettre que le président de la République sortant avait commencé en grande pompe avec le lancement réussi en mobilisation de sa campagne au stade du 26 mars. Un lancement suivi d’annonces fortes, dont celle relative à l’acquisition de quatre nouveaux avions de chasse pour l’armée. Même si l’annonce a été suivie par l’acte, avec la réception de ces nouveaux appareils, l’équipe de campagne d’IBK a manqué en stratégie pour maintenir la cadence et la flamme. De Kadiolo à Banamba, les observateurs n’ont pas retenu grande chose, la population avec. Surtout que même pour mieux apporter les événements au grand public, l’équipe de campagne a fait une sélection partisane des medias de la place. On dirait qu’il ne s’agissait pas de la campagne d’un président sortant. De ce fait, en l’espace de trois jours, le camp du chef de file de l’opposition a pris le dessus sur celui du président sortant sur le plan de la visibilité. Comme pour faire un rapport de force avec lui, après la tournée dans le cercle de Banamba d’IBK, Soumi et son équipe ont mis le cap sur la même localité, histoire de ravir la vedette à son adversaire. Et ce périple terminé par un grand meeting à Koulikoro a donné un grand écho près de l’opinion nationale.
Dans la même foulée, samedi quand les deux candidats étaient dans des zones différentes du pays, le bas peuple était plus informé des activités du candidat Soumaïla Cissé dans le Mandé que celui du ‘’Mandé Massa’’ dans le Banimonitié.
Soumaïla bat campagne et ratisse large !
Au-delà des activités traditionnelles de la campagne électorale, le camp du chef de file de l’opposition est organisée à accroitre le nombre de ses adhérents. Ce rôle semble dévolu au porte-parole du CDR, Ras Bath. Qui a passé le début de la semaine écoulée à faire adhérer à la cause de son candidat, des organisations et associations, non des moindres. Car il s’agit du collectif des commerçants déguerpis durant l’opération Amy Kane, ceux de Malitelda… Après leur ralliement c’était un boulevard ouvert devant ‘’Soumi Champion’’ pour parcourir, vendredi de long en large le grand marché de Bamako, sans anicroche. Histoire de donner un sens au travail de terrain effectué quelques jours auparavant par Ras Bath.
Cette conduite organisée, exemplaire et bien visible de la campagne du chef de file de l’opposition, durant dix jours sans obstacle relève d’un travail titan d’ombre du directeur de campagne, en la personne du président du parti PARENA Tiébilé Dramé. Qui s’est allié au candidat de l’URD pour la victoire tout comme le Collectif pour la Défense de la République (CDR) de l’activiste Ras Bath. Depuis cette annonce, leurs militants et militantes ne jurent plus que sur le nom du candidat de l’URD, comme futur occupant du fauteuil de Koulouba.
Dans les rues, dans les lieux de travail, au marché et même sur les réseaux sociaux, on évoque que des slogans, tels « Soumi champion Fo Koulouba » qui signifie Soumi champion jusqu’à Koulouba, ou« Boua K Bla » qui signifie que le vieux doit lâcher.
Avec une équipe étoffée de campagne, aucun détail n’est pris à la légère et la mise à disposition des informations ne souffre d’aucun blocage chez le candidat issu des rangs de l’opposition. C’est pour cela que son message passe bien et son image bien soignée auprès du grand public.
Le camp du président sortant doit sortir de la léthargie !
En attendant, étant donné que Boua (IBK) est un vieux renard, bien aguerri dans la conduite d’une campagne électorale, on peut espérer qu’il refera surface durant les deux dernières semaines restantes du processus. Cela en revoyant, la méthode de travail de son équipe, dirigée par le président du RPM (qui a toujours une dent contre les autres), pour lui permettre de mener une campagne digne de son rang d’ancien chef d’Etat. Cela passe d’abord par l’implication de tous les medias à ses activités. Mais si comme durant son mandat de cinq ans il laisse les mêmes méthodes d’exclusion pratiquées par sa suite, il risquera d’être surpris désagréablement à l’heure de vérité. L’on peut admettre que les autres candidats évoquent le manque de moyens pour expliquer leur mutisme, mais pas lui.
De son coté si les choses restent en cet état, ses soutiens de l’extérieur qui lui ont apporté de l’aide pour sa campagne, risqueront de se demander à quoi cela a-t-elle servi ?
Son salut pourra aussi venir des soutiens multiformes de ses ministres et proches collaborateurs. Surtout qu’en période électorale, une moindre action publique se traduit en action politique en faveur ou en défaveur du candidat du pouvoir. En illustre récemment, la publication des résultats du DEF avec un taux de réussite de 70%. Toute chose qui a joué en faveur du ‘’Mandé Massa’’ car les parents dont les enfants ont été admis sont devenus par la force de la joie des partisans de ‘’Boua Ta Bla’’ (Boua ne lâchera point). La démocratie à la malienne, quand tu nous tiens.
Par Mariam SISSOKO
Source: Le Sursaut