Après le massacre perpétré au cœur de la révolution à Khartoum, les putschistes soudanais reculent. Ce mercredi 5 juin 2019, le chef de la junte au pouvoir a dit que le Conseil militaire était prêt à reprendre les négociations sans condition préalable. Un retournement à 180°, alors que les violences, qui continuent d’être perpétrées dans la capitale, ont fait au moins 100 morts. Une quarantaine de corps ont été retrouvés dans le Nil, a annoncé le Comité des médecins.
Alors que la tuerie du sit-ina entraîné une vague de condamnations internationales, les putschistes semblent sur la défensive. Après avoir annoncé l’arrêt total du dialogue et de tous les accords conclus avec la coalition civile, Abdel Fatah al-Burhan, leader de la junte, a déclaré qu’il était prêt à reprendre les négociations sans condition préalable. Sans expliquer ce changement de stratégie, l’officier a déclaré que le Conseil militaire était « prêt à ouvrir ses bras au dialogue avec toutes les parties, dans l’intérêt du pays ».
Hemetti, le chef des Forces de soutien rapide, la milice paramilitaire accusée d’être la première coupable du massacre, a accusé des Soudanais d’avoir usurpé l’identité des FSR pour terroriser les civils. Une affirmation difficile à croire alors que de multiples témoignages affirment que les miliciens étaient en première ligne du bain de sang, avec uniformes et véhicules très reconnaissables. Certains de leurs éléments sont même accusés d’avoir passé des uniformes de policiers, pour s’en prendre aux civils.
Jean-Baptiste Galopin, spécialiste du Soudan, voit peut-être dans ce changement de cap un effet des pressions internationales. « Ces déclarations tombent juste après un contact entre le sous-secrétaire américain David Hale et le ministre saoudien de la Défense », dit-il, sachant que Riyad apporte depuis le début un soutien financier et diplomatique aux putschistes. D’ailleurs, ce mercredi, l’Arabie saoudite souligne « l’importance d’une reprise du dialogue ».
RFI