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« J’’ai été violée pour toute la vie »

Violée par son oncle étant enfant, le quotidien de Alima est un calvaire. Dans ce monologue, elle appelle les victimes de viol à dénoncer le coupable, même s’il est de la famille, à travers la plume de Niamoye Sangaré.  

 

Sentiment d’être souillée, frigidité, manque de confiance : voici à quoi se résume mon quotidien. Je ne me sens pas comme les autres femmes. Je sens un vide en moi, une peur inexplicable mais aussi le dégoût de tout ce qui est en rapport avec le sexe.

Aujourd’hui encore, mon mari se plaint de moi, il n’arrive pas avoir de satisfaction, dit-il, avec une femme aussi frigide que moi. Incapable de satisfaire cet époux si aimant et craignant le jour où il en aura marre et ira voir ailleurs, je vis mon malheur en silence. Pourtant, je ne fais pas du tout exprès, mais être avec un homme est un véritable supplice pour moi, car le souvenir de mon oncle ne cesse de me revenir.

Une bonne ambiance familiale

J’étais une petite fille innocente, pleine d’énergie et insouciante comme toute fille de mon âge. En famille, chacun avait une tache spécifique à remplir. Moi, je me chargeais de nettoyer les chambres : celle de mes parents, mais aussi de mon oncle que j’appréciais tant. Il était aux petits soins  avec moi et m’offrait tout le temps des cadeaux.

Je me sentais tellement fière de pouvoir contribuer à ces tâches, surtout le sentiment d’être utile. « Tu feras une bonne épouse », me disait mon papa et cela me réjouissait. Je me souviens d’une bonne ambiance familiale jusqu’au jour où tout a basculé en un claquement de doigt.

Un dimanche, en l’absence de mes parents, mon oncle m’a demandé d’aller nettoyer sa chambre. Je me suis empressée de le faire. Au moment où je balayais, soudain, j’entendis la porte se refermer après moi et quand je me suis retournée, il était là, arrêté avec un regard horrible :  je ne reconnaissais plus mon oncle. Il m’a demandé de me coucher sur son lit. Comme je refusais, il m’a cloué au sol après avoir déchiré ma robe.

Espérant voir apparaître papa ou maman, je me suis mise à crier de toutes mes forces quand, tout à coup, j’entends la porte s’ouvrir. Un visage innocent me regardait, celui de ma petite sœur de 3 ans qui ressort aussitôt sans comprendre ce qui se passait. Mon oncle a  abusé de moi, avant de sortir de la chambre après m’avoir menacée de ne pas en parler. Je suis restée au sol, tremblant de peur et de douleur. Je regardais ce personnage méprisable partir avec mon innocence et ma joie de vivre.

Dénoncer le coupable

En plus de moi, qui ai accepté de briser le silence, plusieurs autres fillettes ont été victimes de viol au Mali. Au cours de la première session des assises de Bamako au titre de l’année 2019, tenue du 16 avril au 15 mai 2019, 21 dossiers d’infractions contre les mœurs  ont été jugés : 10 cas de pédophilie et 11 cas de viol.

Dans la plupart de ces cas, le coupable n’est condamné qu’à cinq ans de prison, souvent même avec sursis. Pire, certains sont relâchés après médiation de leurs proches auprès des parents de la victime.

Mes parents ont décidé de garder le silence sous pression des grands parents et mon oncle a juste changé de ville. Il existe plusieurs femmes comme moi qui souffrent en silence.

Soyons attentifs à nos enfants. Dénonçons ces actes ignobles, même si le coupable est de la famille. C’est la seule solution pour mettre fin à cette pratique honteuse. Rien ne doit primer sur la justice.

benbere.org

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