Les belligérants se sont mutuellement accusés d’avoir attaqué un convoi de ressortissants français, faisant état chacun d’un blessé français. Le Quai d’Orsay, qui a annoncé dimanche matin que la France coordonnait une opération d’évacuation, n’a pas commenté ces informations dans l’immédiat.
L’armée soudanaise a également accusé les FSR d’avoir attaqué et pillé un convoi qatari se dirigeant vers Port-Soudan, sur la mer Rouge. Doha n’a pas réagi dans l’immédiat.
L’Egypte a déclaré qu’un membre de sa mission au Soudan avait été blessé par balle, sans donner d’autres détails.
Le président américain Joe Biden a annoncé samedi que Washington avait évacué son personnel diplomatique et suspendait les opérations de son ambassade.
“Les belligérants doivent mettre en oeuvre un cessez-le-feu immédiat et inconditionnel, autoriser un accès humanitaire sans entrave et respecter la volonté du peuple soudanais”, a déclaré Joe Biden dans un communiqué.
“La violence tragique au Soudan a déjà coûté la vie à des centaines de civils innocents”, a ajouté le chef de la Maison blanche. “Cela est inadmissible et doit s’arrêter.”
Dans un communiqué diffusé dimanche matin, les ministères français des Affaires étrangères et des Armées ont annoncé que la France coordonnait une opération d’évacuation rapide de son personnel diplomatique et de ses ressortissants.
Cette opération, qui se fait en lien avec toutes les parties prenantes ainsi que les partenaires européens et alliés de la France, inclut des ressortissants de l’UE ainsi que le personnel diplomatique européen, ont-ils précisé.
Les affrontements entre l’armée régulière soudanaise dirigée par le général Abdel Fattah el Bourhan et les FSR du général Mohamed Hamdan Dagalo, connu sous le nom de “Hemedti”, ont éclaté le 15 avril à Khartoum et dans le reste du pays, faisant plus de 400 morts.
Les deux forces, alliées lors du coup d’Etat militaire mené en 2021, deux ans après la chute de l’autocrate Omar el Béchir, ne sont pas parvenues à s’entendre lors de négociations sur l’intégration des FSR au sein de l’armée régulière.
Plusieurs cessez-le-feu annoncés ces derniers jours n’ont pas été respectés.
CHAOS
Des colonnes d’épaisse fumée continuaient à obscurcir dimanche le ciel de Khartoum et des villes voisines d’Ombdurman et Bahri et des coups de feu pouvaient être entendus dans plusieurs quartiers, selon un journaliste de Reuters présent dans la capitale soudanaise.
Des combats intenses se poursuivent autour du quartier général de l’armée dans le centre de Khartoum ainsi qu’à l’aéroport, fermé en raison des affrontements, et à Bahri, où l’armée a recours à des frappes aériennes et des troupes au sol pour tenter de repousser les FSR.
Le groupe paramilitaire a déclaré dimanche que ses forces avaient été la cible de raids aériens dans le quartier de Kafouri à Bahri, parlant de dizaines de morts et blessés.
La situation chaotique oblige de nombreux habitants de Khartoum à rester cloîtrés chez eux en raison des bombardements et de la présence d’hommes armés dans les rues.
Pour évacuer leur personnel diplomatique, les Etats-Unis ont mobilisé samedi des forces spéciales à bord d’hélicoptères MH-47 Chinook venus d’une base américaine à Djibouti, qui ont passé à peine une heure à Khartoum et récupéré une petite centaine de personnes.
“Nous avons pu arriver et repartir sans problème”, a déclaré le général Douglas Sims, directeur des opérations à l’état-major.
John Bass, sous-secrétaire d’Etat pour l’administration auprès du département d’Etat, a déclaré que des ressortissants étrangers parmi lesquels des Américains avaient également réussi à quitter Khartoum pour rejoindre par la route Port-Soudan.
L’Arabie saoudite a déjà évacué des ressortissants des pays du Golfe depuis le principal port soudanais, situé à 650 km au nord-est de Khartoum. La Jordanie utilise également ce trajet pour ses ressortissants.
L’Egypte a enjoint à ses ressortissants vivant hors de Khartoum de rejoindre le consulat de Port-Soudan ou un bureau consulaire à Wadi Halfa, à la frontière avec l’Egypte, pour préparer leur évacuation.
Elle a invité ceux qui résident dans la capitale à se mettre à l’abri en attendant que la situation s’améliore. L’Egypte compte quelque 10.000 ressortissants au Soudan.
En dehors de Khartoum, des informations font état de combats violents dans le Darfour, vaste région occidentale où le conflit qui a éclaté en 2003 a fait 300.000 morts et 2,7 millions de déplacés.
(Reportage Khalid Abdelaziz à Khartoum, ave Ahmed Elimam et Hatem Maher au Caire, Daphne Psaledakis, Juliette Jabkhiro à Paris et Phil Stewart à Washington; rédigé par Aidan Lewis, version française Camille Raynaud et Jean-Stéphane Brosse)
Source : REUTERS