Le procès de l’ex-président soudanais destitué s’ouvrira finalement le 18 août, selon son avocat. La première audience était initalement prévue pour mercredi, mais Omar el-Béchir n’a pas comparu pour des raisons de sécurité d’après sa défense.
Le parquet accuse Omar el-Béchir de possession de devises étrangères et d’avoir acquis des richesses de façon suspecte et illégale. Fin avril, le chef du Conseil militaire de transition, le général Abdel Fattah al-Burhan avait affirmé que l’équivalent de plus de 113 millions de dollars avaient été saisis en liquide dans la résidence de l’ancien président à Khartoum.
Mais selon Ahmed Ibrahim al-Tahir, chef de l’équipe de défense de l’ex-président soudanais, l’accusation concerne uniquement une somme de 7 millions d’euros, une donation d’un pays ami du Soudan, dit-il. Les avocats assurent également que ce procès est une affaire exclusivement pénale, sans aucun fond politique.
La justice devra se prononcer sur une accusation qui relève du domaine pénal. Cette affaire n’a aucun fondement politique comme le prétendent des rumeurs infondées. L’accusation concerne uniquement une somme de 7 millions d’euros, une donation d’un pays ami du Soudan. La somme ne fait donc pas partie du budget du pays. Le président el-Béchir l’utilisait selon les nécessités qui s’imposaient et nous avons tous les documents qui se rapportent à cette affaire. Nous allons les présenter au tribunal, si Dieu le veut. Nous sommes convaincus que c’est la seule accusation qui existe contre le président Omar el-Béchir et inchallah, il sortira blanchi et gagnant.
Ahmed Ibrahim al-Tahir, l’un des avocats d’Omar el-Béchir
Faux, répond l’Association des professionnels soudanais (APS), fer de lance de la contestation qui a conduit à la chute de l’ancien chef d’État, le 11 avril. « On le juge seulement pour des faits de corruption, alors qu’il devrait comparaitre pour ses crimes à l’encontre du peuple soudanais devant la Cour pénale internationale », déclare son porte-parole Rashid Saeed.
Omar el-Béchir est visé par des mandats d’arrêt de la CPI pour génocide, crimes contre l’humanité et crimes de guerre au Darfour. Mais les militaires au pouvoir ont indiqué qu’ils ne comptaient pas le transférer au tribunal international. Pour beaucoup, ce procès au Soudan est donc un moyen d’éviter à l’ancien président d’être présenté devant une autre juridiction.
Mercredi, lors de la première audience, le juge a décalé la date de début de ce procès controversé. L’avocat Tarig Kalashoup fait partie d’un collectif d’« avocats contre la discrimination », qui assiste au procès d’Omar el-Béchir pour s’assurer que la procédure soit équitable. Il explique les raisons de ce report :
« Lundi dernier, la mère du président est décédée. Vu ces circonstances, le comité de défense a saisi le parquet pour demander un report de la séance, ce qu’il a obtenu, explique-t-il. Il y a eu aussi une discussion autour de la sécurité de l’ancien président, le comité de défense trouve que le lieu actuel du tribunal n’offre pas les conditions sécuritaires nécessaires à ce procès. La localisation du tribunal au centre de Khartoum peut représenter un danger pour la personne d’Omar el-Béchir. Mais le parquet a refusé l’idée de transférer le procès ailleurs assurant qu’il est tout à fait capable de sécuriser la zone du tribunal durant le procès. »
RFI