Des milliers de manifestants sont descendus dans les rues, le samedi 16 octobre 2021, avec des tentes dressées devant le palais présidentiel à Khartoum pour demander le renvoi du gouvernement du Premier ministre Abdallah Hamdok.
Cette grande manifestation était organisée par une faction dissidente des Forces pour la liberté et le changement (FFC). Une alliance civile qui a été le fer-de-lance des manifestants anti-Béchir devenue un élément clé de la transition. Parmi ces manifestants, de nombreux étaient des partisans du régime déchu d’Omar el-Béchir. Ils demandaient, pour leur part, que le pouvoir revienne totalement dans les mains des militaires. A l’extérieur du palais, le message était clair « on ne veut pas des civils, mais le retour des militaires. Nous resterons là où sommes ». En effet, certains ne cachaient pas leur appartenance au parti du président déchu « j’affirme mon appartenance au mouvement islamiste. Nous avons régressé dans tous les domaines. Nous voulons la chute de ce gouvernement et l’alternative, ce sont les militaires », déclare un partisan du régime d’Omar el-Béchir, selon la Radio France Internationale. Des manifestants ont dressé des tentes devant le palais présidentiel pour demander le renvoi du gouvernement du Premier ministre Abdallah Hamdok, un ancien économiste des Nations Unies dont les réformes soutenues par le FMI ont appauvri de nombreux Soudanais. Depuis la chute de l’autocrate soudanais en 2019, les militaires et les civils ont formé un Conseil souverain et un gouvernement censé mener le pays à des élections. En outre, l’union sacrée de la révolution a fait long feu et les factures se creusent désormais entre les deux camps et en leur sein même. Pour le Premier ministre Abdallah Hamdok déjà fragilisé par le coup d’Etat manqué du 21 septembre dernier, ces divisions profondes sont la plus dangereuse pour la transition et menacent la voie du soudan vers la démocratie. Les Soudanais veulent un gouvernement militaire pour sortir le pays du marasme politique et économique. « C’est l’armée qui nous donnera notre pain. Le cabinet actuel a échoué et seuls les militaires peuvent nous apporter la justice et l’égalité » a expliqué à l’AFP Abdoul Ahmed, un agriculteur qui se décrit comme « Pauvre ». Par ailleurs, le camp opposé qui soutient le gouvernement civil, estime que ce coup de force est le signe que la contre-révolution est en marche. Cependant, le Premier ministre a réaffirmé lors de son discours du 15 octobre, « son engagement à poursuivre la transition démocratique et à ne pas céder face aux tentatives visant à faire dissoudre la période de transition par des coups d’Etat ou des actes de sabotages ». Rappelons que les comités de résistance ainsi que de nombreux groupes de militants, fers-de-lance de la révolution contre Omar el-Bechir, ont annoncé de grandes manifestations le jeudi 21 octobre prochain pour soutenir le gouvernement.
Mariam Guindo, Stagiaire
Source: LE PAYS