Le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon est arrivé mardi au Soudan du Sud pour appuyer les actuels efforts internationaux visant à mettre fin à la guerre civile, accompagnée de massacres ethniques, qui ensanglante la plus jeune nation du monde.
Mardi, d’intenses combats se poursuivaient autour de Bentiu, capitale de l’Etat pétrolifère d’Unité (nord) que l’armée fidèle au président Salva Kiir tente depuis dimanche de reprendre aux forces loyales à son ancien vice-président Riek Machar, devenu chef d’une rébellion mi-décembre après avoir été accusé de tentative de coup d’Etat.
Cette visite de M. Ban, après celle, vendredi, du secrétaire d’Etat américain John Kerry, intervient alors que l’ONU et Washington ont mis en garde contre des risques de “génocide” et de “famine” dans le pays.
M. Ban s’était rendu la dernière fois au Soudan du Sud en juillet 2011 pour les festivités marquant la proclamation d’indépendance, qui devaient tourner la page de deux décennies (1983-2005) de guerre destructrice et meurtrière contre Khartoum.
“Depuis le début de la crise actuelle, le secrétaire général a appelé de façon répétée les dirigeants (des deux camps) à trouver une solution politique et mettre fin immédiatement à la violence qui a provoqué les souffrances de tant de civils innocents”, a souligné mardi la Mission de l’ONU au Soudan du Sud (Minuss).
Les affrontements se poursuivent malgré un cessez-le-feu signé le 23 janvier à Addis Abeba – jamais appliqué – et malgré des menaces de sanctions américaines. Des pourparlers dans la capitale éthiopienne, destinés à trouver une issue politique au conflit, semblent au point mort.
Selon la Minuss, M. Ban rencontrera notamment le président Salva Kiir et visitera la base onusienne de Tomping, à Juba, où près de 20.000 personnes, craignant d’être visées en raison de leur appartenance ethnique, ont trouvé refuge.
Au total, environ 80.000 Sud-Soudanais terrifiés s’entassent dans des conditions épouvantables dans les huit bases de l’ONU dans le pays, pour échapper aux combats, aux massacres et aux atrocités à caractère ethnique visant les civils, attribuables aux deux camps.
A la rivalité à la tête du régime entre MM. Kiir et Machar, se greffent de vieilles rancunes entre peuples dinka et nuer, les deux principales communautés du pays, dont ils sont respectivement issus.
A Juba, M. Kerry avait menacé les deux dirigeants de sanctions ciblées s’ils ne mettaient pas fin aux combats et aux attaques contre les civils. Il avait obtenu leur accord de principe pour des pourparlers face-à-face en Ethiopie, mais aucune date n’a été fixée.
Dès samedi, au lendemain du départ du chef de la diplomatie américaine, l’armée sud-soudanaise avait lancé une vaste offensive dans le nord et le nord-est du pays, pour reconquérir des localités aux mains du camp Machar. Elle s’est notamment emparée dimanche de Nasir, QG des rebelles proche de la frontière éthiopienne.
Lundi, M. Kerry a à nouveau menacé de “graves conséquences” les belligérants s’ils ne respectaient pas leurs promesses. Mais les combats se poursuivaient mardi pour le quatrième jour d’affilée autour de Bentiu, petite localité poussiéreuse entourée de champs de pétrole, pour l’essentiel à l’arrêt depuis le début du conflit.
Le ministre sud-soudanais de la Défense Kuol Manyang a assuré mardi à l’AFP que l’armée contrôlait le centre de Bentiu, mais que d’intenses affrontements se poursuivaient dans les faubourgs, à 5 km du centre.
Les forces pro-Machar ont lancé une contre-offensive lundi mais “ont été repoussées après huit heures de combats”, a expliqué M. Manyang. Ces informations n’ont pu être vérifiées de source indépendante.
Bentiu a changé plusieurs fois de mains depuis le début du conflit, déclenché par des affrontements mi-décembre au sein de l’armée sud-soudanaise entre troupes fidèles au président Kiir et celles loyales à M. Machar. L’ONU a accusé ces dernières d’avoir massacré des centaines de civils sur des bases ethniques lorsqu’elles ont repris Bentiu mi-avril.
Malgré les combats, les autorités sud-soudanaises ont répété lundi leur attachement aux pourparlers de paix en cours en Ethiopie, ainsi qu’à la rencontre prévue entre MM. Kiir et Machar.
Des milliers, voire des dizaines de milliers de personnes ont déjà péri dans les combats et les massacres, qui ont également chassé plus d’un million de Sud-Soudanais de chez eux.
© 2014 AFP