Le journaliste sud-soudanais Isaac Vuni, enlevé en juin, a été retrouvé mort, a annoncé mercredi Reporters sans frontières (RSF), qui a appelé les autorités à faire toute la lumière sur ce meurtre.
Le corps de Vuni a été découvert lundi dans une ferme située près du village de Kerepi, où vit sa famille, dans le sud du pays, à la frontière avec l’Ouganda, selon des parents cités par le quotidien Sudan Tribune, rapporte RSF dans un communiqué.
Le journaliste indépendant avait été kidnappé avec son frère Andruga dans la maison familiale le 4 juin.
Un témoin a affirmé au site internet South Sudan Liberty News que les kidnappeurs portaient des uniformes du « Tiger Batallion », la garde du président Salva Kiir, dont des éléments sont stationnés dans les environs, ajoute RSF.
Selon l’organisation de défense des journalistes, Vuni aurait été tué peu après son enlèvement, qui n’a pas été revendiqué. Son frère n’a pas été retrouvé.
“RSF condamne l’assassinat du journaliste Isaac Vuni et demande aux autorités d’ouvrir une enquête afin d’identifier et traduire en justice les responsables de ce crime ignoble », a déclaré Cléa Kahn Sriber, responsable du bureau Afrique de RSF.
« Au moment de l’enlèvement, les autorités se sont distinguées par leur absence de réaction, ce silence ne peut plus durer. Il doit être mis un terme à l’impunité généralisée qui règne dans le pays et qui rend ce type d’exactions possibles”, a-t-elle ajouté.
Vuni, qui a souvent travaillé pour le Sudan Tribune, avait été arrêté à Juba en 2009, pour avoir écrit que des membres du gouvernement et de l’armée étaient impliqués dans un scandale financier.
Il avait à nouveau été arrêté et détenu au secret dans un poste de police de la capitale entre le 28 mars et le 2 mai 2011, dans le cadre d’une répression contre les journalistes sud-soudanais.
Depuis le début de l’année, et plus encore depuis les combats meurtriers à Juba du 8 au 11 juillet, les journalistes et défenseurs des droits de l’Homme sont particulièrement visés par les autorités et nombre d’entre eux vivent dans la clandestinité ou ont choisi l’exil.
RSF a déjà dénoncé les cas de George Livio, emprisonné depuis près de deux ans sans qu’aucune charge n’ait été retenue contre lui, et d’Alfred Taban, détenu au secret pendant 13 jours en juillet et août.
Sept journalistes ont été tués au Soudan du Sud pour la seule année 2015, selon le Comité pour la protection des journalistes (CPJ).
Le Soudan du Sud est classé à la 140e place sur 180 pays, en baisse de 15 places par rapport à 2015, dans le classement 2016 de la liberté de la presse de RSF.
Source: AFP