Le président sud-soudanais Salva Kiir et son grand rival, le chef rebelle Riek Machar, doivent se rencontrer mercredi à Addis Abeba, pour la première fois en deux ans, afin de tenter de ramener la paix dans leur pays ravagé par la guerre civile depuis 2013.
Confirmée de sources officielles, cette entrevue demeure toutefois incertaine au regard des nombreux rendez-vous manqués et vaines promesses qui ont émaillé les pourparlers de paix. Le conflit, qui a éclaté en décembre 2013, a fait des dizaines de milliers de morts, près de quatre millions de déplacés et provoqué une crise humanitaire catastrophique.
Mis sous pression par la communauté internationale, MM. Kiir et Machar ont été invités à Addis Abeba par le nouveau Premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed, qui préside l’organisation régionale Igad (Autorité intergouvernementale pour le développement), laquelle ½uvre depuis de longs mois, pour l’instant en vain, à réactiver le processus de paix.
M. Abiy “appellera les deux responsables à réduire leurs divergences et travailler à la pacification du Soudan du Sud, et à soulager le fardeau de la mort et du déracinement pour les Sud-Soudanais”, a déclaré à l’AFP Meles Alem, un porte-parole du ministère éthiopien des Affaires étrangères.
Le président soudanais Omar el-Béchir avait offert d’accueillir cette réunion. Mais cette éventualité avait été rejetée par M. Machar, alors que le gouvernement sud-soudanais avait demandé que la rencontre ait lieu hors de la région, de préférence en Afrique du Sud.
Cette rencontre entre les deux ennemis sera la première depuis les intenses combats qui ont secoué la capitale sud-soudanaise, Juba, en juillet 2016.
Ces affrontements entre les forces de MM. Kiir et Machar avaient signifié l’échec d’un accord de paix conclu en août 2015, qui avait permis à M. Machar d’être réinstallé au poste de vice-président et de revenir à Juba.
– Menace de sanctions –
Après ces violences, M. Machar avait dû fuir son pays. Il se trouve depuis en Afrique du Sud, mais continue à jouir d’une grande autorité sur son mouvement.
Pour obtenir le moindre résultat, les deux hommes, dont la rivalité a scellé le destin du Soudan du Sud depuis qu’il a obtenu son indépendance du Soudan en 2011, devront mettre de côté l’immense défiance qui les oppose.
La guerre civile avait éclaté en décembre 2013 à Juba, lorsque M. Kiir, un Dinka, avait accusé M. Machar, son ancien vice-président, de l’ethnie Nuer, de fomenter un coup d’État.
La communauté internationale, en premier lieu les États-Unis, qui ont soutenu l’indépendance du pays et restent son principal donateur, pèsent de tout leur poids depuis plusieurs mois pour tenter de ranimer l’accord de paix d’août 2015.
Il n’est pourtant pas certain que M. Kiir soit disposé à faire la moindre concession, car ses troupes semblent en passe de prendre le dessus militairement face à une rébellion de plus en plus éclatée.
Depuis le début de la guerre, de nombreux cessez-le-feu ont été signés, sans jamais être respectés. Le dernier en date avait été scellé le 24 décembre à Addis Abeba, sous l’égide de l’Igad. Puis violé dès son entrée en vigueur.
Au début juin, le Conseil de sécurité de l’ONU avait donné jusqu’à la fin du mois aux factions belligérantes pour faire respecter ce cessez-le-feu et arriver à “un accord politique viable”, brandissant dans le cas contraire la menace de sanctions.