Un accord politique a été conclu entre le premier ministre de transition, destitué en octobre, et le général Al-Bourhane, qui dirigeait le pays depuis le coup d’Etat, selon des médiateurs soudanais.
Abdallah Hamdok, premier ministre mis à l’écart après le coup d’Etat militaire au Soudan, doit retrouver son poste en vertu d’un accord conclu avec l’homme fort du pays, le général Abdel Fattah Al-Bourhane, ont annoncé dimanche 21 novembre des médiateurs.
« Un accord politique a été conclu entre le général Bourhane, Abdallah Hamdok, les forces politiques et des organisations de la société civile pour un retour d’Hamdok à son poste et la libération des détenus politiques », a déclaré l’un des médiateurs soudanais, Fadlallah Burma, un dirigeant du parti d’opposition Oumma. Un groupe de médiateurs soudanais ont diffusé un communiqué confirmant l’accord.
Celui-ci inclut le rétablissement de M. Hamdok dans ses fonctions, la libération des détenus et le retour au consensus politique, légal et constitutionnel qui gérait la période de transition lancée après la chute en 2019 du régime du général Omar Al-Bachir en 2019, écarté par l’armée sous la pression de la rue.
« L’accord sera officiellement annoncé plus tard dans la journée, après la signature des termes de l’accord et de la déclaration politique l’accompagnant », selon le communiqué.
Le général Bourhane jusque-là inflexible
Les militaires ont longtemps tardé à nommer le nouveau gouvernement qu’ils promettaient depuis des semaines après la mise à l’écart de M. Hamdok, placé en résidence surveillée.
Mais face aux appels au retour du pouvoir civil, le général Al-Bourhane était resté jusque-là inflexible. Il s’était renommé à la tête de la plus haute institution de la transition, le Conseil de souveraineté, et avait reconduit tous ses membres militaires ou proarmée et nommé des civils apolitiques. Le général Bourhane avait en revanche semblé desserré l’étau au lendemain de la journée meurtrière de mercredi, en rétablissant la connexion Internet du pays, coupée depuis sa prise du pouvoir, le 25 octobre.
En menant un coup d’Etat le 25 octobre, le général Abdel Fattah Abdelrahman Al-Bourhane, chef de l’armée, a rebattu les cartes d’une transition chancelante au Soudan. Il a fait arrêter la quasi-totalité des civils au sein du pouvoir, mis un point final à l’union sacrée formée par civils et militaires et décrété l’état d’urgence.
Depuis, des protestations contre l’armée appelant au retour du pouvoir civil ont eu lieu, principalement à Khartoum, et ont souvent été réprimées. Samedi, des centaines de manifestants ont défilé à Khartoum-Nord, une banlieue de la capitale, érigé des barricades dans les rues et mis le feu à des pneus, selon un correspondant de l’Agence France-Presse. « Non au pouvoir militaire ! », scandaient-ils. D’autres sont sortis dans les rues dans l’est et le sud de la capitale, selon des témoins. Une quarantaine de personnes sont mortes depuis le coup d’Etat du 25 octobre, pour la plupart des manifestants.
Le Monde avec AFP