Meilleurs vœux de bonheur et de prospérité à l’occasion de la fête de la Tabaski ! Puisse Allah le Tout Puissant et Miséricordieux apporter à notre chère patrie, le Mali, la paix des cœurs et des esprits en ces moments où le pays tangue dangereusement au bord du précipice !
Nous souhaitons vivement que, de part et d’autre de la fracture politique actuelle, le sens de la mesure et de la responsabilité face à notre Peuple et face à l’Histoire puisse l’emporter.
Cela dit; il n’est pas sans intérêt de noter que, par un remarquable retournement de situation, la Constitution du 12 janvier 1992 est désormais invoquée comme cadre de référence et de légitimation des positions de chacun des camps en conflit alors même que, naguère, tous les deux s’apprêtaient à la violenter (oui, violenter) soit par le biais d’une révision constitutionnelle au profit de l’Accord antinational d’Alger et des nostalgiques de l’ordre sociopolitique colonial, soit par le biais d’un passage en force à une IVème République brandie par fétichisme comme la panacée aux dérives réelles de la gouvernance politique, économique et sécuritaire du Mali.
Une telle évolution, s’accompagnant d’une prise de conscience partagée de l’importance d’observer le principe sacro-saint d’appropriation nationale démocratique et populaire de toute solution de sortie de crise, est déjà en soi un progrès très précieux. Le pas suivant demanderait que les uns et les autres se donnent la peine de se départir des clichés éculés et des critiques à l’emporte-pièce pour lire ou relire la Constitution à tête reposée. Ils comprendraient alors que la solution réside dans la Constitution, sans qu’il soit nécessaire de recourir -de façon imprudente d’ailleurs, il faut le souligner – à une dissolution immédiate (même suivant une reconstitution de la Cour Constitutionnelle comme suggéré par le Conseil Supérieur de la Magistrature) de l’Assemblée Nationale ou à des élections partielles. La Constitution offre une piste par laquelle l’Assemblée Nationale se mettrait elle-même pour ainsi dire ”en vacances ou entre parenthèses” le temps nécessaire pour l’élaboration/relecture de textes d’application de la Constitution et la mise en œuvre des mesures d’amélioration de la gouvernance du Mali devant précéder l’organisation d’élections législatives générales, ledit temps pouvant couvrir tout ou partie de la durée restante du second et dernier mandat en cours du locataire de Koulouba, mandat courant jusqu’en septembre 2023, son terme constitutionnel normal .
Bamako, le 2 août 2020
Soumana Sako
Ancien Premier Ministre, Chef du Gouvernement de Transition 1991/1992 de la République du Mali