La négociation avait été entamée sous le régime du Président Ibrahim Boubacar Kéïta sous la conduite du Général Moussa Diawara, le patron de la DGSE malienne et certains éléments des services de renseignement parmi lesquels le Colonel Malamine Konaré. Informer, les services de renseignements français ne voulaient pas entendre parler d’une libération de Soumaïla Cissé avant celle de Sophie Pétronin. Pour ne pas froisser l’opinion publique française, probablement, mais aussi parce qu’ils souhaitent s’adosser au cas Cissé et ne pas apparaître en première ligne – notamment pour le paiement d’une rançon.
Ils plaident donc pour qu’Ahmada Ag Bibi, député de Kidal, reprenne le dossier de Soumaïla Cissé en collaboration avec les services maliens. Ce notable touareg leur sert déjà d’intermédiaire dans le dossier Pétronin. Il connaît Iyad Ag Ghali depuis les années 1990 et a déjà joué un rôle dans les négociations pour la libération des otages d’Areva et de Vinci, enlevés en 2010 au Niger. En parallèle, le président Emmanuel Macron appelle IBK pour lui demander de confier l’affaire à ces nouveaux intermédiaires. Sous pression française, le chef de l’État malien s’exécute. Ag Bibi et la DGSE malienne – à travers le colonel Ibrahima Sanogo, son chef du renseignement antiterroriste – sont donc désormais aux manettes.
Ces changements d’interlocuteurs et la jonction avec le cas Pétronin avait retardé la libération de Soumaïla Cissé. La libération des otages se précise pour la fin du mois d’août mais, le 18, le président malien est renversé par un coup d’État. Ce tsunami politique à Bamako retarde encore les ultimes tractations. Une fois investis, le 25 septembre, le président Bah N’Daw et le vice-président Assimi Goïtadonnent leur feu vert à l’opération. La rançon est payée, sans que l’on sache pour l’instant d’où proviennent les fonds, et environ 180 prisonniers inculpés de terrorisme sont libérés par les autorités maliennes, les 3 et 4 octobre.
Alors que l’accord semble presque conclu, le GSIM fait monter les enchères à la dernière minute en exigeant des libérations supplémentaires, qui seront finalement accordées. Au total, 204 prisonniers sont remis en liberté. A l’époque, on avait même parlé d’une rançon de plusieurs millions d’Euros.
Malgré toutes ces tractations pour obtenir enfin sa libération le 08 octobre 2020, cette même dame qui serait reconvertie en islam a été aperçue quelque part à Bamako la semaine dernière. Cette apparition intervient au moment où les autorités maliennes et françaises ne regardent plus dans la même direction à cause de l’affaire ”Wagner”. Depuis quelques jours, les services de renseignements du Mali sont montés sur leurs petits chevaux à la recherche de Mme Sophie Pétronin. Car, de forts soupçons seraient portés sur elle dans certaines affaires. Une affaire à suivre donc !
Youssouf SANGARÉ