Les ressortissants de ce bloc sous régional se demande avec exactitude ce à quoi joue leurs dirigeants. Ils se demandent ce qui urgeait autant pour que le président Embalo convoquât une telle rencontre au sommet au pays de l’Oncle Sam, en pleine AG de l’ONU. A l’analyse, l’on est tenté de à croire que plus que le chronogramme des deux transitions, c’est le brûlant dossier des quarante-six militaires ivoiriens toujours détenus à Bamako, qui justifie le plus ce sommet extraordinaire de New York.
Car, il se susurre que derrière l’initiative du chef de l’Etat bissau-guinéen qui préside l’institution, se cache la volonté du président ivoirien, Alassane Dramane Ouattara (ADO), de porter l’affaire devant les instances internationales. Or, dans le bras de fer qui l’oppose aux tombeurs d’Ibrahim Boubacar Kéita, la CEDEAO a déjà fait l’objet de vives critiques suite à ses sanctions jugées arbitraires et disproportionnées contre le Mali.
Si elle doit remettre le couvert au moment où les relations se sont quelque peu apaisées, pour une affaire qui relève a priori de relations bilatérales, au-delà du partie pris dont elle pourrait faire l’objet d’accusation, on ne voit pas comment elle pourrait sortir le bâton contre Bamako sans susciter un autre tollé ni outrepasser ses prérogatives si une telle décision ne repose pas sur des fondements juridiques.
Car, c’est un secret de Polichinelle que le locataire du palais de Cocody n’a pas spécialement bonne presse sur les bords du fleuve Djoliba où il passe pour le tenant de l’aile dure de la CEDEAO contre le Mali. C’est dire dans cette affaire, la CEDEAO gagnerait à jouer les conciliateurs plutôt qu’à chercher à rejeter la faute sur une des parties.
Quand deux militaires qui ont fait tomber les présidents en fonction dans leur pays respectif se rencontrent à la veille d’un important sommet qui les menace de sanctions, que peuvent-ils bien se dire ?
Si la question reste pour l’instant sans réponse, la situation elle, se présente sous la forme d’un pied de nez géant que les Colonels Assimi Goïta et Mamadi Doumbouya, font à la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO), tirant profit d’un hasard du calendrier qui fait coïncider la fête nationale du Mali. En effet, c’est à son voisin et frère d’arme que le colonel Mamadi Doumbouya a réservé son premier séjour hors des frontières de son pays, depuis sa prise de pouvoir par les armes le 5 septembre 2021.
Aux côtés de son homologue, le tombeur d’Alpha Condé qui avait également opéré un coup d’Etat civil pour entamer un 3è mandat présidentiel anticonstitutionnel, le chef de la transition en Guinée, célèbrera donc le 62è anniversaire de l’accession du Mali à la souveraineté internationale. Mais c’est une fête qui pourrait bien virer au cauchemar pour les deux hommes qui ont opté de défier la communauté internationale, notamment la CEDEAO qui à son tour, entend bien les faire rentrer dans les rangs.
Mais pourquoi les nuages s’épaississent-ils autant entre le binôme malien et guinéen et Abuja, la capitale nigériane, siège de l’institution dont le Bissau-Guinéen Umaro Sissoco Embalo assure depuis le 3 juillet dernier la présidence tournante ? La CEDEAO, jusqu’à présent ne sait exactement pas où commencer car dépasser par les tournures que prennent les choses. Plus grave, c’est que les dirigeants de cette organisation régionale, n’ont toujours pas compris le vent de changement de mentalité qui souffle au sein de leurs populations respectives.
Source: Le Point