Le président de la Banque africaine de développement, le Nigérian Akinwumi Adesina était à Ouagadougou (Burkina Faso) où il a pris part, en tant qu’invité, au Sommet des chefs d’État et de gouvernement des pays du G5 Sahel le 13 septembre 2019.
«Il faut électrifier tout le Sahel» ! C’est la conviction soulignée par Akinwumi Adesina lors de son audience avec le président du Burkina Faso, Marc Roch Christian Kaboré, qui a félicité la Banque africaine de développement (BAD pour l’initiative «Desert to Power» (DPT). Le président burkinabè a également souligné l’excellence des relations de son pays avec la Banque, la remerciant pour le portefeuille des projets mis en œuvre grâce à l’institution.
De son côté, le président de la Banque africaine de développement a tenu à saluer l’engagement, la vision et le leadership du président Kaboré pour avoir accepté d’accueillir le sommet dans son pays. Il a souligné l’importance de la volonté politique pour la réussite de l’initiative «Desert to Power» qui donne l’opportunité de renforcer le partenariat sud-sud.
«La volonté politique est très importante et je ne peux que me réjouir de la détermination des présidents du G5 Sahel autour de l’initiative» a-t-il ajouté.
A Ouagadougou, la BAD a officiellement présenté son initiative «Desert to power» aux chefs d’État et de gouvernement. Au moins 20 milliards de dollars américains devront être mobilisés auprès des partenaires au développement. La Banque a porté le plaidoyer lors du sommet afin de garantir l’accès universel à l’électricité à plus de 60 millions de personnes grâce à l’énergie solaire.
Pour le président Adesina, c’est un paradoxe que dans cette région, parmi les plus ensoleillées du monde, on note un déficit d’accès à l’électricité. «Aujourd’hui, plus que jamais, la coopération et le commerce transfrontaliers dans le domaine de l’énergie seront essentiels pour maintenir la sécurité d’approvisionnement à long terme face aux défis du changement climatique», a affirmé le président de la BAD tout en reconnaissant qu’au «Burkina Faso, des étapes significatives ont été franchies avec le projet Yeleen d’électrification rurale».
Dans les pays du G5 Sahel, quelques 60 millions de personnes subissent les conséquences d’un déficit d’accès à l’électricité, avec pour les secteurs clés de l’économie, une lourde dépendance aux énergies fossiles, une faiblesse des capacités de production et des infrastructures physiques.
Dans le cadre de sa stratégie d’électrification de l’Afrique, la Banque s’est résolument engagée à accélérer l’accès à une énergie de qualité et à moindre coût pour les populations africaines. Des interconnexions essentielles de réseaux ont été approuvées par le Conseil d’administration de la Banque. Il s’agit notamment de Mali-Guinée, Nigeria-Niger-Bénin-Burkina Faso et Tchad-Cameroun. «Il faut une harmonisation des politiques et aller vers une zone de libre échange énergétique», a ajouté Akinwumi Adesina.
L’initiative DTP couvre 11 pays (Burkina Faso, Érythrée, Éthiopie, Mali, Mauritanie, Niger, Nigeria, Soudan, Djibouti, Sénégal et Tchad) avec un impact significatif sur les conditions de vie de 250 millions de personnes qui devraient avoir accès à l’électricité. L’objectif est d’installer près de 10 gigawatts de capacité solaire d’ici à 2030.
Cette initiative se veut une contribution de taille à la réalisation des cinq priorités stratégiques de la BAD, les «High 5», car l’accès à l’énergie est transversal à tous les secteurs du développement de l’Afrique. Elle est en adéquation avec les Objectifs de développement durable (OMD) des Nations unies, l’Accord de Paris sur le climat et l’Initiative pour les énergies renouvelables en Afrique.
Kader Toé
Source: Le Matin