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Sommet Afrique-France à Bamako : Le Mali toujours en quête de ses marques

Pour ce 27è sommet Afrique-France à Bamako, le président français, François Hollande, pour ce qui est de son passage à la tête de l’État français, peut compter dans les succès de son mandat, l’intervention de l’armée française au Mali, qui a permis à notre pays de rester debout. C’est donc tout à son honneur. Mais toujours est-il que le Mali cherche ses marques malgré l’affaiblissement de ces « fous de Dieu »…

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Pour Ibrahim Boubacar Keïta et le Mali, abriter un tel sommet se présentait comme un véritable défi. Car, il est notoire que notre pays est jusque-là empêtré dans des difficultés au niveau sécuritaire. Les autorités se débattent toujours pour restaurer l’autorité de l’État  sur l’ensemble du territoire. Les récentes pertes de soldats dues à des mines anti-personnelles et autres combats récurrents entre groupes armés pour le contrôle de Kidal, en disent long sur l’énormité de la tâche qui reste pour la sécurisation de la zone.

La capitale malienne n’est toujours pas à l’abri. Les attaques terroristes qui l’ont frappée et celles qui ont été déjouées, témoignent, si besoin en était encore, de cette triste réalité. Dans ces conditions, la tenue de ce sommet à Bamako relevait d’un acte symbolique fort.

L’annonce de la reprise des patrouilles mixtes dans le Nord et celle de l’arrestation du cerveau présumé des attaques de la plage de Grand-Bassam en Côte d’Ivoire, à la veille du sommet, n’était certainement pas anodine. Ces informations montrent qu’un travail de sécurisation de la zone est abattu. Ce qui peut être de nature à renforcer la confiance des partenaires du Mali et à amener ceux qui sont tentés de tourner le dos au pays par crainte de l’insécurité, à revoir leur copie.

Après ce 27ème sommet Afrique-France, le Mali engrangera au passage, des retombées économiques. Dès lors, ce sommet a été, le bienvenu. Ce d’autant plus que le thème au menu des travaux, était pertinent. Les autorités politiques françaises et africaines présentes à ce sommet, ont planché sur le thème : « Jeunesse et entrepreneuriat ». C’est un thème à propos, au regard des impératifs de l’heure. Le phénomène terroriste qui secoue le monde, se nourrit en grande partie de la misère de la jeunesse. Il est notoire, en effet, que les mouvements terroristes recrutent dans les milieux défavorisés, les jeunes désœuvrés ayant des difficultés à joindre les deux bons, pardon, les deux bouts, pour ne pas dire, luttant pour la survie.

Dans ces milieux, le discours extrémiste trouve des oreilles attentives, moins parce que les gens y croient, que parce qu’il leur est promis, entre autres, des espèces sonnantes et trébuchantes. Dans un tel contexte, réfléchir sur les voies et moyens de préserver cette jeunesse de l’enrôlement terroriste, était plus que nécessaire. On peu maintenant dire que ce sommet n’a pas été une « foire » de plus. Il a débouché sur des résolutions pratiques, tangibles et opérationnelles. Et ces résolutions doivent être mises en œuvre avec tout le sérieux qui sied.

Obligation pour la France de rompre avec les dictateurs

Inutile de rappeler à l’occasion que c’est déplorable que l’Afrique en soit réduite à attendre toujours des idées et des financements de l’Occident, pour donner une réponse adéquate à des questions aussi fondamentales que l’emploi des jeunes sur le continent. Cela est triste et il urge que le continent travaille à se donner les moyens de relever les défis qui sont d’abord et avant tout, les siens. C’est, du reste, ce qu’a fait comprendre la société civile africaine mobilisée à Bamako, en marge du sommet. Elle a souhaité que des questions qui « hantent » les populations africaines dont celles liées à la gouvernance des États, à l’alternance au pouvoir, ne soient pas occultées. C’est de bonne guerre, quand on sait que la plupart des maux qui minent l’Afrique, sont tirés de la mauvaise gouvernance.

La France, dans ce cas, doit, si elle veut vraiment aider le continent, opérer une vraie rupture avec les dictateurs. De plus, il faudra que l’Occident entende le cri du cœur de la société civile africaine qui refuse de continuer à assister à l’exploitation éhontée des ressources du continent par les multinationales des mêmes puissances extérieures. Une exploitation faite en complicité avec des dirigeants africains dont une bonne partie ne se préoccupe guère du sort de leur peuple. C’est justement pour ces raisons que de grandes démocraties occidentales s’accommodent bien des dictateurs qui jouent leur jeu. Ces dictateurs bénéficiant en retour de la complicité de ces puissances dans leur entreprise de conservation du pouvoir d’État par tous les moyens. C’est justement parce qu’elle est consciente de ces collisions malsaines entre gouvernants français et africains, que la société civile africaine est décidée à ne plus s’en laisser conter. C’est dire combien la France et les pays qui ont participé à ce sommet doivent comprendre que la question de l’entrepreneuriat des jeunes ne peut pas être isolée du contexte politique et économique dans lequel les pays évoluent. Il sied donc de cerner tous les contours du problème, si on veut parvenir à des solutions pérennes.

Youssouf Konaré

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