Joe Biden vient d’annoncer un sommet entre les États-Unis et plusieurs dizaines de pays africains pour le mois de décembre à Washington. Des « milliards de dollars » seraient en jeu…
Plus les réseaux sociaux africains, les rues africaines et certains régimes nationalistes africains bruissent d’une vocation de trajectoires endogènes, plus les puissances « mondiales » semblent rénover leurs grands-messes à destination de l’Afrique.
Bête noire d’une certaine opinion sahélienne, Paris a relooké ses « sommets France-Afrique » devenus « Afrique-France » en rencontres sans chefs d’État. Moscou a musclé, depuis Sotchi 2019, ses « sommets Russie-Afrique » plus que jamais requis en période de diabolisation par l’occident. Ankara décline ses « sommets du partenariat Turquie-Afrique ». Quant aux maîtres de Pékin, c’est « chez l’habitant », à Dakar, qu’ils organisaient, en novembre dernier, un « sommet Chine-Afrique », surlignant que leur pays était désormais le premier partenaire commercial du continent africain…
Des « milliards de dollars » promis
C’est au tour de Washington de concrétiser l’idée lancée, il y a quelques mois à Abuja, par le secrétaire d’État américain Antony Blinken. Celle d’un « sommet avec les responsables américains et africains pour mener une politique diplomatique de haut-niveau (…) qui permettra de transformer les relations ». Précisions de date et de contenu : c’est ce mercredi 20 juillet, par communiqué, que le président américain annonçait la tenue dudit sommet du 13 au 15 décembre, avec « plusieurs dizaines » de pays africains – une cinquantaine selon une source anonyme –, notamment autour des questions de sécurité alimentaire et du changement climatique.
Tout en restant évasif, mais comme pour insister sur le fait qu’il ne s’agissait pas d’ingérence politique, Joe Biden a souhaité une coopération accrue sur des « priorités mondiales communes ». Des propos qui sonnent « soft power », activant davantage la puissance d’influence et de persuasion que les ressorts militaires, dont les États-Unis n’aiment guère faire publicité. Au colloque d’affaires USA-Afrique ouvert ce même 20 juillet au Maroc, la cheffe de la délégation américaine affirmait que son pays souhaitait mobiliser des « milliards de dollars » d’investissements en faveur du continent africain, en partenariat avec le secteur privé…
Les relations entre l’Afrique et les États-Unis sont actuellement marquées par une question de fond et un fait symbolique. La question de fond est celle de la concurrence, sur le continent noir, entre Américains et Chinois. Les premiers ont conscience de perdre du terrain face aux seconds, mais un responsable de Washington affirme, en off : « Nous ne demandons pas à nos partenaires africains de choisir »…
Le fait symbolique est que Joe Biden ne s’est pas encore rendu en Afrique, alors qu’il a foulé des sols asiatiques, européens et moyen-orientaux. C’est à sa vice-présidente qu’il a souvent laissé le soin de s’adresser directement aux instances continentales africaines… par visio-conférence. Ce mercredi, en vidéo à Marrakech, Kamala Harris notait que l’Afrique, « le continent qui connaît la croissance la plus rapide au monde », comptera, d’ici 2030, 1,7 milliard d’habitants. De quoi susciter un sommet flamboyant à quelques jours de Noël…
Source : Jeune Afrique