La CMA a, d’entrée de jeu, déclaré » maintenir ses engagements jusqu’à usure totale et extinction de toutes voies et moyens offerts par les engagements internationaux » et réaffirmé être » plus responsable que la partie gouvernementale dans ses engagements « . Avant de déplorer la lenteur qui semble marquer la mise en œuvre de certaines dispositions dudit accord. Il s’agit, entre autres, des autorités intérimaires qui ont été installées, mais non dotées des moyens et ressources nécessaires, le Bataillon des forces armées reconstituées mis sur pied mais non opérationnels (Incompréhension sur la composition, les missions, le commandement…), la création sans opérationnalisation de la zone de développement, la limitation du mandat de la commission d’enquête internationale (2012 à 2018), la marginalisation des réfugiés et déplacés dans le cadre de la mise en œuvre de l’accord.
A croire toujours la CMA » les questions de fond » n’ont pas non plus fait l’objet d’une certaine attention de la part des pouvoirs publics et » ont toujours été balayées d’un revers de la main « . Notamment la révision constitutionnelle pour prendre en charge les dispositions politiques et institutionnelles de l’accord pour la paix et la réconciliation (Assemblées régionales, CENA, régionalisation…), la réorganisation territoriale et administrative, la problématique de l’Azawad, le manque de compromis sur les questions défense et sécurité (Quota, critères, grades, présence dans toute la chaine de commandement…).
Au nombre des obstacles et blocages pointés du doigt par les ex-rebelles de Kidal, l’on retient l’absence de continuité dans l’action gouvernementale, la mauvaise foi de l’Etat à vulgariser l’accord auprès des populations pour qu’elles se l’approprient, la non opérationnalisation de la zone de développement, le bricolage et l’échec de la conférence d’entente nationale, l’exclusion des réfugiés et déplacés dans le cadre de la construction de la paix (viabilisation des sites de retour, réalisation des services sociaux de base, retour dans de conditions dignes…), l’extension et l’intensité territoriales de la crise (Nord-Centre-Sud) avec des milliers de morts civils, l’absence d’une volonté réelle de l’Etat dans le cadre du recensement des populations de l’Azawad, méfiance et crise de confiance entre signataires. Il s’y ajoutent l’incompréhension autour de la fameuse relecture de l’Accord pour la paix, la mauvaise volonté du gouvernement à avancer sur les réformes politiques et institutionnelles.
Toutefois la CMA a cru bon de signaler que la lenteur dans la mise en œuvre de l’Accord a rendu la crise plus complexe et difficile à gérer et sa non appropriation a ouvert la brèche à ses détracteurs à le diaboliser. Toute chose qui ne contribue pas au retour de la paix et de la stabilité, a-t-elle déploré.
Aussi tient-elle à préciser que si les autorités actuelles tirent les leçons des échecs du régime précédant » la période de transition pourrait être une opportunité unique pour dépasser les points de blocages « . Avant d’interpeller dans des termes fors évocateurs : » si les autorités de transition ne saisissent pas cette occasion en retombant dans les erreurs et les tergiversations du régime précédant, l’accord court tous les risques d’être caduc « .
Abdoulaye DIARRA
Source: l’Indépendant