Les marchés sont approvisionnés et les réserves sont largement suffisantes pour couvrir les énormes besoins de consommation du mois de carême. De quoi stabiliser les étiquettes
Le compte à rebours a commencé pour le mois de Ramadan 2015 qui débute dans environ un mois. Coïncidant cette année avec le début de la saison des pluies, les journées de jeûne seront sans doute plus clémentes. En plus de la douceur de la température, le Ramadan 2015 s’annonce aussi paisible en ce qui concerne l’état d’approvisionnement du pays en produits de première nécessité jugés satisfaisants par les acteurs et les autorités en charge de la question.
En effet, la situation des stocks de produits de première nécessité semble largement suffisante, les prix enregistrent une stabilité réelle et les marchés sont bien achalandés. C’est là une situation rassurante pour les chefs de familles qui chaque année sont stressés dès l’annonce de ce mois béni au cours duquel des spéculations s’en donnent à cœur joie.
La période bénie du carême donne habituellement l’occasion aux commerçants véreux de jongler avec les étiquettes des produits fortement demandés, c’est-à-dire essentiellement le riz, le sorgho, le sucre, le lait, le gingembre, le tamarin, le citron, la viande, l’huile, le poulet et les condiments. Ces spéculateurs profitent surtout de la libéralisation du marché et de la défaillance des structures de surveillance et de contrôle des prix.
C’est pour faire face aux risques de hausse des prix pendant le Ramadan que, depuis 2011, le gouvernement à travers le département du Commerce et de l’Industrie est mobilisé pour assurer l’approvisionnement correct du pays en produits de première nécessité et surtout maintenir les prix stables surtout dès l’annonce du mois de carême. Mieux, une évaluation hebdomadaire de la situation des stocks est produite et présentée chaque mercredi au conseil des ministres pour assurer un suivi régulier de la situation au plus haut niveau de l’Etat et prendre des dispositions opportunes en cas d’alerte sur un ou plusieurs produits.
Circonscrire les tensions inflationnistes. Cette démarche semble réussir jusque-là. Car, depuis 2011, nous assistons à une stabilité progressive de prix sur tous les produits de première nécessité ainsi que les produits importés. Aussi, malgré les tensions inflationnistes propres au mois de Ramadan, les prix restent plus ou moins stables et souvent maitrisés. Cependant, les cas de spéculations sur certains produits fortement demandés sont malheureusement à déplorer, mais elles sont rapidement circonscrites grâce à l’efficacité de la communication gouvernementale en la matière qui s’améliore d’année en année. Les visites des magasins de stocks, les assurances des importateurs et des organisations des commerçants détaillants, les communiqués sur les prix plafonds des produits, autant d’actions qui ont permis de circonscrire tant bien que mal les tensions inflationnistes de ces dernières années. Selon les statistiques du département du Commerce et de l’Industrie, concernant le sucre qui est le produit le plus demandé pendant le Ramadan, il n’y a aucune crainte si le niveau des importations suit son rythme normal. Les stocks de sucre sur le territoire sont actuellement estimés à 111.966 tonnes dont 27.500 tonnes au niveau de Sukala S.A et 38.566 tonnes chez N-Sukala S.A. Il existe 8.676 tonnes aux ports de transit. Les stocks à partir des différents de ports sont estimés à 6.221 tonnes. Cette quantité équivaut à près de 242 jours soit 8 mois de consommation et le seuil d’alerte est fixé à 20.642 tonnes. Quant au prix, le kilogramme de sucre est aujourd’hui vendu entre 400 et 500 Fcfa selon les localités de notre pays mais le prix moyen national s’est fixé à 473 Fcfa/kg.
Pour ce qui concerne le sucre en particulier, il faut noter qu’aujourd’hui, la tendance mondiale est baissière. En effet, en Europe comme en Asie, tous les facteurs se réunissent pour conforter la chute du marché du sucre. Malgré la baisse de production dans les principales régions productrices du Brésil, le marché mondial du sucre est toujours à la baisse. Cette chute des cours a été provoquée principalement par la plus importante dépréciation depuis neuf ans du cours de la monnaie brésilienne. La baisse du marché du sucre est également liée à la forte baisse du cours du pétrole, à l’abondance des disponibilités de sucre en Asie du Sud-Est et au démarrage rapide des récoltes en Inde et Thaïlande. Des facteurs sans doute rassurants pour les pays importateurs comme le Mali.
L’huile alimentaire incontournable dans le panier de la ménagère et très consommée pendant la période de Ramadan est majoritairement importée. Les stocks d’huile sont aujourd’hui évalués à 23.755 tonnes chez les principaux grossistes soit 88 jours où 3 mois de consommation. Ici, le seuil d’alerte est fixé à 2.532 tonnes, on est très loin de là donc pas de pénurie à l’horizon. Il faut ajouter que la production locale qui approvisionne traditionnellement les marchés de l’intérieur du pays, affichent une hausse de stocks due à la production record de coton de l’année passée. Quant au prix détail, l’huile évolue entre 600 et 900 Fcfa/litre selon les qualités et les localités. Le bidon de 20 litres de l’huile locale est par exemple cédé entre 10.500 Fcfa à 11.000 Fcfa soit 500 à 550 Fcfa/litre.
Pour la farine de blé, le stock sur le territoire est estimé à 6.915 tonnes. Cette quantité couvre plus de 59 jours soit près de 2 mois de consommation nationale. Le seuil d’alerte de la farine étant de 699 tonnes, il n’y a aucune crainte pour les amateurs de pain chaud de rupture de jeûne. La farine de blé est vendue entre 250 et 500 Fcfa/kg selon les localités.
Et le lait, s’inquiéteront les futurs jeûneurs ? Actuellement, les stocks disponibles sur le territoire sont évalués à 6.817 tonnes soit 89 jours ou 3 mois de consommation. Le seuil d’alerte est fixé à 744 tonnes. Donc pas d’inquiétude à ce sujet. Et au niveau des prix, le lait affiche une tendance baissière avec 2.500 à 3000 Fcfa/kg selon les variétés contre 3.250 à 3.750 Fcfa l’année passée pendant la même période.
Légère fluctuation. En effet, le riz est aujourd’hui sans doute la céréale la plus consommée dans notre pays. Aujourd’hui, dans les villes comme dans les campagnes, l’on imagine mal un bon déjeuner sans riz. Si bien que lorsque le prix de cette précieuse céréale prend l’ascenseur, c’est toute l’économie familiale qui fait la culbute. Il s’agit donc de l’un des produits les plus suivis par les autorités. Aujourd’hui, le stock de riz sur le territoire est estimé à 44.446 tonnes soit près de 20 jours de consommation. Et les stocks aux ports de transit ont été évalués à 10.898 tonnes contre 4.580 tonnes en cours d’évacuation à partir des ports. Il y a un peu d’inquiétude puisque le seuil d’alerte est fixé à 43.350 tonnes. Sur les marchés de consommation de la capitale, les catégories de riz importé ont été vendues entre 300 et 375 Fcfa/kg. Toutefois, Bagadadji se démarque avec une légère fluctuation pour les riz importés brisés et RM40 dont les prix de gros à la vente sont en légère baisse de 3% contrairement au riz locale en légère hausse avec 350 à 450 Fcfa/kg selon les qualités.
Pour ce qui concerne les autres céréales, il faut noter qu’à la date du 13 mai 2015, les stocks grossistes de mil à Bamako et dans les capitales régionales sont évalués à 1.733 tonnes, 2.271 tonnes de sorgho et 3.141 tonnes de maïs. Et les prix à la consommation des céréales sèches ont oscillé entre 150 à 250 Fcfa/kg pour le mil et pour le sorgho et 125 à 250Fcfa/kg pour le maïs.
Et un tour dans les différents marchés de la capitale permet de confirmer le bon niveau d’approvisionnement. Clients et commerçants ne cachent pas leur enthousiasme pourvu que la tendance ne s’inverse pas avant le mois béni.
Séka Sylla, commerçant détaillant de sucre et lait au marché de Dabadani qualifie la situation d’exceptionnelle mais tempère. «Le Ramadan fait ressortir les habitudes comportementales négatives, comme celles liées à la frénésie des achats et naturellement de la spéculation qui s’installe. Sinon, tout au long de l’année, nous observons une certaine stabilité de prix du sucre et du lait. Si le gouvernement arrive à accroître la surveillance et mettre la pression sur les grands importateurs pour qu’ils rassurent les populations sur la disponibilité des produits, les détaillants suivront naturellement mais la moindre spéculation peut faire basculer tous», prévient-il.
Au niveau du département en charge du commerce, l’on se veut rassurant. «Pour le moment, il n’y a ni tension, ni spéculation, ni hausse sur les produits de grande consommation. Mais nous suivons la situation avec une attention particulière et comme les autres années, la communication autour de ces produits ne faiblira pas pour éviter toute spéculation», assure le ministre de l’Industrie et du Commerce Abdel Karim Konaté. Cependant, d’autres produits sont très sollicités pendant cette période notamment le gingembre, le citron et le tamarin, pour la confection des boissons rafraîchissantes et la préparation de la bouillie de rupture du jeûne. Il faut savoir que ces produits proviennent principalement de la région de Sikasso pour approvisionner les marchés de la capitale.
Au marché de Médine, acheteurs de gingembre et de tamarin reconnaissent déjà un renchérissement des prix. «Déjà, le gingembre est cédé entre 600 à 800 Fcfa/kg selon les marchés et le tamarin entre 400 à 600 Fcfa selon la qualité et le citron est presqu’intouchable sur le marché. Cinq petits citrons sont vendus à 200 Fcfa.
Le conseil national des prix regroupant les importateurs, les commerçants grossistes, les détaillants, les associations de consommateurs, les représentants des syndicats des travailleurs s’est réuni le mercredi. Il a évalué la situation générale des stocks et des prix.
Après une analyse correcte des points à l’ordre du jour, les acteurs en charge de l’approvisionnement du pays, ont reconnu que le marché des produits de première nécessité est stable. Le marché enregistre tout justequelques fluctuations à la baisse pour certains produits. «L’état d’approvisionnement des marchés est très satisfaisant. Cependant, nous demandons aux importateurs présents ici de maintenir cette tendance de stabilité. Notre pays fait face à des difficultés. Le renchérissement des prix surtout pendant le prochain mois de Ramadan pourrait occasionner des tensions», a recommandé le conseil.
De façon générale, les marchés sont bien achalandés. Les prix à la consommation sont globalement stables. Mais la vigilance doit être de mise, car comme toutes les années, les spéculateurs guettent la moindre occasion pour déséquilibrer le marché.
D. DJIRE
Présidence de la BAD : LA COTE D’IVOIRE JOUE LA NEUTRALITE
Malgré le lobbying de plusieurs de ses homologues, le chef de l’État ivoirien, Alassane Ouattara, a choisi de ne soutenir aucun des candidats à la succession de Donald Kaberuka au poste de président de la Banque africaine de développement. L’intense lobbying mené par plusieurs chefs d’État pour convaincre les autorités ivoiriennes de prendre position en faveur de tel ou tel candidat à la présidence de la BAD demeure infructueux. On sait que le scrutin aura lieu fin mai, lors des assemblées annuelles de l’institution, et que huit candidats sont en lice.
Selon nos informations, Alassane Ouattara a fait le choix… de ne pas choisir. Et pour une raison simple : le siège de la BAD se trouve à Abidjan. Amadou Koné, l’administrateur de la Côte d’Ivoire à la BAD, a fait passer le message au sein de l’institution. Charles Koffi Diby, le ministre des Affaires étrangères, aussi. Dans cette nouvelle campagne, c’est l’Afrique de l’Ouest qui s’illustre. Alors que la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC) et la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac) ont présenté chacune un seul candidat (le Zimbabwéen Zondo Thomas Sakala et le Tchadien Bedoumra Kordjé), la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) sera représentée par quatre prétendants : notre compatriote Birama Boubacar Sidibé, la Cap-Verdienne Cristina Duarte, le Sierra-Léonais Samura Kamara et le Nigérian Akinwumi Adesina.
source : L Essor