Cinq mois après sa nomination, le Premier ministre, Moctar Ouane a rencontré mercredi 10 février dernier, au Centre international de conférences de Bamako, l’ensemble de la classe politique pour échanger principalement sur les réformes politiques et institutionnelles attendues de la transition politique en cours. Après 7 ans de gestion chaotique d’Ibrahim Boubacar Keïta qui a précipité le pays dans le gouffre, il urge pour les Maliens de s’unir pour sauver le pays. A défaut, il y a lieu de craindre le pire. C’est en substance, le message adressé par le PM à l’adresse à la classe politique.
En effet, cette rencontre intervient dans un contexte de défiance entre une partie de la classe politique et les autorités de la transition. L’emprise qu’exercent les militaires sur la transition ainsi que l’ampleur de la tâche consistant à organiser de front des élections, réformer la Constitution tout en faisant face à la propagation djihadiste ainsi qu’aux multiples maux du pays qui suscitent encore des interrogations sur la réalisation de cette promesse dans les temps. Aussi, le premier ministre Moctar Ouane a voulu dissiper les soupçons et lancé un appel à l’union de tous pour le Mali : « Ma conviction est que la classe politique a un rôle de premier plan à jouer dans la promotion de notre jeune démocratie et une place centrale dans les réformes politiques et institutionnelles que nous attendons tous avec impatience », a reconnu le chef du gouvernement.
Selon le Premier ministre, les réformes politiques et institutionnelles ne doivent pas être le fait d’un effet de mode, mais « une nécessité » en raison de « l’obsolescence » observée dans les pratiques de tous les jours dans le service rendu aux usagers ainsi que dans « l’inadéquation » entre « les actes et les espérances » des concitoyens. « Il n’est point besoin d’être grand clerc pour constater les limites objectives des textes qui nous gouvernent ainsi que les menaces qui pèsent sur les vertus qui guidaient nos relations sociales et nous valaient admiration et respect au-delà des mers et des océans a poursuivi le premier ministre de la Transition Il a promis à cette occasion à la classe politique de s’entretenir avec elle de « manière plus détaillée » sur « toutes les questions qui interpellent tous les acteurs, au-delà des régions, des religions, des ethnies, des obédiences politiques… ». Plus d’une soixante de partis politiques participant à la rencontre a insisté sur les réformes du système électoral, surtout après la dissolution de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni), le 1er février. « Les défis qui attendent les Maliens sont à leur portée s’ils restent unis et font preuve de dépassement », a-t-il affirmé
La nécessaire Union.
Cet appel du Premier ministre au dépassement, au sursaut est aujourd’hui plus que nécessaire, car, face au contexte socioéconomique, politique et sécuritaire qui se dégrade dangereusement pour l’avenir du pays, nous, Maliens, de quelque bord que nous soyons, n’avons plus le choix : nous unir ou périr. Hommes et femmes ; jeunes et vieux ; blancs ou noirs ; bambaras ou peuls, sonrhaïs, dogons, tamasheq ou arabes ; de la majorité, de l’opposition ou de la société civile ; de l’intérieur comme de l’extérieur ; paysans, artisans, commerçants ou fonctionnaires etc., nous avons le devoir, si celui-ci ne s’impose à nous, de faire chemin ensemble, de regarder dans la même direction, de parler le même langage, de manger dans la même tasse et de souffler dans la même trompette, pour sauver ce qui reste de notre cher Mali.. L’union de tous est vital au vu de la dégradation de la situation sécuritaire, non plus au nord seulement, mais aussi au sud et au centre, avec cette montée fulgurante des attaques djihadistes et terroriste à Kidal, Gao, Ménaka, Ansongo, Nampala, Dioura, Dogo, Ténenkou et Bamako. Cette insécurité généralisée crée un état de psychose sans précédent au sein des populations, partagées entre inquiétude, désespoir et résignation. .Face à la menace de partition de notre pays par des forces extérieures cachées derrière des rebelles aux idéaux indépendantistes maquillés en revendications de développement nous n‘avons d’autres choix que de resserrer les rangs. Aujourd’hui, nous devons définir une vision nationale inclusive autour des pourparlers d’Alger qui déchainent tant de passion.
Nous n’avons plus le choix face à la mauvaise gouvernance ambiante, à la corruption endémique, de ces scandales qui ont éclaboussé la République et qui ont pour noms : achat d’avion, contrat d’armement, affaire Tomi, surfacturations…. Que de sévir en appliquant la loi avec la dernière rigueur.
Et nous devons aussi mettre fin à la guéguerre politicienne qui mine la vie nationale, déstabilise le fonctionnement normal des institutions, désoriente le peuple et détourne le pays de ses priorités. La conquête du pouvoir est certes l’essence même des partis politiques, mais face à la situation de péril existentielle que traverse le pays, il est temps pour tous de ranger pour le moment dans les tiroirs les intérêts et ambitions. « A situation exceptionnelle, sacrifices exceptionnels », peut-on légitimement dire par déformation pour adapter à la gravissime situation actuelle du Mali la formule consacrée « A situation exceptionnelle, mesures exceptionnelles ». Car, la nation est en danger. Alors, le doute n’est plus permis, il y a péril en la demeure. Et l’union sacrée des Maliens de tous bords en est la panacée. Mais, la voie menant à cette union ne peut et ne doit venir que des autorités de la transition
Mémé Sanogo