La Représentante spéciale du Secrétaire général des Nations Unies pour les enfants et les conflits armés a publié son rapport sur la situation des enfants touchés par les conflits. Dans le document, l’institution indique clairement que les conflits ont des répercussions catastrophiques sur les enfants. En effet, chaque année, l’Organisation fait état d’une augmentation du nombre de violations graves commises contre des enfants en période de conflit armé. Aussi, derrière ces chiffres se cachent des garçons et filles à qui l’on fait subir les pires maltraitances.
ans son document, l’Onu invite les parties en conflit à appliquer ou soutenir la mise en œuvre des plans d’action déjà signés avec l’Onu pour faire cesser et prévenir les violations graves contre les enfants. Ainsi, elle souhaite amener de nouvelles parties à un conflit à s’engager en faveur de nouveaux plans d’action pour mettre fin aux violations graves commises envers les enfants et œuvrer à la ratification et à l’application universelles du Protocole facultatif à la Convention relative aux droits de l’enfant, concernant l’implication d’enfants dans les conflits armés.
Pour l’Onu, il faut plaider pour l’adhésion universelle aux engagements pris à l’échelle internationale notamment la Déclaration sur la sécurité dans les écoles déclinée sous différentes formes notamment les Principes de Paris, les Principes de Vancouver… en vue de renforcer les normes de protection des enfants. “Mobilisez-vous pour améliorer l’accueil et la protection des orphelins de guerre et des enfants déplacés non accompagnés. Soutenez l’accès à la justice pour les violations graves commises envers les enfants”, peut-on lire dans le rapport.
Soutenir les actions visant à renforcer les cadres juridiques nationaux de protection des enfants
L’Onu invite également les pays à militer pour la criminalisation des violations graves commises contre les filles et garçons. A cet effet, elle exhorte les pays membres à œuvrer pour que ceux qui ont commis de graves violations contre des enfants en période de conflit répondent de leurs actes en exigeant qu’ils soient poursuivis devant les juridictions compétentes et que les jeunes victimes obtiennent réparation. Et de poursuivre qu’il faut plaider en faveur de normes régionales et internationales propres à garantir la justice et la fin de l’impunité des coupables, dans l’intérêt des enfants touchés par les conflits. “Nous devons veiller à ce que les enfants victimes de graves violations soient traités avant tout comme des victimes. Assurer aux enfants l’accès aux services nécessaires en aidant à renforcer les capacités disponibles au niveau local pour p-secourir les enfants touchés par la guerre”.
Accès des enfants aux soins et à l’éducation
L’Organisation estime que les Etats membres doivent s’engager à assurer à tous les enfants un accès aux soins et à l’éducation notamment en cas d’urgence et dans les processus de réintégration à long terme. En invitant ses pays membres à redoubler d’efforts pour que les enfants aient toujours accès à l’aide humanitaire, même en période de conflit et veiller à ce que tous les enfants libérés par des groupes et forces armés aient accès à des programmes de réintégration durable.
“Nous devons augmenter l’offre de services en fonction du genre mis à la disposition des enfants qui ont survécu à des violences sexuelles, notamment un soutien médical et psychosocial à long terme”, conseille l’Organisation
Prévention des violations
Dans le cadre de la prévention des violations, il est envisagé de travailler avec les populations des pays touchés par un conflit pour renforcer la sensibilisation et la mobilisation en faveur des enfants et veiller à ce que tous les pays touchés par un conflit, y compris ceux qui accueillent des missions de paix ou des missions politiques des Nations Unies, disposent de suffisamment de compétences et de capacités spécialisées en matière de protection de l’enfance.
Ainsi, il faut développer et renforcer les capacités de protection de l’enfance au sein des forces de sécurité nationales, des acteurs non étatiques, y compris des organisations de la société civile, et de la communauté internationale en élaborant et mettant en œuvre des plans nationaux et régionaux visant à prévenir les violations contre les enfants afin d’intégrer les questions relatives à la protection des enfants dans les processus de paix.
Renforcement du partenariat
Pour renforcer les partenariats entre l’Onu, la société civile, notamment les organisations interconfessionnelles, le rapport indique que les pays touchés et la communauté internationale doivent travailler avec les universités et les autres établissements de recherche pour renforcer les connaissances et les pratiques en matière de protection de l’enfance afin d’améliorer la protection des enfants affectés par les conflits. Cela, en prenant part à la création ou à la mise en œuvre d’une initiative locale visant à renforcer les actions de plaidoyer et de soutien en faveur de la protection de l’enfance ou soutenir les parties aux conflits dans leurs efforts pour faire cesser et prévenir toutes les violations à l’égard des enfants en période de conflit armé.
“Ensemble, nous pouvons agir pour protéger les enfants touchés par les conflits armés ! Restons informés des défis auxquels sont confrontés les enfants qui grandissent dans des pays touchés par un conflit et faites circuler ces informations. Rappelons aux parties belligérantes que cela fait longtemps que le monde s’accorde sur la nécessité de protéger les enfants. Soutenons les organisations qui s’occupent des enfants victimes de graves violations en œuvrant à l’instauration d’une culture de paix et soutenez les initiatives visant à rendre la société plus sûre pour les enfants. Encourageons la Communauté internationale à consacrer plus d’attention et de ressources à la protection des enfants “.
Conséquences des conflits sur les enfants
Selon l’Onu, les guerres ont des règles qui lient toutes les parties et qui servent à protéger les civils, notamment les enfants. Or, précise le rapport, des millions d’enfants, filles et garçons, abordent chaque matin leur journée dans des zones en proie à des conflits armés où ils n’ont pas la protection qui leur est due. Donc, mettre fin et prévenir les violations envers les enfants est le mandat de la Représentante spéciale du Secrétaire général des Nations Unies pour les enfants et les conflits armés.
Pour ce faire, la Communauté internationale a défini les six violations graves ci-après comme étant celles dont les enfants sont le plus souvent victimes en période de guerre. C’est également sur cette base que l’ONU recueille des informations vérifiées concernant le sort des enfants en temps de conflit armé, en rend compte, et prend des mesures pour améliorer la protection de ces enfants.
Recrutement et utilisation d’enfants
Dans bien des conflits, les enfants sont mêlés directement aux combats. Ils sont mis à contribution également pour d’autres tâches, par exemple pour faire le guet, servir de porteurs, faire la cuisine ou dispenser des services sexuels. Quel que soit leur rôle, les enfants que l’on recrute et que l’on utilise ainsi sont exposés à une violence extrême, soit comme victimes directes, soit comme témoins ou comme protagonistes contraints et forcés.
Chaque année, des milliers d’enfants sont blessés et tués à cause d’un conflit. Beaucoup, également, sont victimes de mines terrestres et de munitions non explosées. Certains sont même utilisés pour commettre des attentats-suicides. Ceux qui réchappent de cette expérience portent toute leur vie les séquelles physiques et mentales de cette violence.
Attaques contre des écoles et des hôpitaux
Dans plus d’un conflit, la notion selon laquelle les écoles et les hôpitaux sont des zones de paix est remise en question. Les écoles sont utilisées à des fins militaires et les élèves, les enseignants et les écoles deviennent des cibles. Les conflits et l’insécurité peuvent conduire à la fermeture d’une école ou d’un hôpital, ou en perturber le fonctionnement, ce qui prive les enfants d’éducation et de soins.
Violences sexuelles faites aux enfants
Dans les situations de conflit, les enfants sont fréquemment l’objet de viols, de violences sexuelles et de mariages forcés. Malgré l’attention que suscite à travers le monde la mobilisation pour mettre fin à la violence sexuelle en période de conflit, ce type de violation à l’encontre des filles et des garçons reste rarement signalé en raison de la peur de la stigmatisation et du manque de services. Les enfants qui subissent des violences sexuelles souffrent de traumatismes à long terme et de séquelles médicales de leur expérience, y compris les grossesses non désirées et peuvent être mis à vie au ban de leur communauté.
Meurtre ou atteinte à l’intégrité physique des enfants
Le déni d’aide humanitaire à des civils pris au piège ou déplacés par un conflit est de plus en plus souvent utilisé comme tactique de guerre. Les exemples abondent d’enfants piégés dans des zones assiégées ou privés d’accès à l’alimentation, à l’eau, à un abri ou à des secours médicaux, y compris des vaccins. Le déni d’aide humanitaire à des civils pris au piège ou déplacés par un conflit est de plus en plus souvent utilisé comme tactique de guerre. Les exemples abondent d’enfants piégés dans des zones assiégées ou privés d’accès à l’alimentation, à l’eau, à un abri ou à des secours médicaux, y compris des vaccins.
Enlèvement d’enfants
Les enlèvements collectifs d’enfants, en augmentation ces dernières années, sont une tactique utilisée pour terroriser ou cibler des groupes politiques, ethniques ou religieux. L’enlèvement d’enfants, qui annonce souvent d’autres violations est systématiquement mis à profit par certains éléments armés pour recruter des enfants soldats et commettre des violences sexuelles. Chaque année, des dizaines de milliers de filles et de garçons sont victimes d’une ou plusieurs violations graves.
Boubacar PAÏTAO
Source: Aujourd’hui-Mali