En visite de travail à Bamako, le samedi dernier, le président du Niger, Mahamadou Issoufou, a dit haut et fort au palais de Koulouba, son sentiment sur la situation qui prévaut à Kidal. Il a dénoncé aussi la collusion entre des groupes signataires de l’Accord de paix et des groupes terroristes. En somme, Issoufou a dit à Bamako tout haut ce que certains murmurent tout bas.
Et ce n’est pas la première fois que le chef d’État nigérien monte au créneau pour dénoncer la collusion entre des groupes armés signataires de l’Accord de paix et des groupes djihadistes. Déjà en 2016, lors d’une visite en France, il avait pointé le doigt sur les connexions entre certains groupes armés et les terroristes qui constituent une grosse menace dans le Sahel.
En effet, au cours de la conférence de presse commune avec le président Français de l’époque, François Hollande, Mahamane Issoufi, n’avait pas mâché ses mots : « Nous sommes face à des difficultés de mise en œuvre de ces Accords de paix et malheureusement des mouvements armés, on le constate, ne jouent pas toujours le jeu de la paix », a dit le président du Niger selon qui « il y a des complicités entre certains de ces mouvements et les terroristes d’AQMI, d’Ansar Dine, d’Al Mourabitoune et autres ».
Le président nigérien n’est pas le seul à faire le lien de la connexion entre des groupes armés signataire de l’accorde et des groupes terroriste. En effet, dans un rapport de l’ONU, daté du mercredi 8 août 2018, il est indiqué que des membres des groupes armés contribuent à des attaques terroristes et à des trafics de migrants et de drogue. Le rapport est accablant ! Les Nations-Unies (ONU), via leur groupe d’experts indépendants sur le Mali, dénonce, noms à l’appui, l’implication de membres de groupes armés signataires de l’Accord de paix d’Alger ou désignés comme « coopératifs » dans des attaques terroristes, mais aussi dans le trafic de migrants et de drogues.
Pour le panel d’experts indépendants mis en place en février 2018, il n’y a aucun doute sur l’existence de passerelles entre très actives, le HCUA et Iyad Ag Ali qui montre l’hégémonie de ce dernier sur Kidal. Faut-il rappeler que le HCUA est issu de Ansar Dine, mouvement terroriste de Iyad Ag Ali.
Le rapport établi clairement la liaison entre Kidal et des groupes armés sévissant au Centre.
Par ailleurs en 2017, le général Christian Allavène, représentant du commandant de la force Barkhane au cours d’une rencontre avec la presse, avait, lui aussi, dénoncé les liens troubles qui existent entre des groupes terroristes et des membres des groupes armés, pourtant signataires de l’accord de paix d’Alger.
Pour lui, des membres des groupes armés, pourtant signataires de l’Accord de paix d’Alger, ont un pied dans le processus de paix et un autre dans les groupes terroristes ont un pied dans le processus de paix et un autre dans les groupes terroristes : « Les différentes opérations que nous avons menées récemment dans le nord, mais pas uniquement, notamment par la saisie d’un certain nombre de pièces à charge, démontrent la collusion qui existe entre certaines personnes de certains groupes armés signataires, et des groupes armés terroristes ».
L’Accord de paix d’Alger avait été signé en 2015 par la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), la Plateforme (groupes armés progouvernementaux) et l’Etat dans le but de mettre fin au conflit dans le Nord. Malgré ces preuves accablantes, le gouvernement préfère se murer dans un silence assourdissant.
Mémé Sanogo