Le Collectif pour la Défense du Patrimoine Foncier de Moribabougou et N’Gabacoro a organisé son premier sit-in le 25 février dernier devant les murs en béton qui envahissent le fleuve Niger à Moribabougou. Au cours des interventions, les organisateurs ont pointé un doigt accusateur au chef de cabinet du Ministère de l’Environnement de l’Assainissement et du Développement Durable.
L’appel des défenseurs du patrimoine foncier de Moribabougou et N’gabacoro a été massivement répondu par les populations concernées le 25 février dernier. Très tôt dans la matinée, le public s’est massé non loin du site des constructions sauvages qui occupent dangereusement le lit du fleuve Niger.
Sur une longue banderole imprimée en rouge sur blanc, on pouvait lire « Non à l’occupation des places publiques » ou encore « Non au banditisme foncier ». Les organisateurs ont longuement énuméré plusieurs autres cas de spéculations foncières comme des terrains de sports, des rues, des emprises de marigots et tant d’autres places publiques qui se vendent à Moribabougou et N’Gabacoro, en ce moment, comme du petit pain. Ils ont exprimé leur ras-le-bol face à cette situation asphyxiante.
Puis ils ont invité les nombreux journalistes présents à une visite guidée. Le constat est alarmant. Derrière le long mur qui barre l’accès au fleuve sur plusieurs dizaines de mètres, on assiste à un remplissage progressif du lit avec des pierres et de la latérite. Le hic est que l’auteur de cet acte inqualifiable serait le chef de cabinet de la ministre de l’environnement de l’assainissement et du développement durable.
L’annonce est tombée comme un coup de tonnerre lors du rassemblement qui a suivi la visite des lieux. Encore une fois, des cadres du département de Madame Keita Aida M’Bo sont cités dans des affaires pas orthodoxes en plus des parties de chaise musicale auxquelles on assiste. Depuis l’affaire de cumul de fonctions de Madame Diallo Salimata Diawara en passant par Madame Gologo Aminata Diarra, le cabinet de ce ministère n’en a pas fini avec des personnages sulfureux à sa tête.
Si la révélation faite par les défenseurs du patrimoine foncier de Moribabougou et N’Gabacoro s’avère, on se trouve face à un scandale qui ne dit pas son nom. Il s’agit d’une contradiction radicale avec ce que Madame Keita Aida M’Bo nous présente comme un pilier de sa politique environnementale.
En effet, celle que certains nomment « la dame verte » ne cesse de faire des discours captivants sur la lutte contre le changement climatique et la protection de la nature. « Restaurons les écosystèmes dégradés, un devoir noble contre les effets du changement climatiques. » a-t-elle dit lors de son passage à Tienfala pour la campagne de reboisement.
L’année dernière, elle a défendu ces lignes dans certaines rencontres internationales comme au sommet des ministres de l’environnement au siège des nations unis et au Cop 23 à Bonn en Allemagne. Pendant ce temps on apprend qu’elle travaille avec une personne qui coupe les arbres de la berge du fleuve, remplit le lit et met en place des fortifications comme pour montrer que la protection de l’écosystème au Mali n’est qu’un discours stérile.
Affaire à suivre.
Issa Santara
Par Ciwara Info