Il n’est plus un secret pour personne que le gouvernement de la République du Mali a pleinement adhéré au régime fédéral du territoire national sous le vocable trompeur de «régionalisation» qui ne s’appuie que sur des autorités traditionnelles. Il faut dire ici et maintenant que ces autorités traditionnelles ne peuvent se vanter de la moindre légitimité historique.
Le fait de reconnaitre les cadis (juges coraniques) en matière de justice, le gouvernement d’IBK porte gravement atteinte à la laïcité de la République. Lorsqu’il prend sur lui la lourde responsabilité de légitimer les groupes rebelles armés en territoire malien, il sape les fondements de l’unité nationale.
En signant cet Accord global d’Alger sans que les criminels de guerre rendent compte au peuple malien, le gouvernement du Mali décide ainsi de trahir la nation malienne. Il est temps pour lui d’arrêter les bluffs politiciens pour enfin honorer notre peuple qui a sacrifié bien de ses enfants sur l’autel de la démocratie.
En prenant sur lui, la mesure de dire haut et fort que l’Accord global est équilibré et satisfaisant, le ministre des Affaires étrangères du Mali doit se rendre à l’évidence que notre peuple l’a compris et qu’en toute chose il est judicieux de considérer la fin. Comme dans une pièce de théâtre, chaque acteur joue sa partition et s’efface. La frénésie avec laquelle le gouvernement malien et son mentor français veulent à tout prix faire croire à notre peuple que l’essentiel est préservé est un symptôme sur de la partition du Mali.
La France qui cherche à faire une mainmise sur notre pays n’épargnera aucune piste pour arriver à ses fins. Mais qu’elle comprenne qu’elle pose une très fausse équation. Il faut dire qu’avec ou sans IBK, le Mali ne sera pas une chasse gardée de la France coloniale.
Quant aux rebelles armés qui disent qu’ils vont consulter leur base avant de parapher ou non le projet d’accord d’Alger, il faut dire qu’il cherche à tromper le peuple malien. Ainsi en faisant du tapage autour dudit Accord ils comptent jeter la poudre aux yeux de notre peuple qui pourrait se dire qu’en refusant de signer le fameux Accord «les rebelles ont compris qu’ils ont perdu».
Enfin ce que l’on pourrait appeler opinion internationale a bien pris effet et cause pour la partition à peine voilée de notre territoire. Le gouvernement d’IBK, les rebelles et la communauté internationale ou plus exactement la France doivent se rendre à l’évidence que dans des circonstances comme celle de la crise du nord, notre peuple sait faire sien, le conseil patriotique de feu Modibo Keita selon lequel : «lorsque les vrais propriétaires deviennent des spectateurs, c’est le festival des brigands». La lutte sera âpre, mais le Mali ne sera pas morcelé. IBK doit agir vite et s’en tenir à la volonté du peuple malien car dans l’histoire des peuples, les hommes sont les artisans de leur devenir.
Fodé KEITA
Source: L’Inter de Bamako