Des manifestations contre la vie chère ont tourné à l’émeute mercredi 10 août et fait plusieurs morts. Le président Julius Maada Bio, qui était à l’extérieur du pays, a été contraint de rentrer.
La manifestation, à l’appel d’un groupe de femmes commerçantes, se voulait pacifique. Elle a finalement tourné à l’émeute meurtrière mercredi. Au moins quatre policiers sont morts et d’autres ont été grièvement blessés, a indiqué le porte-parole de la police Brima Kamara. Plusieurs civils ont également été tués lors de ces affrontements sanglants, selon un responsable de la morgue de Freetown interrogé par l’AFP et les médias locaux.
« Nous avons reçu plus d’une douzaine de cadavres à la morgue depuis hier (mercredi), certains de Freetown, d’autres de Makeni, parmi lesquels des policiers et des civils », a précisé ce responsable sous couvert de l’anonymat.
Le président Julius Maada Bio, en visite privée au Royaume-Uni, est rentré dans la nuit de mercredi à jeudi et a tenu des réunions dans la journée avec des membres de son cabinet et du gouvernement, a indiqué le directeur de la communication de la présidence, Tanu Jalloh.
Couvre-feu
La Haute-Commissaire de l’ONU aux droits de l’Homme, Michelle Bachelet, s’est dite « alarmée par les nombreux victimes et décès » en Sierra Leone et appelle le gouvernement à « mener des enquêtes rapides, impartiales et complètes sur les violences d’hier » mercredi, dans un communiqué publié jeudi. Les autorités « doivent faciliter les manifestations pacifiques plutôt que les empêcher et s’abstenir de réponses disproportionnées et non nécessaires aux protestations comme la coupure d’internet et l’imposition d’un couvre-feu », a-t-elle ajouté.
Le couvre-feu est maintenu jusqu’à une date indéfinie de 19h00 à 07h00 du matin. « Le calme est revenu aujourd’hui mais nous sommes paniqués pour nos affaires. Les activités commerciales sont perturbées », a déclaré Alieu Sesay, au cœur du quartier des affaires de Freetown. La Banque de Sierra Leone a ouvert jeudi avec des horaires réduites, de 11h00 à 14h30.
Internet coupé
La connexion internet, suspendue momentanément la veille, restait jeudi très défaillante et a été coupée presque toute la nuit, a indiqué NetBlocks, un site basé à Londres qui surveille les blocages sur internet à travers le monde. Le centre national de cybersécurité a également annoncé que le gouvernement allait mettre en place des mécanismes de suivi des réseaux sociaux, sans préciser lesquels.
Mercredi, de violents heurts avaient opposé la police et des manifestants appelant au départ du président Bio, à Freetown et dans plusieurs villes de la province du Nord, notamment à Kmakawi et Makeni. L’initiative de la manifestation est venue d’un groupe de femmes commerçantes – The Grassroots Women of Salone – qui a convoqué un « rassemblement pacifique » pour « attirer l’attention sur les difficultés économiques ». Plusieurs appels sur les réseaux sociaux ont ensuite poussé la population à sortir protester sur fond de difficultés économiques, aggravées par la pandémie de Covid-19 et par les conséquences de la guerre en Ukraine.
Source : Jeune Afrique Avec AFP