Directeur général de l’Agence de promotion touristique du Mali, nous édifie.
Quels sont les facteurs qui handicapent aujourd’hui le tourisme interne ?
L’un des facteurs qui constitue vraiment un obstacle pour le développement du tourisme interne est l’aspect revenu. Pour songer à faire du tourisme, il faut avoir satisfait ses autres besoins primaires. Le Malien lambda a des revenus qui ne lui permettent pas d’entreprendre des voyages touristiques. Un autre facteur est culturel. Aujourd’hui, il n’est pas toujours bien vu que des personnes s’adonnent à cette activité dans certaines localités. Ce sont des pratiques qui, pour beaucoup, de par leur origine, viennent « d’ailleurs ». Le tourisme est vu comme une forme d’aliénation, de renoncement aux siens. Le déficit en informations est aussi un facteur qui handicape le tourisme interne. Les Maliens n’ont pas suffisamment connaissance des différentes possibilités touristiques du pays. Ils n’ont pas non plus suffisamment d’éléments en termes d’opportunités et d’offres adaptés à leurs besoins.
Comment amener un changement de comportement ?
Après analyse de la situation, le département en charge du Tourisme a travaillé sur 4 axes pour promouvoir le tourisme interne. Le 1er était de mener des actions de communication-marketing pour faire connaitre davantage les produits touristiques du pays aux populations. Nous avons commencé il y a 5 ans et atteint il y a deux ans un virage assez important avec des voyages organisés sur certains sites touristiques à Bamako et à l’intérieur du pays pour les jeunes, en vue de les initier aux pratiques touristiques. Le 2ème tendait à diversifier l’offre touristique du Mali, pour la transformer et l’adapter aux besoins de la clientèle malienne. Ainsi, nous appuyons les collectivités locales dans l’aménagement de leurs sites touristiques pour les rendre plus accessibles et plus attractifs. Également, en rapport avec le secteur privé, nous voulons créer des parcs d’attractions dans les environs de Bamako et dans certains sites touristiques. Quant au 3ème axe, il vise à engager une synergie d’actions avec des partenaires privés et publics. Nous collaborons dans ce cadre avec les ministères de l’Environnement et de la Sécurité pour la sécurisation des sites touristiques. Tant qu’il n’y a pas un environnement sécurisé, il n’y a jamais de tourisme. Et le dernier axe – qui n’est pas le moindre – est mis en œuvre pour séduire la clientèle de la diaspora. Ils sont nombreux ceux qui passent leurs vacances au Mali. Nous travaillons avec les associations de la diaspora pour les convaincre de participer activement à la relance de l’activité touristique en effectuant des visites sur les différents sites.
Quelles sont les actions que vous comptez mener pour mieux promouvoir le tourisme interne ?
Bientôt nous allons lancer une plateforme de jeux. Les enfants maliens pourront apprendre leur patrimoine touristique en jouant, sous forme de puzzles. Ils reconstitueront des images de la mosquée de Djenné, d’un paysage du pays dogon ou de la case sacrée de Kangaba… Nous travaillons aussi au développement des activités ludiques sur le fleuve Niger. L’objectif est de faire en sorte que ce fleuve, qui traverse le Mali, soit valorisé et exploité de façon touristique. Nous intervenons aussi dans la formation des guides, des acteurs locaux, dans le cadre de la diversification.
Mais tout cela nécessite un gros budget… Comment faites-vous sur ce plan ?
C’est là où le bât blesse. Nous n’avons pas suffisamment d’argent pour travailler à hauteur de souhait. Le budget annuel de l’Agence, qui varie de 1 à 1,5 milliard de francs CFA, dédie chaque année de 50 à 70% de son montant à la promotion du tourisme.
Propos recueillis par Aly Asmane Ascofaré
Source: Journal du Mali