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Sidi Sissoko dit Iba Montana, rappeur : Un provocateur rendu populaire par la censure

Au Mali, il n’y pas un rappeur qui suscite la polémique et focalise les critiques sur son art, son style, ses idées… qu’Iba Montana. Sidi Sissoko de son vrai nom, ce ghetto man de 22 ans, aime provoquer et la censure l’aide à se faire passer pour un martyr aux yeux de ses «Tchalés», pardon de ses fans !

Il se prend pour un prophète qui s’adresse à ses fidèles (Fans). Il pousse la provocation au blasphème. C’est sans doute pourquoi une grande partie de l’opinion le fait passer pour Satan. Et ses clips n’arrangent pas la situation puisqu’il encourage la violence, incite à la violence… Ce qui lui vaut une interdiction de ses concerts et autres activités culturelles. À l’image du spectacle prévu le 14 avril 2018, au Stade Omnisports Modibo Kéita et annulé à la dernière minute.

Découvert sur la scène rapologique en 2012, Sidi Sissoko alias Iba Montana suscite la polémique sur sa musique et focalise les critiques par rapport à la supposée influence de ses messages et clips sur les enfants. Et cela parce que, depuis 2015, le jeune artiste est passé du «rap conscient» à ses débuts, à un style engagé et violent qui frise souvent la démence. Mais, pour les fans, Iba Montana est un incompris.

«Les gens ne le comprennent pas. Tout ce qu’Iba Montana dit, il ne le pratique pas. Il parle de la société d’aujourd’hui», défend l’un d’entre eux. Et pour un autre, sur les réseaux sociaux, «ce n’est pas Iba Montana qui gâte nos enfants. Ils déraillent parce que nous ne sommes plus capables de les éduquer. Le Mali se dit pays musulman or ils sont nombreux ceux pensent que l’islam se limite à la prière. Le petit dit la vérité ! Ce qui me choque dans son discours, c’est le blasphème». Et comme le dit si bien un activiste malien, «ils s’en prennent inutilement à Iba Montana … Sinon, il y a des adultes qui font pire que lui et qui sont censés être bien éduqués, mais qui agissent comme lui, mais en grand modèle».

Sans compter qu’il ne faut pas prendre les expressions utilisées au pied de la lettre. Et surtout que tout n’est pas négatif dans son discours car il voue un véritable culte à sa mère et, en conséquence, il a un profond respect pour la femme. «Je ne cite personne dans mes chansons. Seuls les morveux peuvent alors se moucher. Les gens peuvent dire que mes chansons ne leur conviennent pas, que ça dérange leur conscience… Mais ils savent en âme et conscience que ce que je dis est vrai», se défend fréquemment le jeune rappeur dans des entretiens accordés à la presse.

Comme il le dit dans une interview (RHHM BUZZ), si nous éduquons bien nos enfants, ils n’auront pas le temps de suivre des rappeurs comme Iba Montana. Est-ce que c’est Iba Montana qui a fait de nos garçons des gays et qui a transformé nos filles en lesbiennes ? Est-ce que c’est le jeune rappeur controversé qui pousse nos enfants à se prostituer ? L’avez-vous vu un jour vendre du ganza ou du joint à nos enfants ? Qui peut contester ce qu’il reproche à nos leaders religieux, à nous fidèles qui réduisent la religion à l’apparat ? Ment-il quand il dit qu’il est facile de s’en prendre à lui que sinon tous nos dirigeants sont des voleurs ?

En quête de revanche sur la société qui l’avait exclu

Ce qui est évident, ce qu’on ne sert pas Dieu dans l’hypocrisie et dans la méchanceté. C’est malheureusement ce que font beaucoup de Maliens. «Le réveil sera brutal le jour de la résurrection», prévient notre imam. De toutes les manières, les critiques, Montana s’en fiche. «Les Maliens ne savent plus ce qu’ils veulent. Si tu ne cesses pas de les écouter, tu ne parviendras à rien concrétiser dans ta vie», a-t-il ironisé dans une interview sur RHHM Buzz.

Le Ghetto man, dans ses déclarations et interviews, aime à entretenir le mystère autour de son personnage. Cièya yé goundo yé (ce sont les mystères qui font l’homme). Il ne dévoile son identité que dans ses chansons dont les textes sont écrits par une plume trempée dans du vitriol. Il avoue fréquemment avoir «grandi dans la rue» où il a été apprenti mécanicien pour pouvoir soutenir sa mère. Donc, ses chansons sont en partie inspirées de ses déceptions et de ses désillusions… refoulées. Pour Iba, il est une victime.

Victime du système, d’une société qui l’a longtemps exclu sur son banc. Et il a dû lutter dans la rue pour se frayer un chemin, se faire une place, se forger un mental et une identité : la bête noire du code conventionnel qui régit chaque société ! Il cherche à se stigmatiser pour accrocher plus de fans. Et en essayant de le censurer par tous les moyens, on contribue à sa notoriété dérangeante. La censure attire toujours les regards sur les objets ou les gens qui en sont la cible. Pour mieux attirer le regard sur une personne, il faut la brimer ou l’opprimer. Comme l’a récemment commenté une consœur, «la censure actuelle a rendu beaucoup de gens populaires et célèbres. Je pense à Rasta à Montana… Laissez les gens exprimer leur ingéniosité. Plus on veut fermer les gueules plus ça explose». Le cas Ras Bath aurait dû, en effet, pousser nos autorités à réfléchir par deux fois avant de s’acharner sur qui ce soit parce que son discours dérange.

La preuve est que les titres de Montana font tabac aujourd’hui. Même de petits enfants se cachent pour l’écouter. À l’image de ce gamin surpris tôt le matin par sa maman écoutant «Satan» sur un téléphone portable. Elle lui a repris l’appareil avant de le sermonner copieusement en menaçant de détruire le téléphone à coups de pilon la prochaine fois qu’elle le surprendrait en train d’écouter Montana. À la maison, je me suis rendu compte que ma fille de 5 connaît presque toutes ses chansons qu’elle a écoutées avec ses frères. Personnellement, je ne me suis intéressée à lui qu’après l’interdiction de toutes ses activités dans la commune IV du District de Bamako et l’annulation de concert à Bobo Dioulasso (Burkina Faso). Je me suis demandé comment un jeune rappeur de 22 ans pouvait-il être diabolisé à ce point ? Je ne suis pas fan du rap, donc du jeune rappeur. Et je ne cherche pas à faire l’avocat de Satan, pardon du diable. Je fais juste mienne cette citation apocryphe (dont l’authenticité n’est pas établie) selon laquelle, «je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu’à la mort pour que vous ayez le droit de le dire» ! Azala !

Moussa BOLLY

Le Reporter

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