Pourtant les statuts de la Fonction publique prévoient des sanctions graduelles contre ceux qui s’absentent sans motif valable. Les troubles à l’ordre public sont-ils une excuse ?
Ces derniers temps, nombre de travailleurs des services publics et parapublics ne se présentent pas à leurs postes. Le constat a été fait hier par notre équipe de reportage dans certaines structures.
À la Cité administrative où sont regroupés la plupart des ministères, il régnait un calme plat. Beaucoup d’agents n’étaient pas présents. Au bâtiment abritant le ministère de la Cohésion sociale, de la Paix et de la Réconciliation nationale, on se croirait un jour férié. Situation identique dans d’autres départements ministériels. Ce qui est encore frappant, on pouvait voir des journaux placés sous les portes des bureaux à quelques heures de la descente. Un agent qui a requis l’anonymat estime que beaucoup de travailleurs sont allés fêter au village.
À la direction générale de la Fonction publique, la quasi-totalité des travailleurs étaient rentrés avant l’heure de la descente. Selon un jeune homme que nous avons rencontré dans la cour, certains ont vite plié bagages à cause des manifestations liées à la désobéissance civile.
Dr Ibrahim Boubacar Sow est enseignant chercheur à la Faculté de droit public de Bamako. Selon lui, l’absentéisme dans le cadre de la gestion des services publics peut être défini comme une manifestation volontaire ou autorisée d’un fonctionnaire de l’État ou de la Collectivité territoriale.
Poussant la réflexion, le chercheur rappelle d’abord les obligations qui pèsent sur le fonctionnaire ou l’agent public. «Il s’agit notamment de l’obligation de servir avec dignité, dévouement, loyauté et intégrité l’État ou une Collectivité territoriale, du respect des horaires de travail. Il s’agit aussi pour l’agent ou le fonctionnaire d’accomplir la responsabilité des tâches qui lui sont confiées dans le contexte du cadre organique des structures», explique-t-il.
Celui qui ne dispose pas d’une autorisation d’absence, encourt des sanctions. À ce propos, Dr Ibrahim Boubacar Sow révèle que les procédures disciplinaires sont prévues par le statut général des fonctionnaires. D’après lui, les procédures de premier degré sont de deux ordres, à savoir l’avertissement et le blâme.
«Ces deux sanctions peuvent être prises par le chef de service hiérarchique», dit-il. Concernant les sanctions de second degré, Dr Sow explique que celles-ci renvoient à plusieurs types de sanctions comme l’abaissement d’échelon de l’agent ou fonctionnaire fautif, son exclusion temporaire, sa rétrogradation ou sa révocation définitive. Il est à préciser que cette dernière sanction très lourde est prise par le ministère en charge de la Fonction publique.
Il faut dire que beaucoup de travailleurs rechignent actuellement à prendre la route pour aller au bureau par crainte des violences liées à la désobéissance civile en cours.
Bembablin DOUMBIA
Source: Journal l’Essor-Mali