Le G5 Sahel a été créé le 16 février 2014. Sept ans après, lors du sommet de N’Djamena, les Etats constatent que les objectifs sont loins d’être atteints.
Le G5 Sahel a été créé à Nouakchott le 16 Février 2014 par cinq pays de l’espace sahélo-saharien : le Burkina Faso, le Mali, la Mauritanie, le Niger et le Tchad. Une convention actant cette création a été officiellement signée le 19 décembre 2014.
“Si nous pouvons nous réjouir de la dynamique commune qui est mise en marche dans la lutte contre le terrorisme au Sahel, le bout du tunnel n’est pas toujours perceptible”, a indiqué le président du Tchad Idriss Déby lundi à l’ouverture du sommet de N’Djamena.
En dépit de victoires militaires revendiquées sur les djihadistes par la force multinationale du G5 Sahel, son bilan reste donc mitigé, de l’avis de l’hôte du sommet.
Des attaques qui se multiplient
Plus de huit ans après le début dans le Nord du Mali d’une crise sécuritaire qui continue à s’étendre à la sous-région, il ne passe presque pas un jour sans attaque terroriste dans les trois principaux pays touchés à savoir le Mali, le Niger et le Burkina Faso.
Les civils sont les principales victimes de cette insécurité. D’ailleurs, la barre des deux millions de déplacés a été franchie en janvier. Un an après le sommet de Pau en France, la situation n’a pas changé.
Le président Idriss Déby, nouveau président en exercice du G5 Sahel a souligné que “les populations de l’espace sahélien qui vivent au quotidien les affres des attaques terroristes attendent de nous tous des actions concertées qui améliorent la situation sur le terrain. La mobilisation des Etats du G5 Sahel doit être soutenue par l’ensemble de la communauté internationale”.
Une approche qui montre ses limites
Pour le politologue tchadien Evariste Ngarlem Toldé, c’est l’approche mise en place par le G5 Sahel qui a montré ses limites.
“Les chefs d’Etats qui se réunissent généralement tentent simplement de réaffirmer leur unité d’action, mais sur le terrain concrètement on constate que le terrorisme avance. La région des 3 frontières (Mali, Niger et Burkina Faso) reste toujours menacée par les terroristes qui tentent même d’étendre leur zone d’action jusqu’au Golfe de Guinée. Le G5 Sahel n’a pas du tout atteint ses objectifs fixés, ni sur le plan sécuritaire, ni l’aspect développement, encore moins sur la gouvernance des Etats concernés. Il faudrait d’autres méthodes pour résoudre cette crise transfrontalière qui n’a que trop duré”, regrette Evariste Ngarlem Toldé.
Pour soulager les populations victimes dans le Sahel, le sommet de N’Djamena entend adopter un agenda des priorités pour l’année 2021. Il s’agit du retour obligatoire de l’Etat dans les zones fragiles jusque-là entre les mains des djihadistes, de l’éducation, de l’emploi des jeunes et du développement du secteur privé.