Le dispositif en place a été incontestablement salvateur pour les collectivités. Il faut cependant l’adapter aux nouvelles réalités du pays
Dans ce domaine, la vérité basique à respecter est des plus simples. Une sécurité alimentaire structurelle est fondée prioritairement sur la mobilisation systématique et durable des ressources alimentaires ainsi que sur un renforcement des capacités de prévention et de gestion des crises conjoncturelles. La bonne évaluation des besoins alimentaires et nutritionnels essentiels des populations constitue donc un préalable indispensable. Tous ces éléments ont été analysés par les acteurs impliqués dans l’élaboration et la mise en œuvre des politiques nationales en matière de sécurité alimentaire et de banques de céréales. Leurs travaux ont débuté depuis hier au gouvernorat du district de Bamako sous la houlette du Commissariat à la sécurité alimentaire.
La cérémonie d’ouverture de l’important atelier national de concertation sur la gestion des stocks de proximité était présidée par le ministre commissaire à la Sécurité alimentaire, Nango Dembélé et le chef de file des partenaires techniques et financiers de la sécurité alimentaire et nutritionnelle, Mme Sally Haydock. La rencontre enregistre la présence des gouverneurs de Régions, des préfets et sous-préfets, des représentants des services techniques et ONG en charge de la promotion de la sécurité alimentaire, des élus locaux ainsi que des gestionnaires des banques de céréales.
Dans notre pays, la problématique de la sécurité alimentaire est rendue complexe par le caractère changeant des conditions agro-climatiques et socioéconomiques de production. Le taux de couverture de besoins alimentaires et le niveau de sécurité alimentaire s’avèrent satisfaisants en année de bonne pluviométrie. Mais malgré cela, plusieurs contraintes majeures subsistent. C’est pour y faire face qu’une stratégie nationale de sécurité alimentaire a été élaborée en 2002. En appui à cette stratégie, le commissariat à la Sécurité alimentaire procédera en 2005 à la mise en place d’une politique nationale de banques de céréales. Celle-ci enregistrera comme action majeure la création de 760 banques de céréales, à raison d’une banque par commune du pays.
Cette mesure a eu un impact positif sur les populations non seulement des zones vulnérables mais aussi de l’ensemble des communes bénéficiaires. Il a été notamment noté un recul significatif du phénomène de flambée des prix des produits de première nécessité. Cependant malgré les résultats appréciables obtenus, des lacunes majeures ont été enregistrées dans la mise en œuvre de la politique de banques de céréales. Il s’agit entre autres de la mauvaise gestion de certaines banques de céréales, du non renouvellement régulier des stocks à hauteur de souhait par les populations bénéficiaires, du non-paiement des crédits de céréales et de la non pertinence des types de céréales mise en banques.
ACQUÉRIR UN CARACTÈRE DURABLE. En outre, le défi de la généralisation de la politique de banques de céréales pour les 703 communes reste d’une brûlante actualité au regard des dimensions actuelles de la sécurité alimentaire et de son incidence sur les populations rendues de plus en plus vulnérables par la crise multidimensionnelle qui a frappé notre pays. D’où l’importance que va revêtir cet atelier qui vise à évaluer et à analyser les politiques nationales en matière de sécurité alimentaire et nutritionnelle afin de les adapter aux nouvelles réalités du pays à travers la réforme du dispositif national de sécurité alimentaire.
Dans son intervention, le chef de file des partenaires techniques et financiers de la sécurité alimentaire et nutritionnelle, Mme Sally Haydock, a rappelé que l’atelier ambitionne non seulement de relever les défis de l’heure, mais aussi de trouver des alternatives plus avantageuses et moins onéreuses pour renforcer la résilience des populations. Pour l’intervenante, les stocks de proximité ont permis d’enregistrer des acquis importants et ont été d’une grande utilité pour les populations vulnérables au plan alimentaire et nutritionnel. Ces acquis méritent d’être consolidés et surtout d’acquérir un caractère durable grâce à une participation effective des bénéficiaires. Rappelant que les Objectifs de développement durables adoptés en septembre dernier par l’Assemblée générale des Nations unies incluent le défi d’éliminer la faim et la malnutrition à l’horizon 2030, Mme Haydock s’est dit convaincue que les plus hautes autorités du Mali sont animées par la même ambition volontariste.
Faisant remarquer l’absence d’évaluation externe de banques de céréales depuis leurs créations en 2005, l’intervenante a invité le gouvernement à engager une large concertation sur le processus concernant la gestion des stocks alimentaires afin de renforcer la gouvernance et l’efficacité dans ce domaine. « Il est nécessaire que le dispositif de sécurité alimentaire soit doté d’un code de gestion harmonisé des stocks qui préciserait la vocation et les modalités de gestion des différents stocks et aides alimentaires », a-t-elle insisté.
Le ministre commissaire à la Sécurité alimentaire renchérira sur l’importance d’une rencontre qui s’inscrit dans la droite ligne des priorités du gouvernement du Mali. Ce dernier fait en effet de la lutte contre l’insécurité alimentaire l’un des leviers importants pour le développement socioéconomique de notre pays. Le commissariat à la Sécurité alimentaire a lui-même amélioré son dispositif d’intervention suite à la crise alimentaire qu’a connue notre pays en 2005 en ajoutant un maillon important de stocks de proximité à la chaîne de sécurité alimentaire à travers les banques de céréales.
Selon Nango Dembélé, la présente concertation nationale s’inscrit dans la poursuite de la dynamique de recherche des solutions appropriées pour l’amélioration de la gestion et le renforcement des stocks de proximité des populations des communes du pays. Elle constitue, de l’avis du Commissaire, un cadre approprié pour débattre avec les collectivités territoriales décentralisées, les autorités régionales et de sécurité des banques de céréales. Cela afin de proposer une nouvelle approche pour une meilleure performance des banques de céréales dans les rôles qui leur sont dévolus en matière de gestion et de prévention des crises mineures pendant la soudure.
D. DJIRÉ
source : Essor