Au regard de ce qu’il peut apporter au secteur agricole, le Projet semencier intitulé : « Développement de modèles de semences de base économiquement viables pour les cultures vitales à la sécurité alimentaire » est de toute évidence une bonne chose pour notre pays.
Le lancement solennel de ce programme initié par le ministère de l’Agriculture, en collaboration avec l’Association Sasakawa pour l’Afrique s’est déroulé hier à l’hôtel Onomo. La cérémonie a enregistré la participation du secrétaire général du ministère de l’Agriculture, Abdoulaye Hamadoun, de la directrice nationale de Sasakawa, Dr Sokona Dagnoko Sissoko et nombre d’acteurs du développement rural.
Les semences se trouvent au début et à la fin de toute campagne agricole, dit-on très souvent pour rappeler leur importance dans toute activité de production végétale. Malgré les efforts du gouvernement pour développer l’industrie des semences dans notre pays, il y a une couverture insuffisante de la demande théorique de semences certifiées, pour la plupart des cultures de base. A titre d’exemple, l’offre totale de semences certifiées était, lors de la campagne agricole 2016-2017, de 180 tonnes pour le riz pluvial et 659 tonnes pour le riz de bas-fond. A peine de quoi suffire seulement pour « les besoins en semences de 2,8% des superficies ensemencées en riz pluvial, et 3,2% en riz de bas-fond », à en croire la note conceptuelle du projet remise aux journalistes. Mais le document rappelle aussi la nécessité de prendre en compte d’autres facteurs importants, notamment l’accroissement démographique et l’urbanisation accrue et leurs conséquences sur les terres agricoles et l’occupation de la majeure partie du territoire national par le désert du Sahara qui offre « seulement 15 jours par an pour que les cultures terminent leur cycle de croissance ». Par ailleurs, il y a aussi les conditions pluviales jugées défavorables à la production agricole.
Le nouveau projet semencier dont la pertinence est saluée par les acteurs du développement rural, mettra au point de nouveaux modèles de production de semences de base, y compris des petits exploitants agricoles. Selon Abdoulaye Hamadoun, il cible « les cultures marginales, mais vitales. Le projet permettra, à travers son approche participative et inclusive, d’augmenter durablement la production de semences de base dans notre pays », a-t-il ajouté. Pour lui, l’atelier de lancement offre une occasion, à travers travaux de groupes et sessions plénières, d’identifier les véritables contraintes du secteur semencier et les voies et moyens permettant d’y faire face. Pour le Dr Sokona Dagnoko Sissoko, le projet s’appuiera, dans le processus de développement des modèles, sur la « co-création » impliquant l’ensemble des principaux acteurs, notamment ceux de la recherche scientifique, des universités agricoles, des entreprises semencières et de vulgarisation agricole et les producteurs. En plus de la dissémination des modèles performants identifiés par le projet, le Dr Sokona Dagnoko Sissoko a précisé que les actions de plaidoyer seront menées en vue d’attirer l’attention des décideurs politiques sur les enjeux du projet.
Par ailleurs, il est important de souligner que ledit programme est une initiative de l’Association Sasakawa pour l’Afrique, de l’Institut polytechnique rural de formation et de recherche appliquée et de l’Institut royal des tropiques. Le développement de l’industrie semencière malienne dont le potentiel annuel est estimé à 40 milliards de Fcfa (pour mil, sorgho, maïs et riz), est un des moyens nécessaires pour lutter contre l’insécurité alimentaire et nutritionnelle.
Pour ce faire, le gouvernement a entériné comme d’autres pays voisins, la Politique semencière harmonisée des Etats de la CEDEAO.
La mise en œuvre de cette politique, selon les responsables du département en charge de l’Agriculture, permettrait d’améliorer la qualité de nos semences en vue de répondre aux normes/standards, et éventuellement placer notre pays au premier rang des fournisseurs de semences sur les marchés mondiaux. Toute chose qui ne saurait se faire en l’absence d’une bonne politique de production et de gestion de semences de première génération, notamment les semences de base, a précisé le secrétaire général.
Khalifa DIAKITE
Source: Essor