La migration est considérée comme l’un des phénomènes d’insécurité le plus répandu du XXIème siècle. Elle n’épargne aucun pays au monde. Pour les pays de départ, le phénomène est perçu comme un moyen d’enrichissement, tandis que les pays d’accueil vivent de plus en plus le phénomène migratoire comme facteur de troubles. Des deux rives, des actions se mettent en place pour une gestion efficiente du « problème ». Des alternatives économiques, au niveau local se structurent progressivement dans les pays du sud.
Le Mali, un pays réputé pour la mobilité de sa population, compte parmi les pays d’Afrique les plus touchés par la question migratoire. Le pays en a tiré en 2018 plus de 500 milliards de F CFA, une manne financière largement supérieure à l’aide au développement. Il en paye également chaque année un lourd tribut humain. Les statistiques macabres ne découragent pas les aventuriers à partir, mais la mobilité dans le sens inverse est courant également.
Le Mali et ses partenaires, l’Union Européenne en tête, réfléchissent depuis des années à des alternatives durables pour fixer les candidats à l’immigration. Le secteur primaire, la formation professionnelle sont entre autres créneaux pourvoyeurs d’emplois et de richesses vers lesquels sont orientés, rapatriés volontaires et aspirants à l’immigration selon les spécificités géographiques.
A Kayes, la région d’immigration par excellence du pays, plusieurs coopératives agricoles ont été mises en place ces dernières années par des migrants de retour, qui tentent à travers leurs expériences de maintenir les jeunes désireux d’aller de l’autre côté de la méditerranée. En une décennie d’existence, certaines de ces initiatives commencent à faire tache d’huile au sein des communautés.
C’est le cas de l’association des Planteurs et Maraichers de Maréna qui compte en une décennie, des milliers d’adhérents et des centaines de millions de revenus. Grâce aux investissements, notamment dans l’aménagement et les infrastructures hydrauliques, la commune enregistre une baisse sensible de départs vers l’Europe ou dans d’autres pays, grâce aux perspectives qu’offrent les coopératives.
Mais, à l’instar d’autres localités du pays, les retours sont beaucoup souvent perçus comme des échecs. Le processus de changement de mentalité qu’espèrent les rapatriés s’inscrit dans la durée, mais surtout dans la réussite des alternatives proposées. Le secteur agricole demeure le principal axe des initiatives alternatives à l’immigration. Des efforts ont été engagés par les autorités locales et leurs partenaires pour l’attractivité du secteur. Des difficultés d’accès à la terre, au financement et au suivi des programmes subsistent encore.
L’engouement des jeunes pour l’agriculture, l’élevage ou la pisciculture accroit. Le secteur agro-sylvo-pastoral occupe 80% de la population active du pays selon les statistiques officielles. Faute d’investissements structurants, les potentialités du pays restent sous exploitées. L’Agriculture, l’un des plus gros pourvoyeurs de l’économie nationale, est orientée vers l’exportation et la consommation. Alors qu’avec des investissements dans la maitrise de l’eau, les ouvrages hydro agricoles, la mécanisation du secteur et l’industrialisation, l’Agriculture pourrait être une alternative viable et durable à l’immigration.
Bamakonews