Au Mali, le second tour de la présidentielle a été émaillé d’incidents majeurs : un agent électoral a été tué dans la région de Tombouctou par des hommes armés non identifiés ; des bureaux de vote emportés, certaines populations du centre du pays ont été empêchées de voter. Mais de façon générale, le scrutin s’est bien déroulé dans les grandes villes, mais sans affluence.
C’est sous un fort dispositif sécuritaire que les Maliens sont allés aux urnes, afin d’élire leur prochain président. Le scrutin mettait aux prises le président sortant IBK et Soumaïla Cissé chef de file de l’opposition. Mais dans les grandes villes, le scrutin a été marqué par une faible affluence surtout à Bamako.
Il y a eu des retards à l’ouverture des bureaux de vote concernant les centres de vote de Togueré Sarré dans le cercle de Ténenkou dans la région de Mopti, le Groupe Scolaire Saint Joseph de Kalaban-coura dans le district de Bamako, l’école 2ème Cycle de Kéla, cercle de Kangaba, région de Koulikoro et l’école de Babou Djoni, dans le cercle de San (région de Ségou).
Contrairement au premier tour, le matériel électoral était complet dans plusieurs bureaux de vote. À Ouelessebougou, nous avons constaté que malgré la pluie, les populations étaient sorties pour voter. Le maire Yaya Samaké a fait le tour de certains centres de vote. Même si au niveau de la mairie deux mariages ont été célébrés, «C’est aussi la loi, parce que les déclarations ont été faites dans le délai, donc nous sommes obligés de sceller ces unions», a dit notre confrère, maire de Ouelessebougou.
Il y avait quelques dysfonctionnements constatés concernant l’absence de liste électorale et la mauvaise qualité de l’encre à Banzolé. Tout au long de cette route, de Banzolé à Bamako, il n’y avait pas assez d’affluence. Les électeurs étaient rares. Dans la capitale, il y avait aussi beaucoup de mariages. Certains jeunes nous ont fait savoir que le jeu était déjà fait. Car, pour eux, le président sortant ne pourrait pas être battu.
Les difficultés rencontrées à Bamako
Si des efforts ont été faits dans le domaine de la sécurité, en faisant le tour des centres et bureaux de vote à Bamako et périphérie, nous avons constaté les mêmes difficultés qu’au premier tour. Le non affichage des listes électorales devant certains bureaux de vote à Bamako et dans plusieurs autres bureaux de vote dans les régions, la mauvaise qualité de l’encre indélébile, de manière générale ; l’absence de cachet de vote dans plusieurs bureaux de vote à Bamako et dans plusieurs autres bureaux de vote dans les régions ; la non disponibilité des cartes d’électeur non retirées dans plusieurs bureaux de vote, notamment à Massabla Coura dans le cercle de Bougouni. Ou surtout, la persistance du climat de tension dans certains centres de vote à Ségou, Bamako et dans plusieurs autres localités.
Il y a eu une vive altercation à Niaréla parce que le vote par procuration a été empêché. L’utilisation de deux (02) bulletins pré signés par des électeurs à Niaréla (Bamako), la signature illégale de procurations par le sous-préfet de Kati. «D’une manière générale, on note l’absence de bulletins de vote, le problème d’encre de mauvaise qualité, le non affichage des listes d’électeurs devant les bureaux de vote. Sur 881 bureaux observés, 30 n’ont pas tenu compte de l’assistance aux personnes handicapées». C’est le constat fait dans les centres de vote couverts par les Observateurs du Pocim. Lesquels estimaient le taux de participation à 8,11% aux alentours de 12 heures. Le taux maximum était de 14,42% à Tombouctou et le taux le plus bas avait été enregistré à Bamako avec 4,80%.
Le scrutin perturbé par des incidents
Dans la commune de N’dojiga, les bureaux de vote, au nombre de 50, ont été fermés avant l’heure prescrite. Les présidents des bureaux de vote ont rejoint le chef-lieu de cercle à cause de la menace sécuritaire. Pas d’élection dans le village de Sambéré, un village de la commune de Deboye dans le cercle de Youwarou, à cause de la menace sécuritaire. S’y ajoute l’absence d’agents électoraux dans les bureaux de vote du village de Selegourou dans la commune du Farimanké, dans le cercle de Youwarou.
Deux bureaux de vote ont été incendiés à Keltamba dans la commune de Ngouma (cercle de Douentza) et les agents électoraux ont été molestés vers 11 heures. Six bureaux de vote sur les 36 de Hombori n’ont pas été ouverts à cause de la menace sécuritaire. Le président du bureau du village d’Arkodia, commune de Ngorkou dans le cercle de Niafounké, a été assassiné. Ses 4 assesseurs ont été molestés et le bureau de vote a été brûlé.
Selon nos informations, le jeune président de bureau de vote qui a été assassiné avait tenté de fuir, quand les assaillants ont fait irruption. C’est après que l’armée malienne est arrivée dans la zone pour récupérer son corps, et faire des opérations de ratissage.
L’arrêt des opérations de vote a été constaté à Sendegué et Takoutala dans la commune de Konna dans le cercle de Mopti, après le renvoi des agents électoraux par des hommes armés vers 12 heures. Idem pour les opérations de vote à Bouati dans la commune rurale de Niafunké où les agents ont été chassés. Des assaillants sont repartis avec les urnes de 12 bureaux de vote de Nampala, mais ils n’ont touché à personne.
D’une manière générale, les informations recueillies démontrent que l’heure de clôture (18 heures) a été respectée dans la majorité des bureaux de vote couverts par le Pocim. Après la clôture, les opérations de dépouillement ont démarré en présence des Observateurs du Pocim. Le taux de participation concernant 1.571 bureaux de vote était estimé à 22,38% à la fermeture des bureaux. Les taux moyens de participation constatés étaient de 24,53% à Kayes, 15,20% à Koulikoro, 21,93 à Sikasso, 18,73% à Ségou, 18,66% à Mopti, 34,66 % à Tombouctou, 16,39% à Gao, 8,49% à Kidal et 23,54% à Bamako.
Bekaye DEMBELE et Kassim TRAORE
Le Reporter