Le Mali vote à nouveau dimanche pour un second tour de législatives qui, après la présidentielle de l’été et le premier tour du mois dernier, doit sceller le retour à l’ordre constitutionnel en dépit de la crainte toujours présente d’attentats jihadistes le jour du scrutin.
Quelque 6,5 millions de Maliens sont appelés à participer à cette dernière étape d’un processus électoral qui, après la présidentielle remportée le 11 août par Ibrahim Boubacar Keïta (IBK), doit sceller le retour à l’ordre constitutionnel interrompu le 22 mars 2012 par un coup d’Eat ayant précipité la chute du nord du pays aux mains de groupes jihadistes.
Ces groupes liés à Al-Qaïda ont été considérablement affectés par une intervention militaire internationale lancée par la France en janvier toujours en cours, mais des éléments jihadistes restent actifs dans le Nord où, depuis fin septembre, ils ont tué une dizaine de militaires maliens et tchadiens, ainsi que des civils dans des attentats et tirs à l’arme lourde.
Dix-neuf jihadistes ont encore été tués mardi lors d’une opération de l’armée française menée dans la région de Tombouctou.
Les quelque 3.000 soldats français toujours présents au Mali assureront la sécurité du scrutin de dimanche aux côtés de l’armée malienne et des quelque 6.000 soldats de la mission de l’ONU, la Minusma.
Le premier tour du 24 novembre, déjà sécurisé par ces mêmes forces, s’était déroulé sans incidents majeurs, mais la crainte d’actions islamistes armées demeure très présente dans les esprits.
A l’issue du premier tour, seulement 19 sièges avaient été pourvus sur les 147 que compte l’Assemblée nationale.
Le taux de participation y avait été nettement plus faible qu’à la présidentielle – 38,6% contre 48,9% – et risque de l’être plus encore dimanche. La campagne électorale, qui s’achève vendredi soir a été encore plus terne que celle du premier tour, a constaté l’AFP.
Les Maliens “fatigués d’aller voter”
“Il y a le sentiment qu’après l’élection du président de la République, le match est terminé. C’est une erreur, mais c’est comme ça”, note Mamadou Samaké, sociologue et enseignant à l’université du Bamako qui ajoute que les Maliens “sont fatigués d’aller voter”.
Après le premier tour, Louis Michel, chef des observateurs de l’Union européenne (UE), avait exhorté “tous les acteurs de la vie politique à une mobilisation le 15 décembre”. “Dans le contexte particulier du Mali, voter n’est pas seulement un droit, c’est un devoir moral”, avait-il estimé.
L’objectif pour le président Keïta est que son parti, le Rassemblement pour le Mali (RPM), et ses alliés obtiennent une confortable majorité à l’Assemblée nationale.
Les religieux qui, dans un pays à plus de 90% musulman prennent de plus en plus de poids dans la vie politique locale, ont clairement affirmé qu’ils soutenaient le président malien, même s’ils ont des candidats aux législatives disséminés sur les 23 listes de candidatures en compétition qui ne comptent en revanche que peu de femmes.
Soumaïla Cissé, candidat malheureux au second tour de la présidentielle face à IBK, a été élu dès le premier tour dans sa circonscription de Niafunké, près de Tombouctou. Avec son parti, l’Union pour la République et la démocratie (URD), il ambitionne de devenir le chef de l’opposition parlementaire.
Dans le Nord, seuls voteront les électeurs des régions de Gao et Tombouctou, les sièges de la région de Kidal, fief de la minorité touareg et de sa rébellion ayant été pourvus au premier tour, dont deux par des ex-rebelles ayant rallié le parti d’IBK.
Plusieurs centaines d’observateurs nationaux et internationaux surveilleront le scrutin, essentiellement dans le sud et le centre du pays, le Nord étant considéré comme encore trop dangereux pour s’y aventurer.