Dans une déclaration faite hier, 18 des 24 candidats de l’élection présidentielle ont rejeté les résultats du scrutin du 29 juillet dernier. Ils sont allés jusqu’à réclamer la démission du ministre de l’Administration territoriale. Nous nous proposons leur déclaration en intégralité.
Depuis l’annonce des résultats provisoires du premier tour de l’élection présidentielle du 29 juillet par le Ministère de l’Administration Territoriale et de la Décentralisation, le jeudi 2 août, nous avons la confirmation que le pouvoir sortant est prêt à tout pour bafouer la volonté du peuple malien et fausser les résultats de cette élection. Nous assistons en fait à une tentative d’un véritable hold-up électoral.
Bourrages d’urnes massifs dans le nord et le centre du pays, cartes d’électeurs indisponibles dans de nombreux bureaux de vote, fichier électoral mis en ligne vicié, trafic de procurations, irrégularités durant l’ensemble du processus de transmission et de compilation des résultats, incohérences flagrantes entre les suffrages exprimés en pourcentage et le nombre de voix attribuées, égarements de procès-verbaux de dépouillement, impossibilité de vérifier le nombre exact de localités dans lesquelles le scrutin ne s’est pas tenu…, la liste est accablante pour le Gouvernement en charge d’organiser ce scrutin. Les résultats provisoires annoncés ne reflètent pas le vote des Maliennes et des Maliens ! Ils ne sont ni sincères ni crédibles. Ce sont des résultats manipulés que nous dénonçons avec force.
Le 31 juillet dernier, nous faisons remarquer que le scrutin avait été émaillé de graves et multiples anomalies sur l’ensemble du territoire national, notamment :
- l’utilisation abusive des moyens de l’Etat par le président de la République sortant, Candidat à sa propre réélection
- la propagande de l’ensemble du Gouvernement sur le prétendu bilan du président de la République faussant ainsi de façon flagrante l’égalité de traitement des candidats en période électorale notamment par les médias publics,
- le retrait massif de cartes d’électeur par des personnes non titulaires et non habilitées,
- la corruption et achat du vote des électeurs à ciel ouvert,
- le bourrage d’urnes et attribution de résultats fantaisistes à des candidats,
- l’absence des cartes d’électeur non distribuées dans de nombreux bureaux de vote en violation de la Loi électorale,
- l’utilisation frauduleuse de certaines cartes d’électeur non retirées,
- le non affichage de listes électorales devant certains bureaux,
- l’utilisation illégale de procurations dans certains bureaux de vote,
- le port de T-Shirts et casquettes par les partisans du candidat Ibrahim Boubacar KEITA au cours notamment de son meeting électoral tenu le 23 juillet 2018 à Libreville (Gabon),
- de graves perturbations des opérations électorales au Gabon et en France.
Outre les recours en annulation déposés auprès de la Cour Constitutionnelle par plusieurs candidats, unis et solidaires, déterminés et résolus, nous exigeons :
- le recomptage contradictoire des voix et la publication des résultats bureau de vote par bureau de vote.
- la publication de la liste exhaustive des localités et des bureaux de vote où le scrutin n’a pas pu se tenir, et du nombre d’inscrits concernés. Tant que cette liste n’est pas connue et vérifiée par les missions d’observation, le pouvoir peut en toute impunité produire des résultats dans des bureaux de vote officiellement ouverts mais dans lesquels les électeurs ne s’y sont pas rendus faute de sécurité.
- une clarification sans ambiguïté de la communauté internationale et du Ministère de l’Administration Territoriale et de la Décentralisation au sujet du fichier électoral mis en ligne par la Délégation Générale aux Élections (DGE).
- une vérification contradictoire du logiciel de compilation qui échappe à tout contrôle et que les différentes missions électorales d’observation n’ont pu véritablement auditer malgré les engagements pris lors de la rencontre avec le Premier ministre, le 28 juillet dernier.
- La publication du rapport de la CENI sur le 1er tour.
- La publication de la situation réelle du vote par procuration.
Solennellement et dans un esprit de responsabilité, nous en appelons donc à la mobilisation et au rassemblement du peuple malien pour faire échec à ce qui se trame : un coup d’état électoral. Le Mali mérite mieux que cette comédie électorale sur fond de fraude à huis clos. Les Maliennes et les Maliens ont droit à la vérité des chiffres.
Nous en appelons aussi à la communauté internationale pour qu’elle prenne ses responsabilités et qu’elle n’attende pas la fin du processus électoral pour dénoncer les graves dysfonctionnements qui entachent cette élection présidentielle.
Si ces conditions ne sont pas remplies et si chacun ne prend pas toutes ses responsabilités, nous en tirerons toutes les conséquences. Le pouvoir sortant en portera l’entière responsabilité.
Nous en appelions enfin à la mobilisation de toutes les Maliennes et de tous les Maliens de bonne foi, soucieux de l’avenir du pays et du respect de la démocratie.
Le camp du changement, le camp du Mali est majoritaire. Il ne se laissera pas voler sa victoire.
Le collectif des candidats à l’élection présidentielle exige la démission du Ministre de l’Administration Territoriale et de la Décentralisation, principal responsable du hold-up électoral.
Il invite les populations de Bamako et Kati à participer massivement au grand meeting de dénonciation de la fraude et de défense de la démocratie, le mardi 7 août 2018 à partir de 16 heures au Palais de la Culture de Bamako.
Vive l’alternance et le changement,
Vive la République,
Vive la démocratie,
Vive le Mali.
Source: L’Indicateur du Renouveau