Dans un Mali en quête de moralisation de la gestion publique, le dernier rapport du Vérificateur Général place à nouveau l’ancien Premier ministre Choguel Kokalla Maïga sous le feu des projecteurs. Les accusations portées contre lui au sujet de détournements de fonds publics, notamment dans le cadre de sa gestion de l’AGEFAU (Agence de Gestion du Fonds d’Accès Universel), posent des questions cruciales sur la responsabilité et la transparence des hauts responsables de l’État.
Bamada.net-Selon le rapport, des paiements douteux, présentés comme des frais de mission, auraient été irrégulièrement perçus par l’ancien chef du gouvernement. Ces révélations s’inscrivent dans un contexte où la justice semble déterminée à en finir avec l’impunité, comme en témoignent les nombreuses déclarations du chef de l’État appelant à une gouvernance vertueuse.
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Cependant, cette affaire ne serait pas une première pour Choguel Maïga. Rappelons que son passage à la tête de l’AMRTP (Autorité Malienne de Régulation des Télécommunications/TIC et des Postes) avait déjà été entaché par des accusations similaires. Me Kassoum Tapo, avocat respecté et ancien ministre de la Justice, avait déclaré avec force que Choguel était impliqué dans un dossier de détournement de plusieurs centaines de millions de francs CFA, actuellement toujours en instruction. Ces antécédents, combinés aux nouvelles allégations, renforcent le climat de suspicion autour de l’ancien Premier ministre.
Face à ces accusations, Choguel Kokalla Maïga persiste à clamer son innocence. Lors d’une récente réunion privée, il a dénoncé ce qu’il qualifie de « campagne de diffamation » à son encontre et affirmé n’avoir « jamais détourné un franc des deniers publics ». Se disant prêt à laisser la justice suivre son cours, il appelle à ce que la présomption d’innocence soit respectée. Pourtant, ses critiques répétées envers les autorités actuelles, souvent exprimées sur les réseaux sociaux, donnent l’impression d’un homme davantage préoccupé par son image que par un apaisement des tensions.
Cette affaire soulève des enjeux plus larges pour le Mali. La Transition, initiée en septembre 2020, avait promis une rupture avec les pratiques d’un passé souvent marqué par la corruption et les abus de pouvoir. Le traitement de ce dossier sera, à bien des égards, un test de crédibilité pour les institutions judiciaires et pour la capacité de l’État à tenir ses promesses de gouvernance exemplaire.
Alors que le pays aspire à consolider l’État de droit, il est impératif que la lumière soit faite sur cette affaire. Qu’il soit innocent ou coupable, Choguel Maïga devra répondre devant la justice. Ce qui est en jeu dépasse la personne de l’ancien Premier ministre : c’est la confiance des Maliens dans leurs institutions et dans la capacité de leur État à mettre un terme à l’impunité qui est en question.
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Dans ce contexte, une chose est claire : la vérité et la justice doivent prévaloir. Et si la justice confirme les accusations, cela marquera un pas de plus vers une véritable gouvernance vertueuse au Mali. Mais si, au contraire, l’ancien Premier ministre est blanchi, il reviendra alors à ses accusateurs de répondre de leurs actes devant l’opinion publique et les autorités compétentes.
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Fatoumata Bintou Y
Source: Bamada.net