Il se dit sous certaines latitudes que : “Qui a bon voisin a bon matin, ou qui a un bon voisin vit en repos et sans inquiétude”. Chaque réalité ayant son revers, il se conçoit tout aussi bien que “lorsque vous faites chambre commune avec un turbulent, vous ne pouvez espérer trouver la quiétude tant qu’il n’est pas couché”. La sagesse populaire qui tire ainsi les enseignements de circonstances critiques, suggère des voies de sortie de situations qui prennent quelques fois des allures d’impasse. Le souci dominant en est l’appel à la raison de l’un des protagonistes dans une situation conflictuelle.

Il en va de même des préceptes de l’islam lorsqu’ils traitent des relations entre individus dans leur vie quotidienne. Les circonstances qui amènent les êtres humains en contact variant constamment, les oulémas dans leurs rappels sur ces thèmes, soulignent la nécessité des égards dus au prochain que l’on a facilement tendance à déconsidérer. Ils s’appuient ainsi sur certains principes fondamentaux de l’islam prônant la paix entre humains et appelant au vivre-ensemble en bonne intelligence. « Traitez bien les parents voisins et les voisins qui n’ont pas de lien de parenté avec vous » (4:36) mentionnent-ils à cet effet. Et si un fidèle de peu de condition, par les hasards de la vie voisine avec quelque personnage envahissant, les préceptes commandent qu’il fasse à son égard preuve de patience, en endurant ses abus. Les exégètes relatent à ce propos l’histoire d’un homme qui s’était plaint un jour au Prophète (PSL) des multiples tracas que lui causait son voisin. « Supporte-le », lui avait conseillé le Messager. Mais l’homme reviendra à diverses reprises avec des griefs chaque fois plus lourds. « Sortez vos effets dans la rue », lui commandera alors le Messager. L’homme s’exécuta. Chaque passant qui le voyait occupé à empiler ses effets dans la rue ne pouvait s’empêcher de lui en demander les raisons. L’homme répétait à chacun d’eux : « mon voisin m’a beaucoup nui ». Avant de poursuivre leur chemin, ils maudissaient celui qui poussait ainsi un fidèle dans ses derniers retranchements. Son voisin, mesurant l’étendue de son inconséquence, vint le trouver rapidement, lui demandant de remiser ses effets en faisant le serment de ne plus lui causer de pareils torts. Dans les récits d’eschatologie, les exégètes rapportent ainsi « qu’au jour de la résurrection, certaines catégories d’individus seront répertoriés comme ne pouvant être purifiés et qui recevront l’ordre de se ranger du côté des damnés, à moins qu’ils ne mettent un terme à leurs méfaits ici bas ». Dans cette catégorie, il est cité entre autres, celui qui nuit à son voisin, à tel point qu’il est maudit des autres musulmans. En évoquant diverses références, les exégètes soulignent ainsi le souci de l’islam de préserver la cohabitation dans les meilleurs termes entre croyants, rappelant que « les droits mutuels des voisins les uns envers les autres sont aussi sacrés que les obligations envers la mère ». Les recommandations en la matière vont au-delà des relations entre coreligionnaires seuls. « Le Tout-Puissant ne vous interdit pas d’être bienfaisants et équitables envers ceux qui respectent votre religion et ne vous chassent pas de vos foyers. Le Seigneur aime ceux qui sont équitables ». (60:8). A. K. CISSé

Source : L’Essor