À la Grande Mosquée de Paris pour la rupture du jeûne, le patron des Républicains a fustigé les socialistes et le Crif, et défendu le CFCM qu’il a créé.
L’aréopage est arrivé à la Grande Mosquée de Paris (GMP) trente minutes avant l’heure de la rupture du jeûne du ramadan. Très à l’aise, Nicolas Sarkozy a joué les guides pour ses proches, les députés Henri Guaino, Gérald Darmanin et l’ancien préfet de police Michel Gaudin. Frédéric Péchenard, ex-patron de la police et désormais secrétaire général des Républicains, se charge pour sa part de répondre aux appels de Carla Bruni, tandis que les plats arrivent. Au menu : pas de couscous. L’ancien président de la République surveille sa ligne. Une double ration de hors-d’oeuvre compensera donc les maigres haricots verts du plat de résistance. L’ex-président reprendra également du dessert…
« On ne peut pas accepter qu’on coupe la tête d’un Français en France »
Mais Nicolas Sarkozy ne s’est pas invité chez Dalil Boubakeur, le recteur de la Grande Mosquée de Paris, juste pour profiter de sa table. Par sa présence, il entend surtout apaiser ses relations, tendues depuis quelques mois, avec les représentants de la communauté musulmane. « Au sujet de l’islam, ses positions sont très souvent caricaturées », estime Gérald Darmanin. Le préambule de son discours à la Grande Mosquée est pourtant féroce : « On ne peut pas accepter qu’on coupe la tête d’un Français en France. Réagissez ! » a attaqué Nicolas Sarkozy, avant de jouer la carte républicaine. Devant les membres du CFCM (Conseil français du culte musulman), l’ex-président de la République a évoqué le Crif (Conseil représentatif des institutions juives de France), une instance qu’il juge communautariste et à laquelle il préfère le Consistoire, « le seul interlocuteur de l’État pour les questions religieuses », a-t-il insisté, fixant du regard la présidente de la Fondation France-Israël présente, Nicole Guedj. Nicolas Sarkozy avait pourtant accepté d’intervenir devant le Crif, il y a quelques semaines, dans un grand hôtel parisien. Mais ses proches n’y voient aucune contradiction : « Il a toujours tenu ce discours, l’État laïc ne doit se préoccuper que du culte, et pas d’organiser des communautés. Il n’y a que des citoyens français », explique Darmanin.
Les musulmans, grands déçus du pouvoir socialiste
À la grande table de la cantine, les représentants du culte musulman, CFCM en tête, « buvaient du petit lait », selon les témoins… Le président des Républicains n’a également pas épargné Bernard Cazeneuve, invité à la Grande Mosquée une semaine plus tôt. Ni Manuel Valls. En tentant d’installer une instance qui représenterait toutes les tendances de la communauté musulmane, ces derniers « feraient le lit du communautarisme », a asséné Sarkozy, pour qui les seuls représentants du culte sont les élus du CFCM. « Les musulmans ont voté François Hollande à 90 % et ils se retrouvent avec le mariage homosexuel ! Moi, je ne propose rien aux musulmans en 2017, je parle à tous les Français », a-t-il poursuivi, sans toutefois réitérer ses propositions polémiques sur les repas à la cantine ou l’interdiction du voile à l’université.
L’ex-président de la République vient de signer avec Éric Zemmour et Alain Finkielkraut la pétition « Touche pas à mon église », contre la transformation d’églises abandonnées en lieux de culte musulman. Un sujet qui n’a pas été abordé au cours de ce dîner de ramadan, mais une proposition justement formulée à l’origine par son hôte, Dalil Boubakeur…
Source: lepoint.fr