Dr Diarra Martin est endocrinologue et officie au cabinet Saint Martin à Kati. Dans cet important entretien qu’il a bien voulu nous accorder à notre demande, il nous édifie sur le diabète qui est à l’origine de nombreuses autres maladies : cardio-vasculaires, cérébrales, la cécité, l’insuffisance rénale ou celles nécessitant l’amputation des membres inférieurs. Le spécialiste donne des détails sur les différents symptômes de cette maladie pernicieuse et des conseils pour un traitement efficace.
Bonjour Dr. Diarra ! Quand on vous demande ce que c’est que le diabète, que
diriez-vous ?
Le diabète c’est toute élévation de la glycémie supérieure ou égale à 1,26g/L à deux reprises à jeun, donc, c’est en ce moment qu’on parle de diabète.
Pouvez-vous nous citer et expliquer un peu les types de diabète ?
Grosso modo pour la compréhension du public, il y a deux types de diabète : il y a le diabète sucré type I et le diabète sucré type II.
Le type I, c’est ce qui concerne surtout le diabète chez les enfants et l’adulte jeune et le diabète type II concerne l’adulte à partir de 40 ans.
Parlez-nous du traitement de cette maladie ?
Par rapport au traitement, cela dépend du type. Pour le type I, c’est un diabète lié uniquement au manque d’insuline. En effet, la destruction des cellules pancréatiques au niveau du pancréas entraine ce qu’on appelle une carence en insuline. Donc pour traiter le type I, concernant généralement les enfants ou les jeunes de 30 -35 ans, il faut apporter l’insuline au patient. On lui conseille en outre des régimes alimentaires en lui interdisant par exemple certains types d’aliments, notamment les sucres rapides, les boissons, les jus sucrés, les gâteaux sucrés. On lui interdit également l’association des féculents à ne pas mélanger au cours d’un même repas.
A ces enfants diabétiques type I, on propose souvent des goûters, mais en fonction du niveau d’instruction ou de compréhension des parents qui sont en mesure de suivre leurs enfants, parce que les enfants, c’est un cas assez spécifique et c’est très difficile parfois.
Pour le type II, il faut toujours être sûr qu’il existe chez la personne, parce que on a parfois des diabètes qui sont cortico-induit, c’est-à-dire des diabètes qui sont liés soit à la prise de certains médicaments, notamment les corticoïdes ou bien soit ce sont des diabètes qui sont en rapport avec la grossesse qu’on appelle le diabète gestationnel. Je ne vais pas parler de cela, parce que c’est assez complexe.
Le diabète type II doit être confirmé chez un diabétique qui a 40 ans et plus, souvent même moins de 40 ans à cause des facteurs comme l’obésité, la suralimentation, la sédentarité et l’hérédité. Ce sont les causes de ce diabète type II. Alors, le traitement est surtout basé sur la perte de poids, surtout si la personne est obèse ou si la personne est en surpoids, il faut perdre du poids. Ensuite, il faut que la personne essaie de suivre au mieux son régime alimentaire en ce sens qu’il y a des aliments qu’elle ne peut pas du tout consommer et des aliments qu’elle doit mesurer, c’est-à-dire qu’elle ne doit pas manger à satiété.
Il y a des aliments qu’elle peut prendre à volonté, mais surtout ce qui est très important dans le régime diabétique chez les diabétiques de type II, c’est de respecter les heures de repas : à 8h 30, le petit déjeuner ; à 12 h 30, le déjeuner et à 20h 30 au plus tard, le diner. Ces heures de repas, si vous les respectez, il n’y aura aucun problème par rapport à la prise en charge de votre diabète de type II.
Autre chose : le régime passe également par la mesure, c’est-à-dire il y a un bol alimentaire qu’on vous propose par rapport aux aliments à consommer avec modération, notamment les féculents puisqu’on ne peut pas les associer, on ne peut pas aussi les manger à satiété, donc, il ya un bol qu’on propose pour que les personnes diabétiques soient en mesure de mesurer la quantité du repas qui est déjà prête à être consommée. Et aussi pour que ces personnes-là apprennent à comprendre quand est ce qu’elles peuvent mélanger certains types d’aliments ou pas.
Il y a souvent des sensations de faim qui arrivent chez les personnes diabétiques. Souvent on leur propose les aliments qu’elles peuvent consommer à volonté, notamment les légumes comme les salades, concombres, haricots verts, poivrons, tomates, oignon, des choux fleurs. Tout ce qui est légume est proposé à consommer à volonté.
Pour les repas principaux, c’est-à-dire le petit déjeuner, le déjeuner et le diner, puisque les féculents sont à la base généralement de notre alimentation, ici au Mali, on ne peut pas les prendre à satiété. La satiété doit être recherchée dans les légumes. C’est avec les légumes que la personne peut se remplir le ventre et l’accompagner éventuellement d’un féculent, puis prendre un fruit. Car il est conseillé au diabétique de prendre au moins un fruit frais, juste à la fin de chaque repas principal comme dessert.
Que pensez-vous de la consommation par les diabétiques du riz blanc ou étuvé?
Je conseille le riz normal qui n’est pas étuvé. C’est ce qui est recommandé chez les diabétiques. Moi, à mon niveau, je me suis surtout focalisé sur cela et je me bats pour que les gens comprennent que le riz étuvé ce n’est pas un riz que normalement un diabétique doit consommer. Pourquoi ?
D’abord, parce que son indexe glucidique est très élevé. Ensuite, parce que c’est du riz qui est trop sec, il n’y a pratiquement pas d’eau dedans, ce qui fait augmenter son indexe glucidique. Or, le riz normal est un riz blanc simple qui est déjà prêt pour la cuisson et ne prend pas du temps. Si vous mettez dans le riz normal la même quantité d’eau pour préparer le riz étuvé, c’est de la bouillie que vous obtenez. Je préfère chaque fois que vous voulez prendre du riz que ça soit du riz simple. Pour exemple, si je prends un bol d’eau et que je mets 50 francs de sucre dedans puis je prends un seau d’eau et mettre la même quantité de sucre, vous verrez que l’eau du bol est plus sucré que celui du seau. Cela suppose que moins il y a de l’eau dans un aliment, plus la teneur en sucre augmente.
Un autre, quand je compare le raisin frais au raisin sec, celui qui est sec est plus sucré que le frais tout simplement, parce qu’il y a moins d’eau dans le raisin sec et plus d’eau dans le raisin frais. En conclusion, le riz étuvé, c’est du riz qui contient moins d’eau, c’est l’eau qui s’évapore, mais le sucre reste, on doit comprendre que si le sucre s’évaporait, on n’allait pas pouvoir manger les bonbons. Le sucre que nous consommons dans le riz blanc est nettement inférieur au sucre consommé dans le riz étuvé.
Que conseilleriez-vous à la population en général et aux diabétiques en particulier ?
Au diabétique, je conseille d’accepter son diabète, de s’intégrer au régime, de suivre correctement son traitement et les conseils du médecin par rapport aux mesures hygiéno-diététiques, c’est-à-dire le sport et l’activité physique. C’est très important.
Les heures de repas, il faut les respecter. Un diabétique doit toujours être muni de son carnet dans lequel sont écrits : son traitement, un numéro d’urgence et même le numéro de contact du médecin traitant. Il s’épargnerait ainsi des dangers inutiles, des erreurs thérapeutiques. Par exemple s’il était admis aux urgences pendant qu’il est déjà en hyper glycémie et qu’on lui donnait du sérum glucosé, on risque de le mettre dans un coma. C’est pour tout cela qu’un diabétique doit toujours être muni de sa carte diabétique ou de son carnet.
Propos recueillis par Moussa Diarra