Après trois mois aux commandes, l’horizon n’est pas encore dégagé, la Transition cherche toujours ses repères pour satisfaire ses multiples promesses de baliser le chemin d’un nouveau Mali débarrassé de la corruption, du népotisme… Comme les précédents régimes, malheureusement elle semble épouser les mêmes pratiques pour gouverner pour les mêmes résultats.
Le Président Ibrahim Boubacar KEITA a été contraint à la décision dans la nuit du 18 au 19 août 2020 par des jeunes officiers. À l’époque, des milliers de manifestants occupaient les rues à Bamako et à l’intérieur du pays pour demander le départ du Président parce qu’ils avaient, pour beaucoup, soif de justice sociale. Les griefs étaient relatifs à la mauvaise gouvernance qui a encouragé la corruption, la délinquance financière, le trafic d’influence, etc. Enfin, le problème de l’insécurité était au cœur des préoccupations, nonobstant la signature de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger.
En arrachant ce 18 août le pouvoir à IBK, la junte regroupée au sein du Comité national pour le salut du peuple (CNSP) tenait un discours rassembleur, rassurant et surtout porteur d’espoir pour un nouveau Mali. Mais 3 mois, après le démarrage de ses activités, la Transition est encore très loin de réaliser ses promesses. La mission d’évaluation de 48 heures la CEDEAO dans notre pays fait presque le même constat. À ce jour, il n’y a aucune visibilité et lisibilité de la Transition sur les plans politique, économique, sanitaire, sécuritaire et social. Tout se passe dans une grande cacophonie avec souvent des notes d’amateurisme.
Au plan sécuritaire, l’armée continue d’enregistrer des pertes énormes au nord et au centre du pays. Dans certaines localités, des habitants continuent de subir les lois des terroristes à l’instar de Ansongo, Farabougou. Quant aux mesures sanitaires pour prévenir la propagation de la pandémie, elles n’existent que sur papier. En effet, si IBK a été accusé d’avoir été faible dans l’exécution des décisions de l’État, idem pour ces nouvelles autorités qui sont également incapables de faire respecter leurs décisions. À Bamako comme à l’intérieur du pays, l’interdiction des regroupements et le respect des mesures barrières sont le dernier des soucis de la population et cela, impunément.
Aussi, ils avaient promis, l’inclusivité dans le traitement de certains dossiers notamment politiques. Ce discours semble appartenir au passé. Maintenant, presque toutes les décisions au plan politique sont prises sans aucune implication des acteurs concernés. La preuve : le Conseil national de la Transition a été mis en place en marginalisant la classe politique. C’est la même approche qui a été menée pour la création de la cellule technique aux élections. Or, à l’unanimité, la classe politique souhaitait un organe unique indépendant d’organisation des élections. Encore, ce sont des nominations partisanes, sélectives des responsables à certains postes de responsabilité. Et, on se souvient encore qu’IBK a été fortement décrié pour avoir entretenu le clanisme au sommet de l’État en privilégiant sa famille et ses proches.
Et pourtant, ils avaient promis un Mali nouveau avec un nouveau départ. Au lieu de cela, la situation se détériore et l’espoir n’amenuise de jour en jour. Ainsi, ces acteurs auréolés après leur coup de force font plus d’ennemis que d’amis. C’est pourquoi, de plus en plus, une partie de la population élève la voix contre eux pour avoir trahi la cause en ne tenant pas leurs engagements.
Par Sikou BAH
Source: info-matin