Dans son allocution lors du 60e anniversaire de la création des Forces armées maliennes qu’il place sous le signe de l’engagement patriotique de tous les Maliens pour la refondation et la reconstruction d’un nouveau Mali, le Président de la Transition Bah N’DAW ne fait pas dans la litote : ‘’le cap fixé n’est pas le mien : c’est celui du Mali, le Mali auquel nous devons tous quelque chose, le Mali pour lequel nous devons tous faire un sursaut, le Mali dont la Transition exige que nous nous mobilisions tous’’. Ce cap est l’expression de la volonté des Maliens, lors du Dialogue National Inclusif (DNI) et lors des concertations nationales des 10, 11, 12 septembre 2020.
Alors que chaque jour, du drame et de l’anxiété s’ajoutent à la tragédie, des populistes échevelés électrisent les esprits, se livrent à un découpage en règle des forces internationales en soutien aux FAMa, en l’occurrence la Force Barkhane devenue persona non grata alors qu’elle a été expressément invitée lorsque la déferlante jihadiste s’abattait sur le Sud en 2012. Le cocktail explosif est alors réuni pour tout ruiner du partenariat militaire par des slogans expéditifs et des injonctions paradoxales. Les manipulations idéologiques, démagogiques et populistes d’un cercle d’hystériques qui sont allés crescendo dans leurs attaques contre la France, en multipliant les diatribes à l’accent guerrier, représentent une déviance indécente qui cache mal un agenda caché, à savoir le remplacement de la France par la Russie au Mali.
Il y a aussi cette posture scabreuse du Mouvement du 5 Juin-Rassemblement des Forces Patriotiques (M5-RFP) dont la lune de miel avec la junte a fait long feu et garde des dents acérées contre elle pour avoir dynamité son projet de gestion collégiale du pouvoir, après la démission forcée du Président Ibrahim Boubacar KEITA. Dans les discours chatoyants et le politiquement correct, toutes les couches sociopolitiques du pays sont engagées pour une transition réussie. Et elles jurent toutes la main sur le cœur. Pourtant, si l’unanimité parfaite pourrait relever d’une vue de l’esprit, un consensus pourrait néanmoins de se dégager autour des questions essentielles pour la refondation du pays. Ce qui est loin d’être le cas et l’on n’est pas loin de croire non plus que les agendas des uns et des autres participent fortement à distendre les positions. Les déballages devant la Communauté Economique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) snobée, il y a juste quelques mois, et devant le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix de l’ONU, révèlent les arrière-pensées egocentrées et les petits calculs tactiques, les arrière-cuisines peu reluisantes d’une communauté nationale notoirement incapable de s’entendre.
La Charte de la Transition, elle-même, est problématique et pourrait difficilement définir un cap, en raison des nombreuses zones d’ombres : le Gouvernement est-il par exemple responsable devant le CNT dans les conditions et suivant les procédures prévues aux articles 78 et 79 de la Constitution ?
In fine, se dégage par moment le constat que la Transition ressemble à une navigation dans la purée de pois. Là on ne parle pas de cap. Alors, retrouvons-nous et vite.
PAR BERTIN DAKOUO
Source : INFO-MATIN