La célébration de la semaine nationale de la liberté de la presse, dans notre pays, devrait être le véritable espace de débats autour de l’avenir et du devenir de notre presse nationale. Au lieu de cela, les attentions sont focalisées à ailleurs. En tout cas, le programme concocté à cet effet est tellement bien fait que les vrais sujets préoccupant les médias de notre pays sont occultés : conditions de vie et de travail précaires ; absence de convention collective, aide à la presse en voie de disparition, prolifération des organes souvent en violation des textes…
Notre pays, à l’instar de la communauté internationale, a célébré le 3 mai, consacré à la liberté de la presse dans le monde. Dans le cadre des activités de cette journée, qui vont occuper toute la semaine, la Maison de la presse a décidé de parler de la presse dans toute sa composante, en vue de faire le bilan de la profession et de permettre aux acteurs de s’autoévaluer.
Parmi les activités retenues pour cette édition, dans l’agenda de cette semaine nationale de la liberté de la presse, nous retenons des conférences-débats sur les thèmes suivants : « Rôles de la presse dans la lutte contre les extrémismes » ; « La problématique de l’accès à l’information » ; « Autorégulation des médias français : quelles solutions ? » ; « Rôles de la presse dans la lutte contre les extrémismes » ; « Liberté de la presse au Mali » ; « La violence dans les stades » ; « Femmes et médias au Mali ».
De même, il est envisagé l’organisation du vernissage de l’exposition-photos, de la journée de dépistage au diabète et à l’hypertension ; des rencontres avec les écoles de formation en journalisme et avec les médias et les consommateurs. Et, le tout sera clôturé par un diner gala au cours duquel certains doyens de la presse nationale seront distingués pour leurs efforts et engagements en faveur de l’épanouissement du secteur.
Le décor d’une semaine d’activités bien planté, sauf que les vrais sujets qui préoccupent nos hommes de média sont ailleurs. Il s’agit entre autres de la création anarchique de radios, des télévisions privées, de journaux papier et en ligne, les conditions de plus en plus difficiles d’accès à l’information, les conditions difficiles de travail des reporters qui minent le secteur.
Aujourd’hui, parler de la presse nationale, c’est de faire allusion à la création anarchique des radios qui émettent sans aucune autorisation au préalable de l’autorité de tutelle. Le ministre de l’Économie numérique, de la communication et des nouvelles technologies, au cours d’une de ses sorties, avait décrié cette prolifération de radios privées qui ne se faisait pas dans les règles édictées en la matière. Le second sujet qui avait tout son sens d’être discuté au cours de cette semaine est la libéralisation des chaines de télévision, dont on n’en a pas fait cas. En effet, en une année, notre pays se retrouve avec environ une dizaine de chaines de télévision privées qui sont en train de polluer le secteur de l’audiovisuel avec toute sorte de journalistes, des cameramen souvent venus de nulle part, etc.
Nous estimons que cette semaine était l’opportunité idoine pour les patrons de presse de se prononcer sur ces sujets d’actualité.
Quant à la presse en ligne, elle se défend également, du moins s’il s’agit de la création de nouveaux organes. Actuellement, le pays compte plus d’une dizaine de sites d’information.
La fameuse question d’aide à la presse, qui est l’appui que le gouvernement octroie aux organes de presse privée, pour sa mission d’information et de service public, a également été occultée alors que son montant connait des amputations tous les ans malgré le nombre de plus en plus élevé de parutions. Contrairement à des pays de la sous-région, le Mali fait partie des rares États qui donnent encore des miettes à la presse.
Que dire de la quasi-totalité des journalistes maliens du privé qui exercent cette profession dans les conditions les plus précaires. Et pourtant, l’État a un rôle et un devoir de protection de tous ses citoyens contre la misère et surtout l’exploitation de l’homme par l’homme.
Par Sikou BAH
Source: info-matin