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Sans Tabou: manifs nocturnes, véritable défiance à l’autorité de l’État

Le malaise social que vit actuellement notre pays est profond. Frappé par une crise multidimensionnelle depuis 2012, le Mali fait face actuellement à une véritable défiance de son autorité par des manifestants à Bamako et dans plusieurs villes du pays suite à un arrêt contesté de la Cour constitutionnelle.

 

Depuis des années le vaillant peuple du Mali ne cesse de crier son ras-le-bol face à une paralysie généralisée. La situation au Mali est marquée par une crise sécuritaire qui a fait des milliers de morts et de déplacés dans les parties Nord et Centre. En plus de ces zones, les attaques terroristes ont endeuillé plusieurs autres localités du pays. Une situation qui a provoqué une crise humanitaire sans précédente.

La crise a atteint son paroxysme avec l’arrivée du COVID-19 nécessitant des mesures sanitaires contraignantes, dont l’instauration d’un couvre qui devient de plus en plus ennuyant. Cette mesure a privé une bonne partie de la population de leurs activités génératrices de revenus. Après plus d’un mois, les populations acculées sont au bord de la rupture. La machine de la contestation et de la défiance de l’autorité de l’État est mise en marche de manière violente par des groupuscules de jeunes tant à Bamako que dans d’autres villes du pays.

Le décret controversé de la Cour constitutionnelle sur les résultats définitifs des élections législatives a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Dès lors, la capitale et plusieurs autres villes de l’intérieur ont basculé dans la violence. Le pays est actuellement entre incivisme galopant et défiance à outrance de l’autorité de l’État. Le constat est amer et la triste réalité est que les fondements de notre pays et de notre démocratie sont en danger. Cela est symptomatique d’une situation de détresse que vivent les Maliens depuis des années.

Les problèmes socio-économiques quotidiens assaillent les citoyens tandis que les solutions tardent à venir. Chaque jour, les manifestations prennent davantage de l’ampleur. Les jeunes sont déterminés à se faire entendre de la plus pire des manières. À Bamako et dans plusieurs autres villes, les forces de l’ordre font face à plusieurs fronts.

L’heure est grave ! Le ver est incontestablement dans le fruit. Il faut agir vite pour éviter le pire. Pour ce faire, le président de la République doit prendre le taureau par les cornes en s’adressant à la Nation, à travers des messages de paix. De même, des personnes-ressources doivent être mises à contribution pour échanger avec les jeunes révoltés en vue de comprendre leurs vraies préoccupations et chercher des solutions le plus vite possible.

En pareille situation, seule une bonne approche pédagogique de la part des autorités peut faire baisser les tensions. Aujourd’hui, au-delà des paroles, les autorités doivent poser des actions fortes de reprise en main de la situation.

En plus d’un appel au calme, il y a lieu pour le chef de l’État de revoir le couvre-feu qui handicape une bonne partie des acteurs de l’économie.

De même, il faudrait une mise en œuvre concrète et palpable des mesures sociales annoncées pour faire revenir les populations en de meilleurs sentiments.

PAR MODIBO KONE

INFO-MATIN

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