Les 10 commandements, cette idée lumineuse du Mouvement du 5 Juin-Rassemblement des Forces Patriotiques (M5-RFP) qui a précipité la chute du régime vacillant du Président Ibrahim Boubacar KEITA, il y a environ un an, semble désormais d’application sélective dans notre pays.
La formule ayant fait florès, la Synergie des Syndicats signataires du 15 octobre 2016 de Bamako décide de la reprendre à son compte pour obtenir l’application intégrale de l’article 39 de la Loi n°2018_007 du 16 janvier 2018 portant «statut du personnel enseignant de l’enseignement secondaire, de l’enseignement fondamental et l’éducation préscolaire et spéciale».
Concrètement, les enseignants décident d’aller à la désobéissance civile, en plus du boycott des examens de fin d’année, en excluant expressément toute forme de violence, selon le mot d’ordre de la Coordination nationale. Mais voilà, les temps ont changé. Les auteurs des 10 Commandements sont au pouvoir et ne semblent plus tolérer son application. Les enseignants de Yanfolila qui ont tenté d’empêcher la tenue des épreuves d’éducation physique l’auront appris à leur corps défendant, puisqu’ils ont eu maille à partir avec la Gendarmerie.
Le ton de l’épreuve de force était déjà donné dans la correspondance du ministre de l’Education en date du 30 juillet adressée à tous les directeurs des Académies d’enseignement : ‘’je vous invite à recenser les enseignants du public et du privé ainsi que les enseignants retraités, en vue de leur utilisation dans les différentes étapes des examens ; appuyer les Centres d’Animation Pédagogique qui le souhaitent dans l’organisation de l’examen du DEF ; mobiliser les Comités de gestion scolaires, les Associations des parents d’élèves et les Associations des jeunes des localités éloignées pour la sécurisation des centres d’examen (…)’’.
Le message est clair : « Les examens se feront avec ou sans les enseignants grévistes »
Désormais, c’est l’épreuve de force qui s’installe entre les autorités et les enseignants, alors que les deux parties se disent ouvertes au dialogue qui est plombé. Démocratie de façade ? En tout cas la Constitution du Mali consacre la liberté syndicale. Elle dispose en son article 20 : ‘’La liberté syndicale est garantie. Les syndicats exercent leurs activités sans contrainte et sans limite autres que celles prévues par la loi’’.
Manifestement, les 10 commandements sont partie intégrante des limites prévues par la loi.
En plus de l’épreuve de force regrettable, il faut souligner la dérive flagrante de bidouillage autour des examens de fin d’année qui font l’objet d’une obsession chez les autorités scolaires. Est-ce la meilleure façon de sauver une année scolaire déjà tronquée ? Ce passage en force est-il dans l’intérêt des élèves ou de l’administration scolaire qui semble plus préoccupée de son image de marque que des conditions de tenue des examens de fin d’année ?
De nombreuses questions méritent des réponses. Mais, la principale est l’application de l’article 39 de la Loi n°2018_007 du 16 janvier 2018 portant «statut du personnel enseignant de l’enseignement secondaire, de l’enseignement fondamental et l’éducation préscolaire et spéciale» d’où viennent tous les problèmes actuels. Parce qu’il est clair, du point de vue des enseignants, que l’uniformisation des grilles salariales est loin d’en être une.
PAR BERTIN DAKOUO
Source : Info-Matin