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Sans Tabou: la malédiction des grands partis

L’historien, philosophe et général grec Thucydide qui ne manquait pas de bon sens pensait que « l’histoire est un perpétuel recommencement. » Plusieurs siècles après sa mort, Karl Marx reprend le constat à son compte en précisant dans le marbre que « l’histoire se répète, tout d’abord comme une tragédie, après comme une farce. Au fil du temps, nous voguons… dans un cycle perpétuel. Dans le Mali d’aujourd’hui, nous pouvons en rire, mais la farce perd de son mordant s’il s’agit de vivre à nouveau les moments les plus sombres de notre histoire politique.

 

En remettant les aiguilles de l’histoire à l’heure de la démocratisation, notre pays est à son recommencement.

Tout a commencé par la trahison de mars 1991, pardon en politique, il n’y a pas de traîtres, il n’y a que des perdants. Les démocrates sincères et patriotes convaincus triomphaient et régentaient à leur guise la situation. Les grands partis démocratiques ont émergé de partout : ADEMA, CNID, RDA, PDP, PSP… ces édifices politiques semblaient se construire autour de personnalités fortes, indéboulonnables. Pourtant…

Malgré la signature du Pacte républicain, les partis dits démocratiques n’ont pas su préserver leur unité à l’épreuve de la gestion du pouvoir. Le RDA vole en éclats suite à la trahison de Tiéoulé Mamadou KONATE ; le PDP n’a pas su résister à ses crampes d’estomac, le premier président du PSP ressuscité jette l’éponge en disant qu’il s’était trompé de vocation.

Le parti du soleil levant a donné naissance au PARENA, BARA… Quid de l’ADEMA ? Après le séisme de septembre 1994, les abeilles se sont divisées en près de 16 factions. Lors du dernier congrès de la Ruche, on avait craint une réplique du séisme de 1994. Mais la ruche résiste comme le CNID-FYT aux bourrasques. La gestion du pouvoir, qui se décline en partage de gâteau, elle, zigzague. Le Bateau-Mali tangue, les chapelles politiques se disloquent, se reconstituent, se renouvellent… Pas tant que ça.

Des présidents fondateurs sont aux commandes depuis un quart de siècle comme chaque matin ils s’abreuvent de potion de jouvence. La démocratie dont ils gargarisent prohibe l’alternance. Les doyens comme on les appelle par euphémisme, pour ne pas dire des dinosaures, s’accrochent comme des rapaces. Mais quoi ? La politique tout comme la vie étant un éternel recommencement, seule l’acceptation de la défaite signifie la fin de tout. Aussi longtemps que l’on sait recommencer, rien n’est totalement perdu.

Nous voilà donc projetés dans la seconde génération des fractures politiques. Si l’ADEMA et le CNID semblent s’enraciner et se stabiliser dans la tourmente de cette Transition, point ne semble être le cas des partis de seconde et troisième génération issus de la Ruche. Le RPM après 11 ans de quête du Saint-Graal semble difficilement survivre à son fondateur, Ibrahim Boubacar KEITA chassé du pouvoir par les miliaires en août 2020 après des mois de contestation. En attendant de gommer leurs déchirures devant les tribunaux désormais, les tisserands s’accordent de mettre entre parenthèses toutes activités politiques pour faire le deuil du président IBK.

Quand l’URD, elle aussi semble difficilement survivre à son fondateur. Dans le viseur de tous les aventuriers politiques, le parti de l’honorable Soumaïla CISSE se déchire et se fissure entre orthodoxes et hérétiques. Un congrès aux forceps débarque la direction légitime et déballe les tapis rouges aux forces de l’argent…Réaction : des dizaines de responsables sont suspendus ou exclus pour indisciplines et travail fractionnel.

PAR SIKOU BAH

Source : Info-Matin

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